Miss Peregrine et les enfants particuliers – Tome 1, de Ramson Riggs, paru chez Bayard en 2011
Vous allez nous dire que nous sommes un peu (beaucoup) en retard, et que nous sortons un peu de notre bulle si nous ne commençons à lire Miss Peregrine et les enfants particuliers que maintenant alors qu’on en est déjà au troisième tome. Ben oui, mais que voulez-vous, il y a tellement de nouveautés trop bien qui sortent en permanence, qu’il faut bien faire un choix. Celui-ci nous ne l’avons pas lu en temps et en heure, mais nous nous sommes décidées il y a peu. On en fait quand même tout un pataquès, je (Loulou) viens de dénicher une adaptation en BD-Roman graphique dans ma médiathèque et le film sort sous peu. Tout autant de raison pour nous plonger dans cet univers aux critiques élogieuses sur internet.
Voici donc un petit article sur le tome 1 avec nos deux avis, suivra un article sur l’adaptation en bande dessinée, et bien sûr vous aurez droit au comparatif avec le film quand nous l’aurons zieuté.
Jacob Portman adore son grand-père. Ce dernier lui raconte toutes sortes d’histoires plus fantastiques les unes que les autres. Des histoires d’enfants particuliers, forts comme des bœufs, qui savent voler, sont invisibles ou encore maitrisent le feu. Mais ces enfants sont poursuivis par des monstres sanguinaires plein de tentacules. Autant d’histoires pour stimuler l’imagination du petit garçon émerveillé qu’est Jacob dans son enfance. Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans ces histoires c’est que le grand-père de Jacob dit les avoir réellement vécues étant jeune. Jacob voit donc son grand-père comme un héros ayant combattu les monstres pour sauver ces enfants si particuliers.
Mais les récits fantasques du vieil homme exaspèrent les parents de Jacob et le jeune garçon y croit de moins en moins, même si son grand-père lui montre régulièrement des photos pour prouver ses dires.
Ce que ne sait pas Jacob au début, c’est qu’Abraham Portman a vécu la Seconde Guerre mondiale dans son adolescence. Juif polonais, il est envoyé par ses parents dans un orphelinat d’une petite île du Pays de Galles pour être protégé de la guerre. C’est cet orphelinat qui, selon lui, regorge d’enfants aux pouvoirs étranges, mais est aussi menacé par les monstres. Quand Jacob grandit, et après qu’on se soit moqué plusieurs fois de lui à l’école à cause de son imagination fertile, il perd foi en son grand-père et renie toutes les histoires qui l’ont bercé étant petit.
Jusqu’au jour où Jacob reçoit un coup de téléphone paniqué de son grand-père, qui se dit poursuivi par les monstres de l’île. Jacob accoure et trouve son grand-père dans son jardin, mourant. Avant son dernier souffle, Abraham trouve la force de dire quelques mots à son petit-fils. Au travers des phrases sans queue ni tête, Jacob comprend que son grand-père souhaite qu’il aille sur l’île du Pays de Galles pour découvrir la vérité sur la jeunesse de son aïeul. Au chevet de son grand-père lorsqu’il meurt, Jacob aperçoit dans les taillis, un monstre. Exactement comme dans les histoires farfelues de son enfance.
Jacob, dans un premier temps perturbé par cet évènement, est suivi par un psychologue. Qui le poussera à aller sur l’île, pour se ressourcer, voir de ses propres yeux que les légendes de son grand-père sont fausses, pour revenir plus fort ensuite. Franklin, le père de Jacob, l’accompagnera dans son périple, au prétexte de découvrir la faune de l’île, étant spécialisé en ornithologie.
Alors que Jacob pense pouvoir se défaire de ses démons sur l’île, en trouvant l’orphelinat dévasté par une bombe de la Seconde Guerre mondiale, il va faire une incroyable découverte. Son grand-père ne lui a jamais menti, les enfants particuliers existent bel et bien… S’ensuivent des aventures inoubliables pour le jeune homme de 16 ans.
Nous ne pouvons absolument pas vous en dire plus ici, même si le cœur du roman commence là où s’arrête ce résumé, au risque de gâcher la magie de l’intrigue. Pourtant c’est bien le plus important qui vient par la suite. Nous allons donc tenter de vous donner notre avis, sans en dévoiler plus que cela. De toute façon, si vous souhaitez en savoir plus, vous serez satisfaits rapidement avec l’adaptation en film qui sort le 5 octobre et que nous nous empresserons d’aller voir pour vous la chroniquer !
