Prof de français dans un collège de banlieue, Julien est, comme tous ses collègues, submergé par la pression du système éducatif, la détresse de parents en pleine misère sociale, et la dérive d'enfants sans avenir. Le jeune agrégé ne fonde guère d'espoir dans les vertus d'un métier qui consiste à valider ce qui existe. Issu d'une famille bourgeoise, il est en décalage avec ses élèves et une partie des professeurs.
Son intérêt pour un gamin solitaire et mutique va le replonger dans ses années d'adolescence, hantées par le souvenir d'un ancien ami, souffre-douleur de sa classe. Reddition, impuissance, désillusions, sentiment d'imposture… un tableau saisissant du monde enseignant et de ces professeurs qui errent entre espoir et découragement, lassitude et ennui. Un roman générationnel qui confronte les années SOS Racisme à l'époque actuelle, où internet a remplacé la sociabilité mais pas la cruauté des élèves.
Moi j'en dis :
Un roman, trois parcours.
Tout d'abord, celui de Julien, prof de français dans collège de banlieue.. mais c'est provisoire, il a d'autres projets, là il règle une sorte de dette à la société. Ce ne sont pas mes mots, mais les siens. On comprend rapidement que pour Julien, être prof, ce n'est pas une vocation, c'est juste un passage de sa vie. Plus d'une fois, il donne l'impression de ne pas assumer. C'est sûr, il aurait voulu être journaliste. Mais bon, en attendant, il est prof, en couple, il a une petite bande de copain, avec lesquelles ils s'amusent à publier un journal "La jouissance".
Son quotidien huilé est bousculé quand il découvre un élève, Sofiane Rachedi, dont il n'avait jusque-là pas noté l'existence. C'est dire l'intérêt qu'il porte à sa classe... Sofiane est interrogé pour une récitation devant la classe (cette torture n'a pas encore été supprimée ?).. il se révèle d'une timidité maladive.
Cette scène donne une impression de déjà vus pour Julien, qui ne va cesser de replonger dans sa propre adolescence à partir de là. Il va partir en quête de souvenirs et déterrer des cadavres. C'est le deuxième parcours de ce roman, celui de Julien, lui-même adolescent. Et je dois dire que ce parcours est loin, très loin d'être glorieux.
Pendant que Julien déblaye ses placards, il va également s'intéresser au parcours de Sofiane. Rapidement, il va découvrir que l'adolescent solitaire est en "échec scolaire" sans véritable soutiens familiale.
ET il s'arrête là.
Il ne fait que constater dans ce roman. Il ne prend aucune initiative, il ne tente rien. Il laisse faire.. d'ailleurs même quand il est secoué en classe par un "incident" il fait celui qui n'a rien entendu. Je l'ai trouvé lâche et résigné. Alors que je m'attendais à un prof. révolutionnaire et engagé. C'est dommage.
Verdict : Malgré tout c'est une autofiction (?) intéressante sur le système scolaire, ses forces, ses faiblesses et surtout ses violences.
Bonus : Il perd le sens de son propos quand il nous parle de lui au présent. Ces pérégrinations, ces doutes en tant qu'homme étaient intéressantes dans ce roman sur et autour de l'école.
Les infos :Date de parution : 01/09/2016
Editeur : Albin Michel
Nb. de pages : 268 pages
Prix : 18 €
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.Au plaisir.