Chronique « Au fil de l’eau, »
Scénario et dessin de Juan Dias Canales,
Public conseillé : Adultes et adolescents,
Style : Tranches de vie/Polar,
Paru chez « Rue de Sèvres », le 14 septembre 2016, 108 pages, 17 euros,
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L’Histoire
Madrid, Aujourd’hui. Sur le lac d’un parc tranquille, une barque dérive. A l’intérieur, un vieil homme repose sans bouger. Il a été assassiné d’un coup sur la nuque.
Le même jour, devant un commissariat de Police, Niceto, 83 ans magouille. Il achète et revend des objets technologiques de contrebande pour boucler ses fins de mois. Bien évidemment, il est cueilli par une charmante agent de police, qui l’amène au poste. Plus embêtée qu’autre chose d’ailleurs, la jeune femme prévient le policier Alvaro, son petit fils. Heureusement qu’Alvaro, son fils et médecin légiste n’est pas au courant de ses activités…
Libéré, Niceto file au bar rejoindre sa bande de potes octogénaires pour jouer aux cartes.
Ce que j’en pense
Si vous aimez la BD, vous connaissez surement Juan Dias Canales. Ce scénariste espagnol est l’auteur de la célèbre série “Blacksad” (avec Juanjo Guarnido au dessin), et récemment du nouveau « Corto Maltese ». Deux succès populaires et critiques. Mais c’est la première fois qu’il nous offre une aventure dont il est l’auteur intégral (scénario et dessin) et c’est une très bonne nouvelle !
Juan brosse un portrait doux-amer de l’Espagne d’aujourd’hui en pleine crise économique. Là dedans, Niceto et sa bande de copains, tous octogénaires, ex-combattants contre le régime dictatorial de Franco se débattent avec des problématiques… bien plus pragmatiques et aux buts moins élevés. Pour survivre, les voilà devenus petits délinquants, qui revendent à la sauvette des produits tombés du camion. Ca pourrait être drôle, si ce n’était pas pathétique…
Mais Juan a choisi de le traiter avec ironie. Pas de pathos, mais une vraie empathie envers ces pauvres vieux que la société a oublié. C’est humain, c’est beau, tout simplement.
Entre tranches de vie, polar (il y a des morts et une enquête), Juan nous parle de la vieillesse, de la solitude, de l’indifférence et du temps qui passe. Toutes ces choses personnelles, intimes, qui nous touchent…sans être ennuyeux. Décidément, Juan Dias Canales arrive dans la cour des auteurs complets par la grande porte !
Au dessin, il nous offre un pur jus Noir & Blanc, simple, expressif, et tendre. Les gueules sont en place, le langage corporel impeccable, les cadrages parfaits. Pas d’effet de manches avec des cases destructurées ou des plans en contre-plongés. Comme pour son récit, il favorise une certaine simplicité de bon alois, qui marche parfaitement.
Pour résumer, vous voulez passer un bon moment de lecture, en vous posant quelques questions sur le sens de la vie ? Offrez-vous “Au fil de l’eau”. L’album qui révèle le talent graphique de Juan Dias Canales en plus de son talent de scénariste.
Psst, revenez nous voir demain. C’est promis, il y aura l’interview de Juan !
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », rassemblé chez Noukette, cette semaine. N’hésitez pas à parcourir la sélection, ci-dessous.