Mort aux vaches (Récit complet)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Mort aux vaches, »

Scénario de Aurélien Ducoudray, dessin de François Ravard,

Public conseillé : Adultes et adolescents,

Style : Comédie policière,
Paru chez Futuropolis, le 16 septembre 2016, 110 pages, 19 euros,
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L’Histoire

Une silhouette masquée pique un sprint dans un champs, encombré d’un sac de patates sur le dos. Avec un parcours en 2’27, c’est officiel, Cassidy (et oui, c’est une fille !) fait partie de l’équipe !
Dans la foulée, Ferrand présente leur nouvelle partenaire à Romuald et José, malgré la réticence de ce dernier. Pour Romuald, par contre, pas de soucis…
Quelque temps plus tard, des sirènes hurlent dans une banque. A l’aide de fumigènes, quatre braqueurs sèment la panique et s’enfuient à bord de la voiture, les poches remplies de Fluz.
A la nuit tombée, le quatuor a mis pas mal de kilomètres entre les poulets et eux. Ils arrivent dans la ferme familiale de Ferrand, la planque parfaite pour attendre que ça se tasse…
Au lieu d’un bonsoir, Ferrand se prend un coup dans la tronche, tandis que les tourtereaux s’en vont ensemble dans une chambre. José et Romuald, eux, se rappellent qu’ils se connaissent depuis de 15 ans, jour pour jour. Ca compte pour un vieux couple…

Ce que j’en pense

Vous aimez les vieux polars français des années 60 façon “Les Tontons flingueurs” ou “Un taxi pour tobrouk” ? Vous appréciez les acteurs qui ont des gueules ? Vous craquez devant une jolie pépé un peu allumeuse ? Vous rigolez à la petite mécanique d’Audiard ? Et bien, vous allez en avoir pour votre argent, mes salauds !

François Ravard (au dessin) et Aurélien Ducoudray (au scénar) nous plongent directement (sans préliminaires) dans l’ambiance de ces vieux films qu’on adore voir et revoir. Les deux complices, qui avaient déjà collaboré sur “La faute aux chinois”, jouent sur du velour avec le thème classique de “la planque qui dégénère”.

Après un petit braquo vite fait, bien fait, un quatuor de cambrioleurs se met au vert dans la ferme familiale. Rien de risqué dans la situation à priori, si ce n’est que la tension monte entre les personnalités forts en gueules, sans parler de vieux conflits bien planqués…
Bien entendu, la galerie de portraits est carrément réussie. Entre le gros musclé un peu simple, la bombasse qui cherche les emmerdes, le duo de vieux homos attachants, sans parler des seconds rôles (paysans, poulets, taureaux – euh ???), les auteurs se sont visiblement amusés !

Au delà du casting, Aurélien construit un scénario plutôt malin, avec son lot de rebondissements inattendus, mais c’est surtout dans les dialogues qu’il excelle. A la façon d’un Audiard, il construit des réparties jouissives. Évitant le piège du copié-coller passéiste, ses dialogues sont remplis de références modernes qui parlent à tout le monde.

Franchement, j’ai pris mon pied dans cette lecture. Aurélien et François y injectent toute toute la saveur des vieux polars français, un régal !

Seul bémol scénaristique, la fin m’a un peu déçue, voire même je ne l’ai pas compris. Mais bon, je vais rien dire, je vais me faire tapper…

Au dessin, François Ravard m’a carrément épaté. Sur la centaine de pages de l’album, il nous offre un dessin semi-réaliste IMPECCABLE, juste la bonne distance entre réalisme et caricature. Les personnages semblent vrais, mais ont cette petite exagération que seul le dessin permet, Superbe ! Et puis, il y a la technique. Pour nous plonger dans l’ambiance de ces vieilles comédies policières, François adopte le noir et blanc, rehaussé au fusain. Un truc de fou qui tape vraiment. Tous les modelés et les lumières sont en place sans le parasitage de la couleur. Ce travail particulier fait partie totalement de l’ambiance polar à l’ancienne que l’album n’aurait certainement eu sans. Chapeau, l’artiste !