Jeudi dernier se tenait une conférence de Comic Con Paris présentant de nouveaux invités pour l'événement qui se déroulera dans la capitale française du 21 au 23 octobre. Si l'affiche complète confirme notre bon sentiment, il y a tout de même des annonces qui font grincer les dents.
Lors de mon précédent article concernant la convention, j'ai appuyé le fait que l'édition de l'année dernière a eu une réception en demi-teinte, surtout de la part des fans de comics premiers visés par le terme "Comic Con". Et, clairement, Reedpop a su écouter ses critiques et de mieux s'entourer des acteurs des comics en France afin de nous offrir une belle affiche.
Ainsi à ceux cité précédemment viennent d'ajouter les invités des éditeurs. David Lopez, l'excellent dessinateur de Captain Marvel et All-New Wolverine, est ainsi invité par Panini Comics. Le festival a ainsi confirmé la présence de Marco Checchetto.
Delcourt, absent de la Paris Comics Expo, sera présent ici. Rien de bien étonnant finalement, puisque l'éditeur a des auteurs de son catalogue parmi les invités de la convention (Erik Larsen, Terry Moore et Tony Moore). Ses invités seront des auteurs de french comics : Davy Mourier (et très apprécié des geeks), Bruno Bessadi ( BadAss) et Colin Wilson ( Wonderball).
En plus des auteurs de The Wicked + The Divine, Glénat Comics invite Alberto Jimenez Alburquerque le dessinateur de Letter 44.
Bliss Comics sera présent également avec le talentueux Trevor Hairsine ( Divinity, X-Men: Deadly Genesis...).
Enfin, l'éditeur numérique Comixology sera présent avec un paquet d'invités : Joe Benitez ( Lady Mechanika), Brenden Fletcher et Babs Tarr deux des auteurs qui ont revampé Batgirl, et Jeff Smith, l'auteur de Bone.
L'affiche est donc agrémentée de beaux invités même si elle reste plus confidentielle que celle de la PCE et il n'y a pas d'invités aussi glorieux que Frank Miller, invité de l'édition de l'année dernière. Mais n'importe quel fan de comics actuels devraient trouver son compte. Malheureusement, le prix de l'entrée reste onéreuse.
C'est un point que j'avais oublié de souligner la dernière fois, le prix à la journée est de 22€99 - contre 15€ en moyenne pour son concurrent. Mais, il y a deux semaines, lorsque j'ai écrit mon article, j'avais précisé que Comic Con Paris n'avait certainement pas dévoiler toutes les activités durant ces trois jours. Hormis les panels, c'est chose faite. Il y aura le second plus gros cousin péteur au monde, à l'effigie de Adventure Time. J'espère qu'il ne sera pas au milieu de la Grande Halle de la Villette. Il y aura aussi la diffusion en avant-première de Black Snake, le premier film français de super-héros, avec Thomas N'Gijol qui se présente comme le premier super-héros africain (*sic*). L'acteur sera présent pour la projection le samedi 22. Même si j'émet un doute certain sur le film (aucune image ni information n'ont circulé dessus), voir un film en avant-première peut justifier le prix élevé d'une place. De même pour l'avant-première de Doctor Strange, le dimanche, soit 3 jours avant la sortie du film en salle. Pour un euro de plus qu'une simple avant-première, vous pourrez donc assister à la convention et voir le film.
Malheureusement, avec un concours de cosplay, c'est tout ce que propose la convention en lien avec les comics. Des panels seront tenus avec un sur Valerian, BD européenne en vue de l'adaptation en film par Luc Besson, un autre sur les jeux vidéo avec une partie de l'équipe de Dontnod, etc.
Du coup, il y aura des boutiques vendant des tonnes de Funko Pop!, il y aura certains éditeurs de comics qui vendront leurs publications. Et, là, nous commençons à voir les limites du festival. D'abord par ses absences comme Akileos, Ankama, Delirium et, surtout, Urban Comics. On pourra se plaindre de l'absence de comicshops experts dans le domaine, même pas un stand Album Comics, par exemple.
