ATTENTION, CE BILLET CONCERNE LE DEUXIEME VOLET D'UN DIPTYQUE.
Il me tardait de retrouver les Morvan, cette famille au coeur de "Lontano", dernier thriller en date de Jean-Christophe Grangé. A la fin de ce livre, on restait dans l'expectative, pas mal de questions étaient encore en suspens et surtout, on sentait bien que l'histoire familiale de ce clan aux destins contrariés n'avait pas livré tous ses secrets. Au bord de l'implosion, la famille était placée en cocotte-minute, en attendant la sortie du deuxième volet. Sans doute suis-je encore plus vicieux, puisque j'ai attendu plusieurs mois après la sortie de cette deuxième partie pour ouvrir la soupape et libérer les démons des Morvan, rassemblés dans "Congo Requiem", paru chez Albin Michel. Et, comme d'habitude, on plonge dans la plus profonde noirceur, accompagnée d'une violence qui ne va pas tarder à se déchaîner. "Le clan des Morvan : unis pour le pire", disait le titre du billet consacré à "Lontano", et le pire, on y touche, dans "Congo Requiem"...
A peine l'affaire de l'Homme-Clou a-t-elle été résolue que Erwan Morvan s'est fixé un nouvel objectif : résoudre un crime vieux d'une quarantaine d'années et perpétré dans une des régions les plus hostiles de la planète, le Haut-Katanga, en République Démocratique du Congo. Et, pour corser le tout, ça s'est passé dans une ville devenue fantôme depuis cette époque, la sinistre Lontano...
Erwan n'en démord pas, il a décelé des incohérences et il est certain, parole de flic, que Catherine Fontana n'a pas été tué par l'Homme-Clou, le véritable Homme-Clou, au début des années 1970, mais qu'on a copié son mode opératoire pour faire passer ce meurtre pour une de ses "oeuvres". Alors, il a décidé de se mettre en disponibilité pour se rendre en Afrique et résoudre ces mystères.
Il faut dire que Erwan a en tête un suspect parfait : son propre père, Grégoire. L'Afrique, ça a été son terrain de jeu, au temps de la Françafrique triomphante et, vu ce qu'il a appris de l'histoire de l'Homme-Clou, il ne serait pas surpris plus que cela de découvrir dans ce qu'il reste de Lontano, les preuves de l'implication de son père...
Mais comment faire pour évoluer sans lui ? Pour Erwan, l'Afrique est un continent inconnu, pas seulement dans sa géographie, mais dans ses us et coutumes, au sens large. Il n'a aucune confiance en Grégoire et pourtant, c'est avec lui qu'il s'embarque pour le Congo, tout en espérant bien laisser son père à ses affaires et mener son enquête sans cette pression discrète mais réelle.
Le chef du clan Morvan, lui aussi, doit se rendre dans cette région. Lui seul sait, parmi les dirigeants de la société Coltano, que de nouveaux gisements de coltan, ce minerai que l'on s'arrache et qui sert à fabriquer tous nos objets connectés, ont été découverts. Il entend rapidement débuter l'exploitation, dans la plus grande discrétion, pour en tirer le plus grand profit, le plus rapidement, avant de passer la main.
Il ne semble guère prendre au sérieux les soupçons à peine voilés de son fils aîné, comme s'il s'attendait à ce que ce voyage ne serve à rien... Et pour cause : Erwan débarque dans un pays qui n'en finit plus de se déchirer. Une effroyable guerre civile, une guerre ethnique, aussi, dont on ne compte plus les victimes. Plusieurs millions, un véritable génocide, ignoré du reste du monde...
Erwan Morvan est déterminé à rassembler des preuves contre ce père, qu'il admire autant qu'il le hait. Et peut-être en saura-t-il aussi plus sur les secrets que détiennent encore le patriarche, et son épouse, Maggie, qui en sait certainement plus qu'elle ne veut bien le dire... Mais, comment mener à bien une enquête aussi difficile sur un territoire à feu et à sang ?
Et, pendant que Grégoire et Erwan sont en Afrique, en Europe aussi, les choses évoluent... Loïc, le frère d'Erwan, est en plein sevrage. Il a décidé d'en finir avec cette compagne qui a détruit sa vie et l'a privé de ses enfants : la drogue. Il a peu d'espoir de reconquérir son épouse, mais il veut redevenir clean pour sa fille et son garçon.
Il morfle, et salement... Une accoutumance aussi ancienne, on ne s'en débarrasse pas en un claquement de doigts... Mais, c'est nécessaire. Et, alors qu'il souffre de terribles crises de manque, il apprend la mort de son beau-père. Le père de Sofia, associé plus qu'ami de Grégoire Morvan a été assassiné. Et pas de la plus belle des façons...
Un vrai massacre qui rappelle la mort d'un des associés africains de Morvan et de Montefiori, nous renvoyant au tout début de "Lontano"... Plus qu'une coïncidence, un avertissement. Car, le prochain sur la liste pourrait bien être Grégoire Morvan. Ce père tyrannique dont la poigne a fait de Loïc cet homme faible que tout le monde méprise, à commencer par lui-même.
Et si cet assassinat sordide était l'occasion de Loïc de montrer enfin qu'il est bien un Morvan ? Le père et l'aîné exemplaire étant occupés à des milliers de kilomètres, le voilà décidé à mener sa propre enquête. Le golden-boy déchu veut se faire flic, comme les autres hommes du clan. Et peu importe le danger et les ennemis qu'il entend traquer...
