Le synopsis
Les messieurs est un recueil de nouvelles qui parlent de la relation nouée entre une jeune fille ou jeune femme, avec un homme beaucoup plus âgé, et explore toutes les facettes de ces relations singulières qui recouvrent une myriade de réalités différentes.
Mon avis
Les nouvelles de Claire Castillon remplissent l'objectif que l'on peut s'imaginer être le leur : elles dérangent.
Toutes contées depuis le point de vue de la jeune fille, elles retranscrivent cette inclination particulière dont on pourrait croire qu'elle est motivée par toutes sortes de choses étrangères à l'amour, et nous montrent combien l'on se fourvoie.
Les sentiments se mêlent, dans les nouvelles des Messieurs, si bien qu'il est parfois difficile de déterminer les motifs des jeunes filles, à l'instar de cette étudiante qui a décidé de séduire son professeur de classe préparatoire, et qui s'y échine avec maladresse.
Si la relation amoureuse est envisagée selon différents angles, il est intéressant de voir la place qui est faite au regard social porté sur le couple dépareillé. Pour l'une, ce sera le regard de son père, pour l'autre, de sa meilleure amie ; il est toujours question de l'entourage de la jeune fille, qui ne sait guère comment appréhender ce choix contre-nature, si peu conforme à ce qui est compréhensible de la part d'une femme à laquelle la vie ouvre les bras.
Ainsi, la plume de Claire Castillon excelle à transmettre une distance et un regard parfois ironique sur la relation disséquée, n'hésitant pas à parler de "vieux", de ce qu'il y a de burlesque dans la maturité pour des yeux adolescents, à peine adultes, empreints d'une certaine ingénuité.
Un thème intéressant donc, que j'aurais aimé voir davantage creusé encore, par exemple dans le cadre d'un texte plus long.
Pour vous si...
- Vous aimez que l'on vous raconte les couples qui sortent de l'ordinaire
- Vous avez vous-même une irrépressible inclination envers vos aînés, et aimeriez voir ce thème plus souvent traité dans la littérature (comme les gnocchis, j'adore ça et je déplore que ça ne soit pas plus souvent traité).
Morceaux choisis
"Et si j'avais l'air d'une enfant? Qu'importe. Nous nous aimerions sous peu, et il m'emmènerait en vacances sur la Riviera. Nous ferions un bébé ou deux, je ne dérangerais rien de sa vie dans le noir, entourée de livres. Je laisserais la poussière recouvrir peu à peu ses yeux. Je serais là, près de lui, à le réchauffer jusqu'au dernier souffle. Je deviendrais son abat-jour. J'avais de plus en plus envie qu'il m'aime, et très envie aussi de lui servir des soupes."
"Les références, avec les vieux, ça date toujours d'avant l'époque de la télé. On ne peut pas rester longtemps indifférente à leur littérature."
"_Non, Séverine. Tu as parlé de Titanic dans ton devoir d'éducation civique de lundi qui avait pour sujet l'identité.
_Vous faites erreur. Je n'aime pas la blondeur de Leonardo DiCaprio, ni son visage poupin. J'aime Victor Garber." (<3 <3 Dois-je vraiment préciser que Victor Garber est mon idéal masculin? #JackBristowàlarescousse)
"Chaque fois qu'il jouit, j'ai peur qu'il meure. Ses maxillaires se serrent avant de se relâcher très brutalement, et je crains par-dessus tout que son dentier me saute au visage."
"Je n'ai pas pu le quitter. Mais ce n'est pas de la pitié. La pitié, qu'est-ce que c'est? Guy, c'est très différent. On n'arrêtera jamais. On n'a pas d'avenir, à quoi bon arrêter?"
"Je l'ai épousé parce qu'il m'aimait. On ne se souvient jamais du reste."
Note finale2/5(pas mal)