Mais, ce qui est le plus embêtant dans tout cela, est l'absence d'une Artist Alley. Xavier Fournier de Comic Box révèle les dessous de cette absence dans un article complet (avec un peu de mauvaise foi mais qui souligne bien divers problèmes). Le directeur de Reedpop France s'étonne que Comicverse, association qui a organisé l'Artist Alley l'année dernière, n'est pas revenue lui en proposer une cette année. Peut-être que la démarche aurait dû être inversée et de faire un partenariat avec une association d'artistes comme celle faite avec Melty qui invite des YouTubeurs pas vraiment calés côté comics. Et, là, encore, cela pointe un autre problème, le choix de partenaires basé sur la notoriété plutôt que l'efficacité. Melty est un site sur la pop-culture touche à tout mais qui manque de professionnalisme remarquable avec des fautes de français dans leurs news (plus que nous, simple site amateur) et le média n'a aucune crédibilité chez le public visé par les conventions. Si le partenaire principal était plutôt Le Journal du Geek ou Comicsblog, cela aurait eu plus de légitimité.
Mais, je reviens sur l'Artist Alley qui pour moi est LE problème de la convention à venir. L'année dernière, après notre article présentant nos retours sur Comic Con Paris, les artistes présents sur l'Artist Alley n'ont pas trop apprécié cette présentation de l'exposition. A juste titre, apparemment, l'Artist Alley faisait partie des bonnes choses présentes sur l'édition 2015. Et, entendre ou lire les artistes soutenir Comic Con Paris faisait plaisir. Ils y ont passé un bon moment et c'est important. Malheureusement, le prix de la table de cette année est hors de prix pour les dessinateurs habitués aux conventions, passant de 120€ à 360€. Si Pierre Yves Binctin, directeur de Comic Con Paris, défend ce tarif en la comparant à celle de la Comic Con de New-York, il se trompe royalement en augmentant ce prix.
Tout d'abord, un événement comme la NYCC attire plus de monde que celle de Paris. Les grands éditeurs - surtout Marvel dont les locaux sont à Manhattan, invitent un paquet d'auteurs. Certains ne sont présents que lors de cet événement. Ainsi viennent graviter autour d'autres éditeurs voulant attirer de nouveaux lecteurs et des auteurs voulant montrer leur travail aux amateurs mais aussi aux professionnels. C'est ainsi que Joe Quesada et Brian Michael Bendis ont pu rencontrer divers personnalités de l'industrie et y trouver des contrats de plus en plus importants. En plus, les visiteurs américains ont plus tendance à payer pour des commissions à des tarifs plus élevés que ceux vus à la Paris Comics Expo par exemple. Les artistes présents à la NYCC vont donc investir en un maximum de goodies et d'artbooks afin de rentabiliser un maximum leur place et se faire voir par les professionnels et les fans.
En France, il n'y a pas d'éditeur américain présent; La plus part des artistes qui remplissent l'Artist Alley font ça sur leur temps libre ou vivent dans des conditions précaires. Et ce n'est pas le fait de venir à Comic Con Paris qui leur permettra de trouver un contrat après. S'ils viennent c'est pour le plaisir de rencontrer de nouvelles personnes, de dessiner devant des inconnus et d'échanger. Mais à 360€ la place, le plaisir n'est pas un investissement viable.
Cela aurait mérité un Grumpy Post, mais je n'avais pas envie de vous saturer d'articles sur Comic Con Paris. Si vous comptez y aller - parce que la liste d'invités donne vraiment envie, il est aussi important d'avoir toutes les informations. Malgré la volonté de se réconcilier avec le public fan de comics, Comic Con Paris semble commettre encore des erreurs. Il est encore possible pour eux de se rattraper et il est aussi possible que l'événement s'avère sympathique au final. Mais, l'absence d'Artist Alley sera un gros manque, c'est certain.