Lorsque son augmentation lui est annoncée, Monsieur Javelin ne se doute pas encore qu’elle signe sa condamnation. Prisonnier d’un univers à la logique féroce et insensée, le personnage principal de ce roman grinçant est alors voué à être la victime d’un système puissant, implacable. Son tort ? Vivre dans une Cité dénonçant le non-conformisme, avoir réfléchi et aggravé son cas par la différence. L’émancipation y est intolérable, la poésie une faute.
Publié en 1953 et tombé dans un relatif oubli, ce roman a tout du conte philosophique. L’auteur met en scène une société despotique fonctionnant autour d’une administration tentaculaire et il s’interroge sur l’identité des individus et sur la place que ceux-ci y occupent. Si les thématiques abordées dans ce roman peuvent sembler classiques, elles sont traitées avec modernité, talent et singularité. La langue est harmonieuse et rythmée, le ton ironique, le résultat angoissant.
C’est pour toutes ces raisons qu’il est fort dommage que son auteur, Jean Malaquais, soit si méconnu aujourd’hui.