Les portes du secret, tome 1 : Le poison écarlate - Maria V. Snyder

Par Marie Kacher

Les portes du secret1, Maria V. SnyderLe poison écarlate
Editeur : HarlequinCollection : DarkissNombre de pages : 532Résumé : Dans les geôles d'Ixia, Elena attend son exécution. Mais c'est un étrange marché que lui propose Valek, le chef de la sécurité d'Ixia, qui vient de l'arracher à sa geôle : elle sera exécutée le jour même, ou deviendra goûteur du Commandant Ambroise, et risquera la mort à chaque plat qu'elle goûtera. Pour être certain qu'elle ne s'enfuie pas, Valek fait avaler à Elena une dose mortelle de Poussière de Papillon. Afin de rester en vie, Elena devra chaque jour prendre l'antidote dont seul Valek connaît la formule ...
- Un petit extrait -
« - Elena, tu m'as rendu fou. Tu m'as causé des ennuis considérables et j'ai déjà envisagé à deux reprises de te tuer.Le souffle de Valek dans mon oreille envoya un frisson le long de mon dos.- Mais je t'ai dans la peau, dans le sang... Tu as envahi mon cœur.- On dirait que vous parlez d'un poison.La confession de Valek m'avait à la fois choquée et transportée.- Exactement, dit-il. Tu m'as empoisonné. »

- Mon avis sur le livre -
Après vous avoir parlé de cette trilogie dans une de mes précédentes chroniques, la présentant comme une de mes trois sagas favorites, j’ai eu l’envie soudaine de la relire une énième fois. Délaissant sans remords la pile à lire que je m’étais fixée pour cet été, j’ai donc sorti le premier tome de l’étagère et, comme toujours, j’ai dévoré cette belle brique de plus de cinq-cents pages en un peu moins d’une journée. Ne soyez pas impressionnés par le nombre de pages de ce joli pavé : il se lit très facilement et il est vraiment captivant ! Si vous aimez les personnages torturés, les complots compliqués, les amitiés sincères et les romances discrètes, n’hésitez plus : ce roman est fait pour vous !
Elana est condamnée à mort pour avoir tué le fils du général Brazell, et attend avec résignation son exécution, hantée par les souvenirs. Mais lorsqu’elle sort enfin des geôles dans lesquelles elle a passé des mois, ce n’est pas pour être conduite à l’échafaud mais dans le bureau d’un des dignitaires les plus puissants du pays : Valek, chef de la sécurité d’Ixia et conseiller du Commandant. Celui-ci lui propose un marché qu’elle ne peut refuser : il lui offre la possibilité d’échapper à la potence à condition de devenir la gouteuse attitrée du Commandant Ambroise. Ce qu’il ne précise pas, c’est que le poste s’accompagne d’une terrible épée de Damoclès : la poussière de papillon, poison dont il est le seul à détenir l’antidote, antidote qu’il devra lui donner quotidiennement … Mais cette mort sans cesse repoussée n’est pas la seule préoccupation d’Elena : entre l’animosité de la gouvernante Margg, la folie meurtrière du général Brazell et les menaces d’une maitresse magicienne du pays voisin, elle ne sait plus où donner de la tête … 
A vrai dire, il est terriblement difficile de résumer fidèlement cette intrigue : elle est bien plus complexe et plus riche qu’on ne peut s’y attendre au premier regard. Elena se retrouve au cœur de plusieurs histoires imbriquées habilement les unes dans les autres. Au premier plan, nous avons donc les manigances de Brazell, qui en plus de chercher à la tuer pour venger son fils unique semble préparer quelque chose dans l’ombre, ainsi que les menaces d’Irys, maitresse magicienne du pays voisin qui s’est infiltrée en Ixia pour lui annoncer quelque chose qui va s’avérer bien dangereux pour sa vie. Mais à côté de ces événements majeurs, il y a aussi l’amitié avec Ari et Janco, deux soldats au grand cœur qui vont la prendre sous leurs ailes, l’animosité de Margg, la gouvernante qui est prête à tout pour se débarrasser d’elle, ainsi que sa relation compliquée et instable avec Valek, tantôt froid et distant tantôt amical et prévenant, avec qui elle se dispute couramment mais qu’elle finit par apprécier … Et en filigrane de tout cela, nous avons les réminiscences de son passé, souvenirs qui nous conduisent à comprendre ce qui a conduit à la mort de Reyad et qui hantent son esprit. 
C’est l’équilibre entre tous ces éléments qui font de ce roman une vraie perle qui peut plaire à tout le monde … et qui m’a énormément plu ! Dans ce roman, nous avons un savant mélange entre le fantasy, l’aventure et la romance. La fantasy avec le cadre, médiéval à souhait, et la magie, discrète mais bien présente. L’aventure avec les complots, les dangers, les rebondissements et les mystères. La romance, enfin, qui vient s’ajouter délicatement à l’intrigue sans l’occulter. Le tout porté par des personnages hauts en couleurs, terriblement humains et attachants. Elena, notre narratrice, qui a autant de faiblesses que de forces, de qualités que de défauts. Ari et Janco, les inséparables, qui sont une bouffée d’air frais dans ce récit très sombre, symboles de l’amitié vraie et fidèle. Rand, qu’on déteste autant qu’on plaint. Margg, qu’on déteste tout simplement. Le Commandant Ambroise, un personnage vraiment intéressant avec un secret bien mystérieux. Et enfin, surtout, Valek. Typiquement le genre de personnages que j’ai toujours apprécié croiser dans un récit : énigmatique, paradoxal, mystérieux … mais bien plus sensible qu’on ne le pense ! 
Comme souvent lorsque je chronique des livres qui m’ont énormément plu, j’ai bien du mal à identifier les éléments qui ont participé à ce coup de cœur et c’est vraiment flagrant dans le cas du Poison écarlate : il y a tellement de choses qui m’ont plus dans cette histoire que je peine à les distinguer clairement. Quand j’essaye de me demander « Qu’est-ce que tu as apprécié dans ce roman ? », la réponse est invariablement la même : « Tout ». C’est le récit dans son ensemble qui me fait, avec toutes ses subtilités, toutes ses particularités. J’ai aimé les personnages principaux pour leur profondeur et leur humanité, l’intrigue pour sa complexité, la romance pour sa discrétion. J’ai apprécié la narration, simple et fluide, sans fioritures, ainsi que la richesse de l’univers créé par l’auteur. Mais, plus globalement, c’est la combinaison entre tous ces éléments, ainsi qu’un petit quelque chose en plus, un petit quelque chose indéfinissable, qui a rendu ce roman unique et exceptionnel à mes yeux. 
Une conclusion tout ce qu’il y a de plus simple : un premier tome inoubliable, un coup de cœur indéniable. L’auteur nous offre ici un récit très addictif car très épuré : pas de descriptions interminables, pas d’introspections superflues, l’accent est ici donné à l’action dans toute sa splendeur. Complots, trahisons, mystères et rebondissements rythment les pages et les chapitres, qui se lisent à une vitesse folle. Mais l’auteur semble également avoir eu à cœur d’écrire quelque chose qui se démarquera des autres romans à destination des jeunes adultes : pas de coup de foudre cliché entre les deux personnages principaux – l’évolution de leur relation se fait très progressivement et d’une façon très intéressante –, des personnages humains qui font des erreurs et qui doutent sans jamais tomber dans le pathos, un univers bien plus sombre mais par conséquent bien plus riche et plus vrai. Bref, un premier tome qui remplit parfaitement son rôle en donnant envie au lecteur d’attaquer aussitôt la suite !
Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016(plus d’explications sur cet article)