L’avis de Loulou :
Je vous avoue de suite que je n’ai pas été aussi emballée que ça par ce roman, pour deux bonnes raisons :
Je l’ai lu après l’engouement qu’il y a eu dans les librairies et sur les réseaux sociaux, j’ai donc été influencée par plein de commentaires trouvés sur le net. Je n’en avais lu quasiment que des positifs, j’étais donc très enthousiaste.
J’ai décidé de le lire principalement parce que je souhaite voir le film, mais le voir en connaissance de cause, pour pouvoir comparer, or la bande annonce du film n’annonce pas la même couleur que dans le livre…
J’ai donc été déçue, dans un certain sens, par ma lecture, tout simplement parce que je n’ai pas retrouvé ce que l’on voit dans la bande annonce (ce qui veut dire que ma critique du film risque d’être acerbe, si les réalisateurs ont décidé de changer plein de choses…) et qui m’avait pourtant attiré, et déçue parce que je m’en faisais une idée beaucoup plus joyeuse selon les commentaires d’autres lecteurs.
En soi, le livre est pas mal. Le fond est très bien travaillé, tous les détails fantastiques sont vraiment bien construits, les personnages sont attachants, la trame de la Seconde Guerre mondiale est intéressante, le format du livre avec les photos est génial, mais je m’attendais tellement à autre chose que je n’arrive finalement pas à me faire un vrai avis sur ce livre… Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, loin de là, mais je ne peux pas dire que je suis sous le charme parce que je suis troublée de la différence entre ce qui se passe vraiment et ce que je pensais. Je ne l’aime pas au point de vouloir lire les tomes suivants, mais je l’ai assez aimé pour vouloir en lire l’adaptation BD et voir le film au ciné… (non, non, ce n’est pas compliqué dans ma tête…)
Bref, bref, essayons de tirer ça au clair.
J’ai beaucoup aimé le début du livre. Les doutes et les incertitudes de Jacob durant son enfance, sur les histoires de son grand-père, la rupture lorsqu’il décide de ne plus y croire, la psychologie du jeune homme totalement chamboulée quand son grand-père meurt dans des circonstances étranges et qu’il croit être pris d’hallucinations… Ce début de récit entre profondément dans la psychologie du personnage principal, c’est très intense. Le lecteur comprend dès le début que les histoires d’Abraham sont réalistes et sait que Jacob n’est pas victime d’hallucinations. C’est donc intéressant de suivre le cheminement intérieur du jeune homme pour se sortir de ces démons qui le rongent.
Ensuite, quand il se retrouve sur l’île, on est complètement surexcité à l’idée de ce qu’il va trouver. On est aussi impatient que lui, on tressaille à chaque ombre, on sursaute à chaque bruit, on marche dans les pas de Jacob lorsqu’il se rend à l’orphelinat.
L’un des éléments qui rend à ce point vivante l’histoire, ce sont bien évidemment les photos. Même si c’est un roman, ce livre est en effet truffé de photos, parfois de lettres, qui agrémentent le récit, le ponctuent, le soulignent. Cela ne gêne en rien l’imagination du lecteur (pour ceux qui aiment tout inventer eux-mêmes). Car on ne voit jamais de photos de Jacob, le personnage principal, ou des lieux, ce qui permet donc de se faire une idée par soi-même. Les photos sont des guides dans le récit et absolument pas des obstacles. D’autant plus qu’elles ne montrent quasiment que les enfants particuliers. Principalement ceux qu’a connu Abraham dans son enfance, on ne les retrouve donc pas forcément auprès de Jacob ensuite. Parfois les photos sont même floues ou les personnes y figurant restent dans l’ombre. Cela ne fait qu’ajouter au mystère et aiguise notre curiosité et notre imagination.
