J'ai donc attaqué la lecture de petit ouvrage. Les retrouvailles avec Navarre ont été sympathiques. L'ambiance change par rapport à Testament mais le style de l'auteur persiste et c'est le plus important.
L'histoire
" Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui... comme espion assassin. Avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, il ne peut être qu'un agent hors normes ! Et, voici qu'il se rend au Brésil, mis sur la trace d'une autre créature de la nuit dangereuse, qu'il doit capturer... ou éliminer. Accompagné d'un prêtre, Ignacio, et d'une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur de jugement peut se révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui. "Raphaël est le pseudo de Navarre quand il travaille pour le Vatican, en référence à l'archange. Il utilise son don pour retrouver des gens, souvent des êtres surnaturels qui se sont écartés du droit chemin, parfois des humains. Cette fois-ci, il doit mettre la main sur un ancien nazi pour le Mossad. Cette mission le mène jusqu'au Brésil où il retrouve le père Ignacio et rencontre Dana, une jeune vampire et ancienne victime de sa proie. On suit ce groupe hétéroclite en plein carnaval brésilien dans les favelas de Rio. On découvre tout au long de ces pages des personnages haut en couleur, le père Ignacio, Dana, le Cavalieu, le petit frère sangsue, ...
La lecture de ce livre s'est révélée distrayante et rapide. J'ai pris du plaisir à retrouver Navarre et à en apprendre plus sur lui. L'intrigue est bien menée même si elle n'est pas exceptionnelle.
L'intérêt du livre vient plutôt de la réécriture du mythe vampire. Jeanne-A Debats dépoussière avec brio ce mythe sans pour autant en altérer le sens. Alors qu'il s'agit de bit-lit, l'auteur a l'intelligence de ne pas transformer Navarre en un vague Edward de Twilight et je la remercie pour ça.
Arrêtons-nous sur un point, le titre. Pourquoi mettre métaphysique dans le titre ? La " métaphysique " fait référence aux réflexions philosophiques qui portent sur la recherche des causes, des premiers principes. On pourrait donc s'attendre à une explication de l'origine du vampire, ce n'est pas le cas. On a bien accès aux pensées de Navarre mais elles ne sont pas très profondes, en apparence. Navarre ne veut pas être trop pensif car c'est cela qui rend les vieux vampires fous et lui souhaite vivre très longtemps et en bonne santé.Il utilise ces termes " pour vivre heureux et immortels, vivons stupides ". Ce livre, même s'il réinvente le mythe vampire, aborde surtout le thème de la violence et du mal, du monstre. Et dans cet ouvrage, le monstre n'est pas le vampire.
" - C'est un monstre, il est totalement inhumain!
Putain, la prochaine fois qu'on me sort une connerie de ce genre, je jure que j'ouvre mon cran d'arrêt et que je donne une leçon d'humanité bien comprise à l'abruti qui l'aura proférée. Je ne me rappelle pas avoir entendu parler de monstres canins ou félin. La monstruosité, c'est une caractéristique purement humaine. Les tigres ont juste faim, eux. Mail le mal pour la mal...le mal con en plus, c'est humain, très humain. Trop humain, même, je ne sors pas de là. Je peux le prouver : c'est mon travail de traquer les monstres. J'en ai connu beaucoup, brièvement.
Ils étaient tous humains à la base. "
Pour conclure
Métaphysique du vampire n'est pas le roman de l'année mais une lecture distrayante. Le phrasé de Jeanne-A Debats et sa verve ne font pas défaut à ce livre et en sont le sel. L'ambiance dénote légèrement par rapport à Testament mais c'est toujours un plaisir à lire.
J'attends vos remarques et vos avis avec impatience. En attendant, bonne lecture !
Références : DEBATS, Jeanne-A. Métaphysique du vampire. Paris : ActuSF, 2015. 273 p. 9€