Je n'ai plus lu de Pennac depuis ma primaire et ça commence à dater. Je me souviens vaguement avoir lu Cabot, Caboche et ne pas l'avoir aimé. Je ne saurais dire pourquoi maintenant mais il m'est resté cette idée que Pennac n'était pas fait pour moi.
Mes amis m'ont longuement parlé des Malaussènes mais braquée comme je peux l'être, je suis restée en retrait. Il a fallu attendre qu'on me parle de Chagrin d'école il y a plus de deux ans pour que j'envisage à nouveau de lire du Pennac. Le fait que ce ne soit pas une fiction a joué dans la balance.
Je ne regrette pas de m'être lancée dans cette lecture et peut-être vais-je redécouvrir l'œuvre de Pennac.
L'histoire
" - Un livre de plus sur l'école, alors ?
- Non, pas sur l'école ! Sur le cancre. Sur la douleur de ne pas comprendre et ses effets collatéraux sur les parents et les professeurs. "
Daniel Pennac nous parle dans ce livre de sa double expérience : celle de cancre et celle d'enseignant. Il aborde la douleur et les conséquences dues à son statut de cancre et comment cela a nourri son regard d'enseignant. Il montre avec brio toute la difficulté d'un élève qui n'arrive pas à comprendre et les réponses souvent apportées par les enseignants, cette incompréhension mutuelle.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre de cet essai. Sa manière de mettre en mot le malaise et l'impuissance du cancre est magistrale. On sent que ce passé l'a beaucoup marqué. A ses propres yeux, il restera toujours ce cancre, il doit lutter contre lui et cela malgré sa réussite.
Beaucoup de questionnements présents dans l'ouvrage sont les miens aujourd'hui. Comment agir et intéresser des élèves en décrochage ? Comment pour enseigner sans laisser des élèves sur le côté ? Comme Daniel Pennac le dit si bien, il n'y a pas de formule magique, de kit tout prêt. Ce sont des situations difficiles à gérer quand on commence dans le métier et on se sent souvent impuissant, on passe son temps à se remettre en question, à chercher l'utilité de ce qu'on fait. La question de l'utilité de ce qu'on enseigne est omniprésente. Les enseignements de l'École doivent pouvoir servir. Daniel Pennac parle des élèves marchandises, c'est toujours le cas. Maintenant on a aussi la question de l'École entreprise qui passe au-dessus de l'École citoyenne. Personnellement cela me pose des problèmes d'éthique.
Je ne suis pas tout le temps d'accord avec l'auteur même si l'ébauche de certains de ces cours font rêver l'élève que j'étais et le professeur que je suis. Par exemple, l'apprentissage d'un texte par cœur, même si je l'avais compris, aurait déclencher chez moi un blocage total. Je suis nulle pour retenir des textes et l'idée d'être interrogée à chaque heure me déclenchait des crises de stress intense.
Ce livre a l'avantage de faire réfléchir sur le cancre, qui devient une victime. Il pose les questions de savoir quoi répondre à ces élèves et comment le faire.
Pour conclure
Ce livre ne m'a pas laissée indifférente. Il fait partie des livres qui vous donne envie d'enseigner, de sauver le monde, ou en tout cas les élèves qui semblent indifférents à ce que vous pouvez leur dire. Il donne de la force et l'envie de continuer mais comme le cancre plein de bonnes intentions qui abandonnent en se retrouvant devant sa copie, l'arrivée au boulot et la confrontation avec les élèves mettent souvent à mal ma motivation.
Si je dois retenir une chose de ce livre, c'est le droit à l'ennui.
En attendant vos avis sur ce livre, bonne lecture !
Références : PENNAC, Daniel. Chagrin d'école. Paris : Gallimard, " Folio ", 2007. 298p.