Quand Jacob trouve ces fameux enfants particuliers, j’étais encore bien accrochée à l’histoire. J’ai trouvé palpitants les premiers temps qu’il passe avec eux, et le côté fantastique de la cachette dans laquelle ils sont. C’est un peu après que j’ai décroché. En réalité, quand je me suis mise à le lire, je pensais que c’était un seul tome (comment ça je me suis mal renseignée ?) et quand j’ai vu que ça trainait en longueur et que l’on n’arriverait pas au bout du mystère à la fin du livre, cela m’a un peu rebutée. Cela n’a pas non plus pris la tournure à laquelle je m’attendais. Je ne sais pas pourquoi, je pensais que tout allait finir dans le meilleur des mondes, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Forcément, ça ne prend absolument pas cette tournure et ça se complique même vachement. Un peu trop à mon goût d’ailleurs.
Toute la crédibilité que je donnais au récit jusque-là, le côté fantastique que je trouvais très bien travaillé avec des motifs bien renouvellés, est un peu tombé à l’eau. Je trouve la fin un peu trop tirée par les cheveux. Même si je ne m’attendais pas à trouver le personnage de BIIIIIIIIP dans le rôle du méchant, que j’ai donc été agréablement surprise, ensuite c’est un peu trop tarabiscoté, certains évènements s’enchaînent trop vite.
J’ai lu aussi des théories qui disaient que les monstres de ce roman étaient la métaphore complète des nazis et que les enfants particuliers étaient le reflet de la persécution des juifs. Même si on ne peut pas nier un certain rapprochement à faire, d’autant plus que cela se passe pendant la Seconde Guerre mondiale, je n’aurais pas poussé le bouchon aussi loin. On ne peut occulter la ressemblance entre les deux, mais quand on se laisse porter par l’histoire, je ne vois pas où aller chercher des détails pareils. J’aurai un peu de mal à développer plus, sans spoiler complètement le roman, donc je vais devoir m’arrêter là.
Ce que je peux encore dire, c’est que par rapport à la bande annonce, que j’ai vu avant de lire le livre, il y a de gros changements. Une scène en particulier de la BA, ne se retrouve absolument pas dans le roman, je me demande donc ce qu’a bien voulu faire le réalisateur. Ou alors, c’est parce qu’il a débordé sur le tome 2 ? On verra bien lors du visionnage du film. En attendant, il y a quand même des personnages qui ne sont pas dans le roman qu’on aperçoit dans la bande annonce, et ça ne me plait déjà pas. A voir… Il y a quand même Eva Green, dans le rôle de Miss Peregrine, et rien que pour ça je veux le voir.
Je peux comprendre l’engouement qu’il y a eu pour ce roman, j’y ai trouvé également de très bons points, mais je pense être arrivée trop tard dans l’aventure, avec trop d’idées reçues dont je n’ai pas su me défaire, pour pouvoir apprécier pleinement le voyage. Ce n’est pas grave, j’attends tout de même avec une grande impatience le film, et je vais abréger ce temps en lisant l’adaptation BD.
L’avis de Coco :
Très tôt, on m’a vanté les mérites de cette saga (car oui, au contraire de Loulou je savais que je m’aventurais sur une lecture de plusieurs tomes). Une camarade de master m’avait énormément pressée de lire ce livre, arguant que c’était le meilleur roman qu’elle ait jamais lu et que tout y était excellent. Malheureusement pour elle, ce genre d’arguments et de discours ont toujours un effet négatif sur moi, et j’ai presque immédiatement abandonné l’idée de commencer la saga. Ce n’est que deux ans plus tard, lorsque je suis tombée sur la bande annonce de l’adaptation par Tim Burton que j’ai décidé de laisser une chance au premier tome des Enfants particuliers.
Il faut dire que la bande-annonce envoie du lourd. Sur une musique à vous donner des frissons, on vous présente une multitude de personnages aux capacités hors du commun, des ennemis qui semblent coriaces, et cerise sur le gâteau, on nous « offre » Eva Green, aka une super actrice, dans le rôle de la grande Miss Peregrine. C’est donc la salive aux bords des lèvres que je me suis attelée à la lecture du premier tome des Enfants particuliers.
Le début de roman est très ingénieux. On se place du point de vue de Jacob, le petit-fils à l’imagination débordante, qui a un appétit insatiable pour les histoires de son grand-père. Ces histoires ont l’air incroyables et pour nous prouver leurs véracités, le grand-père nous présente plusieurs photos. Jacob y croit dur comme fer, mais il grandit et on lui intime l’ordre de quitter le monde des contes de fée et de revenir à la réalité. De ce fait, il s’éloigne de son grand-père, qui se renferme un peu plus chaque jour et qui devient le papy cinglé de la famille.
