La Table Ronde - Août 20169782710376569
Qu'est-ce que c'est donc l'histoire, hein ?
Nord de la Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Fille unique et mal dans sa peau, elle n'a que Connie, son amie d'enfance. Lorsqu'une dispute les sépare au début de l'été, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté, les tenues débraillées et l'atmosphère d'abandon qui les entoure la fascinent. Elle tombe sous la coupe de Suzanne, l'aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d'une secte et de son leader charismatique, Russell. Caché dans les collines, leur ranch est aussi étrange que délabré, mais, aux yeux de l'adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s'y faire accepter. Tandis qu'elle passe de moins en moins de temps chez sa mère et que son obsession pour Suzanne va grandissant, Evie ne s'aperçoit pas qu'elle s'approche inéluctablement d'une violence impensable. Dense et rythmé, le premier roman d'Emma Cline est saisissant de perspicacité psychologique. Raconté par une Evie adulte mais toujours cabossée, il est un portrait remarquable des filles comme des femmes qu'elles deviennent.
Et Titine alors, elle en dit quoi ?
Toujours pendant cette rentrée littéraire, il semble que certains sujets trouvent une résonance particulière chez les auteurs, qu'un fil relit certaines œuvres et que l'on retrouve donc le même sujet, la même thématique, mais différemment traitée. Ici, c'est l'affaire Manson qui a librement inspiré Emma Cline, comme elle a aussi inspiré Simon Liberati pour California Girls (que je ne devrais pas tarder à lire d'ailleurs). La famille Manson, secte composée presque exclusivement de jeunes filles et dirigée par le très célèbre Charles Manson, a sauvagement assassiné plusieurs personnes, dont Sharon Tate, la femme du réalisateur Roman Polanski, en 1969. Emma Cline ne va pas directement nous raconter cette sombre affaire mais va plutôt nous immerger dans "l'avant", dans l’enrôlement d'une jeune fille que rien ne prédestine réellement à participer à un événement comme celui-ci.
Evie Boyd, adolescente de 14 ans mal dans sa peau qui vit plutôt difficilement le divorce de ces parents et la venue du nouveau copain de sa mère, rencontre tout à fait par hasard Suzanne. Celle-ci l'attire instantanément par son côté libre, hippie et même carrément sauvage. Se prenant d'amitié pour la jeune fille, Suzanne la présente rapidement à Russel, charismatique leader de ce groupe de jeunes filles complètement subjuguées. A l'aube des années 70 et donc de la libération sexuelle, c'est la position des femmes qui est ici remise en question : sur fond de liberté, de vie en marge de la société, Russel va manipuler et se servir allègrement, esclavage sexuel compris, des demoiselles sous sa coupe. Mais pourtant, ce que nous raconte ici Emma Cline, c'est la profonde vénération d'Evie pour Suzanne, l'amour presque, l'envie de plaire, l'acceptation de sa propre identité à travers les yeux de quelqu'un du même sexe, qui va la conforter dans ce qu'elle est et dans ce qu'elle veut devenir.
Je ne vais pas vous mentir, l'ambiance est à la limite du malsain, nous sommes plongés dans une période chaude, humide, moite. Mais là, où il y aurait pu avoir du glauque, nous retrouvons plutôt un roman d'apprentissage, prenant, sur une adolescente grandissant dans un monde auquel elle ne s'identifie plus forcément. Face à la jeune fille se retrouve la Evie adulte, qui repense à son histoire face à Sasha, la petite amie du fils d'un ami, un parallèle évident apparaît alors : deux femmes cherchant l'approbation dans les yeux de quelqu'un d'autre (et ne la trouvant pas toujours, hélas), prouvant encore une fois que le sujet du roman est bien the girls, les filles, plutôt que la secte de Charles Manson en elle-même.
Je ne sais pas si je suis ici particulièrement claire, c'est un roman difficile à conseiller, difficile à raconter mais qui se lit avec une facilité déconcertante au vu de l'ambiance malsaine et des personnages étranges. L'écriture est ciselée, efficace et dénonce aussi bien qu'elle raconte (j'avais relevé plusieurs citations mais ne maîtrisant pas encore très bien la Kindle, j'ai malencontreusement tout effacé) la place des femmes, des jeunes filles dans la société. Pour clarifier ma chronique, je vais tout simplement vous dire que ce roman fut pour moi un coup de cœur aussi étrange qu’inattendu et que peu d'écrivains sont capables de décrire avec autant de justesse la période adolescente.
En Bref
Donc gros coup de cœur pour ce livre dont la chronique est écrite assez difficilement. A trop vouloir montrer à quel point il vous a plu, on en dit parfois trop ou pas assez et là, j'ai bien peur d'être passée à côté de l'exercice. Je ne saurais que vous conseiller de vous faire votre propre avis, de découvrir par vous-même cette génération aux rêves brisés, née de la folie d'un homme. Il s'agit ici d'un premier roman et je suis convaincue qu'Emma Cline va connaitre le succès qu'elle mérite (et j'espère qu'elle saura renouveler l'exercice !)
Nouvelle présentation, toujours signée Mary Pumpkins, pour les livres lus en e-book !
