Jeu d’ombres (T1) Gazi !

Chronique « Jeu d’ombres, »

Scénario de Loulou Dedola, dessin de Merwan,

Public conseillé : Adultes et adolescents,

Style : Polar social,
Paru chez Glénat, le 21 septembre 2016, 64 pages, 15 euros,
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L’Histoire

Quelque part dans la banlieue lyonnaise. Viviane, belle jeune femme revient dans son quartier d’origine. Elle vient annoncer à sa mère qu’elle a raté ses examens pour le 2e fois. N’ayant plus de bourse, elle n’a plus qu’une option : trouver un boulot.
Pour son ami Gengiz, fils d’immigré turc, c’est tout le contraire. Il fête sa licence en boite de nuit mais ne profite pas entièrement, préoccupé par son frère, Sayar, ex-caid de la cité, emprisonné en Turquie.
Sur le retour en voiture, ils “tombent” sur Amine, un “frère” blessé, qui a les flics aux basques. Pour lui sauver la mise, ils le mettent dans le coffre et repartent illico…

Ce que j’en pense

Merwan, le dessinateur de “L’empire” (avec Bastien Vives), “Le bel âge” et “L’or et le sang” collabore avec Loulou Dedola, auteur- interprète et romancier (409 African Mafia) pour nous offrir une nouvelle série de police-réalité.
Dans la veine de la série “The Wire” de David Simon, le jeune duo d’auteurs nous font vivre une plongée dans le monde des fils d’immigrés turcs en région lyonnaise. Avec Cengiz, un étudiant brillant, militant laïc inspiré par “Atatürk”, Viviane, son amour, ses potes plus ou moins recommandables et son frère Sayar, petite crapule, ils nous proposent une galerie de portraits variée et subtil.
La limite de l’exercice est de caler sur ce quotidien un véritable enjeu dramatique. Dedola réussit le pari avec des personnages aux ambitions sociales parfaitement opposées, qui vont fort logiquement s’affronter. Il ne manque que le conflit de base flics versus immigrés pour que le terrain se transforme en arène.

Dans cette optique là, ce premier tome est parfaitement réussi. Les personnages sont denses, les situations puent le vécu.

Malgré ces qualités, j’ai été un peu perdu. La plongée directe dans l’univers est faite sans exposition/introduction des personnages. Pas facile de s’y retrouver. De plus, le vocabulaire argotique est très présent et ne m’a pas facilité pas la lecture. Enfin, ce n’est que ma sensibilité.

Au dessin, Bastien Vives fait un beau boulot. Le grand format de l’album permet d’apprécier son trait hyper-moderne et vivant. La couleur aquarellée n’y est pas étrangère et rend vibrant les ambiances.
la découpage varié, mais assez classique est très dense (jusqu’à 10 cases par planches), mais reste lisible.

Pour résumer, “Jeu d’ombre” commence plutôt bien, en jouant un policier au ton résolument moderne et hypra-réaliste.

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