L'heure de plomb.Bruce Holbert.Editions Gallmeister.373 Pages.Résumé:Hiver 1918. L’État de Washington connaît, durant un instant, l’Apocalypse : l’un des pires blizzards de l’histoire du pays balaie tout sur son passage. Perdus dans la neige, pétrifiés par le gel, des jumeaux de quatorze ans, Luke et Matt Lawson, sont recueillis in extremis par une femme qui tente de les ranimer à la chaleur de son corps. Seul Matt reprend vie. Le lendemain, le voilà devenu un homme, trop tôt et malgré lui. Car le désastre l’a également privé de son père, le laissant à la tête du ranch familial. Labeur, amour et violence, autant de découvertes pour Matt, qui se retrouve face à la beauté sauvage de cette terre, tentant de maintenir l’équilibre fragile entre les êtres qui l’entourent. Dans une langue puissante et incarnée, L’Heure de plomb conte la plus dure leçon que l’Ouest donne aux hommes, celle de la confrontation avec les forces brutes de la nature, au fondement même du mythe américain.Mon avis:Passionnée par l'histoire des Etats-Unis d'Amérique et les romans à connotation dramatique, L'heure de plomb m'a tout de suite interpellé. Je ne connaissais pas du tout l'écrivain Bruce Holbert, bien qu'apparemment il soit l'auteur d'un autre roman un peu plus autobiographique intitulé Animaux solitaires. Je remercie les Editions Gallmeister pour m'avoir permis de découvrir sa plume qui plonge ici le lecteur dans les splendeurs de l'Ouest américain. Le roman commence en 1918 au cœur d'un des hivers les plus froids qu'ait connu l'état de Washington. En sortant de l'école, Matt et son frère Luke, ainsi que leur père parti à leur recherche, sont vite pris au piège par un très fort blizzard. Seul Matt survit. Il va devoir alors entrer dans l'âge adulte plus vite que les autres, afin de s'occuper du ranch familial et de sa mère qui a bien du mal à se remettre d'une telle tragédie. J'ai tout de suite eu beaucoup d'empathie pour ce jeune garçon qui n'a pas vraiment le temps de vivre son deuil et de s’appesantir sur son triste sort. Son courage et sa force émotionnelle forcent le respect. Sa volonté de continuer à pérenniser l'héritage de son père tout en prenant soin de sa mère est vraiment honorable. Pourtant, sous cette force se cache un jeune homme comme tous les autres, qui tombe un jour amoureux de la douce Wendy. Ce sentiment nouveau lui fait peur et il ne sait pas vraiment comment lui déclarer l'amour qu'il lui porte. Cette maladresse va malheureusement faire qu'ils vont finalement s'éloigner l'un de l'autre, et c'est donc parallèlement pendant une bonne partie du roman que l'on va suivre les vies séparées de ces deux personnages, qui ne se sont jamais vraiment oubliés. Ainsi, d'années en années ils vont chacun de leur côté faire des rencontres qui vont bouleverser leur vie. Le très large couloir de temps et la multitude de personnages secondaires m'ont parfois un peu perdu, mais leur charisme était tel qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde. J'ai aimé voir toute la diversité de ces colonies, les indiens, les fermiers qui se partagent ces contrées sauvages faites de canyons et de rivières, où la foi est très importante et où chacun fait sa loi. Il y a d'ailleurs quelques scènes violentes voir barbares qui montrent encore plus le coté primitif et rustre des gens, qui doivent se batte pour vivre dans cette nature hostile, peuplée d’animaux sauvages et de bandits mal intentionnés. Bruce Holbert a à mon sens su retranscrire avec justesse toute la beauté et le coté rudimentaire de cette partie reculée des Etats-Unis, si bien que l'on a parfois l'impression de regarder un bon vieux western. Le côté nature writing est bien présent, et nous évade le temps de quelques pages dans les merveilles d'un pays hostile mais hiératique. Pour conclure:Un roman beau à sa manière, parfois brutal, mais qui retranscrit d'une façon honnête l'ouest américain de 1918 à 1950. Bien que parfois j'étais un peu perdue par le très grand nombre de personnages et choquée par leur violence, j'ai passé tout de même un agréable moment. Je conseille ce livre à tous les amoureux des grands espaces, pour peu qu'ils aient le cœur bien accroché. Ma note: 15/20.