(parce qu'avouez que faire de jolies photos de livres sur une Kindle, c'est complexe...)
Qu'est-ce que c'est donc l'histoire, hein ?
Nord de la Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Fille unique et mal dans sa peau, elle n'a que Connie, son amie d'enfance. Lorsqu'une dispute les sépare au début de l'été, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté, les tenues débraillées et l'atmosphère d'abandon qui les entoure la fascinent. Elle tombe sous la coupe de Suzanne, l'aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d'une secte et de son leader charismatique, Russell. Caché dans les collines, leur ranch est aussi étrange que délabré, mais, aux yeux de l'adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s'y faire accepter. Tandis qu'elle passe de moins en moins de temps chez sa mère et que son obsession pour Suzanne va grandissant, Evie ne s'aperçoit pas qu'elle s'approche inéluctablement d'une violence impensable. Dense et rythmé, le premier roman d'Emma Cline est saisissant de perspicacité psychologique. Raconté par une Evie adulte mais toujours cabossée, il est un portrait remarquable des filles comme des femmes qu'elles deviennent.
Et Titine alors, elle en dit quoi ?
Toujours pendant cette rentrée littéraire, il semble que certains sujets trouvent une résonance particulière chez les auteurs, qu'un fil relit certaines œuvres et que l'on retrouve donc le même sujet, la même thématique, mais différemment traitée. Ici, c'est l'affaire Manson qui a librement inspiré Emma Cline, comme elle a aussi inspiré Simon Liberati pour California Girls (que je ne devrais pas tarder à lire d'ailleurs). La famille Manson, secte composée presque exclusivement de jeunes filles et dirigée par le très célèbre Charles Manson, a sauvagement assassiné plusieurs personnes, dont Sharon Tate, la femme du réalisateur Roman Polanski, en 1969. Emma Cline ne va pas directement nous raconter cette sombre affaire mais va plutôt nous immerger dans "l'avant", dans l’enrôlement d'une jeune fille que rien ne prédestine réellement à participer à un événement comme celui-ci.
Evie Boyd, adolescente de 14 ans mal dans sa peau qui vit plutôt difficilement le divorce de ces parents et la venue du nouveau copain de sa mère, rencontre tout à fait par hasard Suzanne. Celle-ci l'attire instantanément par son côté libre, hippie et même carrément sauvage. Se prenant d'amitié pour la jeune fille, Suzanne la présente rapidement à Russel, charismatique leader de ce groupe de jeunes filles complètement subjuguées. A l'aube des années 70 et donc de la libération sexuelle, c'est la position des femmes qui est ici remise en question : sur fond de liberté, de vie en marge de la société, Russel va manipuler et se servir allègrement, esclavage sexuel compris, des demoiselles sous sa coupe. Mais pourtant, ce que nous raconte ici Emma Cline, c'est la profonde vénération d'Evie pour Suzanne, l'amour presque, l'envie de plaire, l'acceptation de sa propre identité à travers les yeux de quelqu'un du même sexe, qui va la conforter dans ce qu'elle est et dans ce qu'elle veut devenir.
Je ne vais pas vous mentir, l'ambiance est à la limite du malsain, nous sommes plongés dans une période chaude, humide, moite. Mais là, où il y aurait pu avoir du glauque, nous retrouvons plutôt un roman d'apprentissage, prenant, sur une adolescente grandissant dans un monde auquel elle ne s'identifie plus forcément. Face à la jeune fille se retrouve la Evie adulte, qui repense à son histoire face à Sasha, la petite amie du fils d'un ami, un parallèle évident apparaît alors : deux femmes cherchant l'approbation dans les yeux de quelqu'un d'autre (et ne la trouvant pas toujours, hélas), prouvant encore une fois que le sujet du roman est bien the girls, les filles, plutôt que la secte de Charles Manson en elle-même.
Je ne sais pas si je suis ici particulièrement claire, c'est un roman difficile à conseiller, difficile à raconter mais qui se lit avec une facilité déconcertante au vu de l'ambiance malsaine et des personnages étranges. L'écriture est ciselée, efficace et dénonce aussi bien qu'elle raconte (j'avais relevé plusieurs citations mais ne maîtrisant pas encore très bien la Kindle, j'ai malencontreusement tout effacé) la place des femmes, des jeunes filles dans la société. Pour clarifier ma chronique, je vais tout simplement vous dire que ce roman fut pour moi un coup de cœur aussi étrange qu’inattendu et que peu d'écrivains sont capables de décrire avec autant de justesse la période adolescente.
5/5
En Bref
Donc gros coup de cœur pour ce livre dont la chronique est écrite assez difficilement. A trop vouloir montrer à quel point il vous a plu, on en dit parfois trop ou pas assez et là, j'ai bien peur d'être passée à côté de l'exercice. Je ne saurais que vous conseiller de vous faire votre propre avis, de découvrir par vous-même cette génération aux rêves brisés, née de la folie d'un homme. Il s'agit ici d'un premier roman et je suis convaincue qu'Emma Cline va connaitre le succès qu'elle mérite (et j'espère qu'elle saura renouveler l'exercice !)