Mais lorsque ce dernier se fait tuer par une créature que Jacob croit avoir rêvée, le garçon perd pied face à la réalité. Il est prié de suivre des séances de psy, mais ses cauchemars ne s’arrêtent pas. La seule solution qui s’offre à lui : revenir sur les pas de son grand-père pour tenter de comprendre ce qui s’est vraiment passé.
Et une fois sur la fameuse île, Jacob trouve autant de réponses que de questions qu’il va chercher à résoudre coûte que coûte.
A nous deux, je pense que vous avez désormais une bonne idée du résumé de Miss Peregrine et les enfants particuliers (le tout sans spoil, on est magnifique). J
La première partie du livre m’a énormément plu. Elle se lit très vite et la curiosité nous pousse à tourner les pages le plus rapidement possible. La frontière entre la réalité et le fantastique est très mince et à ce stade, on ne sait pas trop de quel côté la balance va pencher.
Jacob est un personnage très bien écrit d’ailleurs et on sent bien ces deux « mondes » se bousculer en lui. Cela lui donne une profondeur appréciable pour un personnage de roman jeunesse.
Mais vint le moment où Jacob découvrit les particuliers et Miss Peregrine. Je ne dirais pas qu’il y a une coupure dans le récit. L’histoire est toujours aussi bien écrite, il n’y a pas vraiment de perte de rythme, mais il m’a manqué un « je ne sais quoi » pour bien accrocher à la dernière moitié du livre. J’ai eu du mal à m’attacher aux particuliers. Peut-être parce qu’on ne sait pas grand-chose de leur histoire, qui sait. Toujours est-il que je me suis sentie moins impliquée par les événements, pourtant gravissimes de la fin de tome.
Pire, j’ai trouvé que plus on avançait dans le récit, plus Jacob devenait irritant. Son comportement face à son père au milieu du livre est assez lâche. Il n’hésite pas à lui mentir, ou à le laisser se saouler au pub pour pouvoir vivre sa petite vie tranquille avec les particuliers. Heureusement, la fin de roman laisse espérer une nette amélioration dans ce comportement.
Les méchants aussi m’ont posé un petit problème. Non pas qu’ils ne soient pas impitoyables : ils sèment quand même chaos et destruction partout où ils passent, mais j’ai trouvé toutes leurs actions très prévisibles. Loulou n’a peut-être pas vu venir le twist de fin quant à la réelle identité du méchant, mais je peux vous assurer que je l’ai vu venir bien des chapitres avant la fin. Je ne pense cependant pas que cela vient d’un quelconque problème d’écriture. Car voyez-vous j’ai un sens de déduction assez pointilleux et, Loulou pourra vous le témoigner, j’arrive toujours à deviner le coupable/meurtrier/twist avant la fin. Malheur et damnation, s’en est presque une malédiction J
Malgré tout, le livre se lit tout seul. La mise en parallèle des univers de la Seconde Guerre mondiale et de notre univers moderne est assez intéressante quoi que peu développée à mon goût. Le fantastique prend une place importante dans le récit et vous croiserez des personnages assez hauts en couleur. Bref, si vous aimez le fantastique et les histoires de pouvoir et/ou de voyages dans le temps, vous avez toutes les chances de passer une bonne lecture.
En ce qui concerne le film cependant, je dois, comme Loulou, admettre qu’encore une fois, il n’a pas grand-chose en commun avec le livre. Certaines scènes n’y sont pas du tout, et comble du comble, un des personnages principaux change carrément de pouvoir. Ma foi. Je pense donc effacer de ma mémoire toute la trame scénaristique de Miss Peregrine et les enfants particuliers pour aller voir le film fantastique, qui porte le même nom. On va donc aller voir tout ça, et revenir vous en parler très prochainement.
Restez aussi à l’affût ici même et sur notre page facebook, car il se pourrait bien qu’un petit concours lié aux enfants particuliers pointe le bout de son nez … Mais chut, on vous fait confiance pour garder le secret
Bonne lecture les loulous et les cocos !