C'est grâce au blog ciné que je viens de découvrir, 28 films plus tard où officie Marion avec qui nous avons échangé, que m'est venue l'idée de réitérer l'expérience de parler cinéma. Elle voulait faire un article litté ( il est LÀ), moi un article ciné. Eh ben c'est fait !
Depuis Batman vs Superman, qui a été pour ma part trois heures de souffrance, d'ennui profond et de colère noire alors que je voyais au fur et à mesure le film se perdre puis couler dans un bayou de Louisiane, j'avais complètement perdu espoir de voir un jour un bon blockbuster, un bon film d'action qui me fasse rêver , avec une direction artistique inspirée et un scénar qui tiennent la route plus de 10 min, cela va sans dire.
Parce que ce que n'a pas compris Batman vs Superman, c'est qu'on peut très bien faire un bon film compréhensible et percutant sans passer par un scénario labyrinthique abscon et une mise en scène bourrine ILLISIBLE. Voilà c'est dit.
Mad Max Fury Road : Férocité, Efficacité et Simplicité = Bijou
Moi Mad Max, je connaissais pas. Pas tellement. Tout ce que je savais, c'était que 1°) il y avait Mel Gibson dedans avant que l'alcool lui ravage son joli minois, 2°) que la franchise était culte et 3°) que son créateur/réalisateur George Miller avait souhaité faire la suite lui-même de sa saga avec ce nouvel opus. Curieuse de nature, je me suis lancée dans l'aventure.
Le scénario est pourtant d'une simplicité quasi enfantine, mais c'est bougrement efficace. Dans un univers post-apocalyptique, y a un mec, ancien flic, qui parcourt le désert avec sa bagnole et tente d'échapper à une bande de margoulins pas tranquilles qui conduisent des voitures-porc-épic cheloues. Sans vous expliquez comment ni pourquoi, Max (Tom Hardy) va se retrouver bien malgré lui embrigader avec Furiosa (Charlize Theron) dans une course poursuite pour sauver les femmes, victimes d'harcèlement sexuel pour ne pas employer un autre mot, d'un chef de clan lui non plus pas tranquille et franchement dégueu.
Dire que j'ai aimé est un euphémisme. Les enfants, j'ai retrouvé la Foi dans le cinéma hollywoodien qui fait rêver et j'ai enfin la preuve qu'il pouvait encore se trouver dans les projets à gros budget un cinéma " divertissement " bien pensé et esthétique. Pendant 2 heures, je suis restée vissée à mon fauteuil et je m'en suis pris plein la patate. Franchement, ça fait du bien.
1°) La scène d'exposition
Les premières minutes de Mad Max Fury Road pourrait faire l'objet d'un sujet de mémoire tellement la maîtrise de la scène d'exposition est juste incroyable. L'ouverture qui avec la voix grave de Tom Hardy explique en deux trois mots l'univers et qui tend à l'icônisation du héros en le présentant tourné dos à la caméra, la réalisation nerveuse, le montage lisible (dans le sens où tu comprends chaque plan), le décor désertique et le son qui te donne l'impression de vivre l'action comme si tu y étais, sont autant d'éléments qui confirment que George Miller a réfléchi deux secondes avant de se remettre au turbin.
2°) Les personnages
Là pareil, y a du high level. Déjà Furiosa. Féroce, la rage au ventre et en même temps humaine, la guerrière ne s'en laisse pas compter surtout pas face aux hommes testéronés, gentils ou méchants, qu'elle traîne dans son sillage. On ne sait pourtant rien d'elle, mais il suffit d'une phrase de dialogue ou bien d'un regard pour comprendre que le personnage est bien plus profond qu'il n'en laisse paraître. Au passage, Charlize Theron vole quasiment la vedette à Tom Hardy qui lui est légèrement plus en retrait.
Autre personnage à noter : Le grand méchant. Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne), est quant à lui charismatique et très " expressif " alors que l'acteur porte un masque lui couvrant la moitié du visage et qu'il ne doit pas dire plus de 10 lignes de texte dans tout le film. D'autre part, ses motivations sont très claires : récupérer ses gonzesses et faire bouffer la terre à ceux qui les lui ont enlevées. Net et précis. Viking's touch.
J'en profite d'ailleurs pour remercier grandement George Miller qui nous évite les motivations psychologiques à la mords-moi-le-noeud du méchant de blockbuster actuel : " Papa m'aimait pas donc je suis devenu méchant " (cf. les cadors dans 007 Spectre et Batman vs Superman). MAIS ALLEZ VOIR UN PSY BORDEL ET ARRÊTEZ DE NOUS LES PÉTER.
Enfin, le film fait la part belle aux personnages féminins de TOUT âge qui se battent comme des lionnes. Voilà rien que ça, moi je suis fan.
Alors attendez, faisons une pause deux secondes les copains. Petit jeu. Essayez de chercher un film d'action où l'on voit des femmes d'un certain âge (60 ans et +) se battent avec férocité sans que ce soit une comédie ni une parodie (on élimine d'office Hot Fuzz donc). Allez-y, fermez les yeux et cherchez.
Alors ?
Moi perso je continue de creuser.
3°) L'univers
La première chose que je me suis dite après le film : j'ai voyagé, dans un univers à couper le souffle qui a pourtant pour seul paysage un grand désert. Mais il suffit d'un plan sur une mine rocheuse ou sur une tempête de sable " électrifiante " pour poser les repères et les codes du genre de l'anticipation. Tout est dans la réalisation qui instaure une règle simple " montrer sans trop en faire ", nous laissant ainsi toute liberté pour faire jouer notre imagination, laissant libre cours à nos questionnements sur les dimensions de cet univers.
4°) Les thèmes
Ainsi, le fait que le scénario ne soit pas d'une grande originalité n'a pas d'importance, puisque ce n'est pas ce qui est dit mais la façon qu'on a de le dire qui importe. Comprendo ?
Mad Max Fury Road aborde par exemple beaucoup de thèmes : la religion, le fanatisme, l'esclavage, l'émancipation des femmes, la quête du Paradis perdu, l'individualisme, le pouvoir et la domination. La façon dont George Miller nous les présente sans nous en tartiner la tronche avec des lignes de texte d'un mètre de long, mais juste avec des éléments de mise en scène ou une ligne de dialogue à tout péter, relèvent d'une subtilité que je n'avais pas vu depuis longtemps dans un blockbuster.
Sans problème, j'ai envie de dire, le visuel, à travers la direction artistique, les costumes, les accessoires et la réalisation, remplace complètement le dialogue comme outil de narration. Pardonnez-moi l'expression mais je suis sur le cul.
Alors bien sûr je pourrais encore continuer des heures, hein, je suis très volubile quand j'adore quèquechose. Je pourrais vous parler des courses-poursuites de malade en voiture avec le son des tam-tam enfiévrés qui te donnent envie de passer le permis de conduire, des talents pyrotechniques du guitariste punk sur son char, de la musique enragée qui te pousserait presque à enfiler ton perfecto et ta chaîne à clou pour sortir le soir en mode " racaillou ", mais bon je crois que j'en ai assez dit. Si vous ne l'avez pas encore vu, sincèrement jetez-vous dessus. Label Charmant-Petit-Monstre certifié.