Enfin, il y a Gaëlle, la soeur. Elle aussi a connu ses heures chaotiques. Cible de l'Homme-Clou, elle lui a échappé de justesse et se remet encore de ce choc... Elle a décidé de voir un psy, Eric Katz, pour chasser les fantômes et les démons. Mais, lors d'une séance, la relation avec Katz prend un tour bizarre. Trop, en tout cas, pour ne pas éveiller la méfiance d'une Gaëlle encore échaudée...
Que lui veut cet homme, exactement ? Décidément, dans le clan Morvan, les gènes de flic sont présents même chez ceux qui n'ont pas embrassé la profession... Elle aussi se dit qu'on lui cache des choses et que ce psy est un peu trop prévenant pour être honnête. De quoi réveiller la colère qui brûle en elle depuis si longtemps, et qu'elle a canalisée à travers son mode de vie borderline...
Voilà l'état des lieux à la reprise de ce diptyque. Un second volet marqué par cette plongée aux allures d' "Apocalypse Now" dans la guerre civile congolaise. Attention aux âmes sensibles (mais lisent-elles encore les livres de Jean-Christophe Grangé ?), c'est abominable, intolérable et l'indifférence qui entourent ces massacres à répétition depuis près de 20 ans n'en est que plus insupportable.
Erwan n'a pas froid aux yeux, c'est un flic qui a connu son lot de crimes atroces dans sa carrière, un chef de groupe de la PJ parisienne... Mais là, ce qu'il va traverser est tout juste insoutenable et il ne va devoir qu'à la bonne étoile des Morvan, où à cette malédiction qui les contraint de boire le calice jusqu'à la lie, de se sortir de là...
Je dois dire que j'ai été impressionné par cette partie dans laquelle Erwan essaye de rester imperturbable et de retrouver des témoins encore vivants ayant connu la splendeur de Lontano. On retrouve le côté grand reporter de Grangé, qui nous emmène sous les bombardements, au milieu des échanges nourris entre camps adverses, dans la boue rouge d'une latérite gorgée de sang...
Mais, ce n'est que le début de ce roman... La suite, ah, bien sûr, je ne avais rien vous en dire. J'ai exposé les différents fils narratifs, mais je n'en dirai pas plus sur les événements qui vont faire vaciller le clan Morvan durant ces 725 pages. On n'a pas le temps de reprendre son souffle que déjà, de nouveaux événements viennent nous remettre sous tension.
Cependant, au-delà de ces événements, de la mort et de la violence qui sont partout, tout le temps, c'est encore une fois l'histoire des Morvan et les secrets que détient Grégoire qui sont au centre de ce thriller musclé. Erwan est sans doute le plus solide de la fratrie, depuis le début, mais c'est lui qui va encaisser en priorité toutes les informations et tous les drames qui vont frapper sa famille.
Il y a le père, qui suscite chez lui, je l'ai déjà dit, autant d'attrait que de répulsion. Devenir flic était pour lui autant un défi qu'une manière de prouver qu'il était de la même trempe que Grégoire. Mais, il serait un flic intègre, pas une barbouze grenouillant dans tous les cercles du pouvoir et se salissant les mains pour éviter à d'autres d'avoir du sang sur les leurs...
En se lançant aux trousses de cette chimère, le meurtre de Catherine Fontana, à Lontano, il entend régler les comptes, remporter le bras de fer, triompher de son hydre, que Gaëlle et Loïc, en choisissant l'autodestruction, ont renoncé à affronter. Une détermination sans faille qui explique aussi pourquoi il ne s'attend pas du tout à ce qu'il va révéler...
Mais n'entrons pas plus dans les détails... Ce deuxième volet est aussi intéressant par l'évolution des personnages, et particulièrement des trois enfants du clan Morvan. Alors que Erwan, celui qu'on croyait être le plus détaché de l'attraction paternelle, s'enlise dans sa quête, se perd, aussi, Gaëlle et Loïc entrevoient la rédemption.
Oh, bien sûr, chez les Morvan, on ne se rédime pas avec quelques paters et quelques avés, mais en se frottant aux dangers. En assumant son statut de Morvan envers et contre tout. Contre tous. Cette notion de clan est toujours centrale dans "Congo Requiem", mais les événements vont permettre aux lecteurs de l'envisager différemment, sous un autre angle, tout du moins.
Avec ce paradoxe : être un Morvan, en tout cas pour les enfants de Grégoire, est une malédiction, dont on reçoit le sceau à la naissance et il n'est pas question de s'en défaire. On naît Morvan, on meurt Morvan. Mais, si l'on veut briser ce sort funeste, ce n'est justement pas en fuyant cette identité, mais en la prenant à bras le corps.
Gaëlle et Loïc vont peu à peu s'imposer sur le devant de la scène, renvoyant Erwan à l'ombre qui l'engloutit et l'étouffe petit à petit. Leur rôle, plutôt secondaire dans "Lontano", remonte à hauteur de celui de leur aîné dans "Congo Requiem". Uni pour le pire, peut-être, mais uni, le clan lutte ensemble, ou presque, contre une adversité qu'il est difficile de cerner.
Et c'est cela, en fait, "Congo Requiem" : la fin de la malédiction des Morvan. Dit ainsi, cela semble extrêmement positif, mais quel prix faudra-t-il verser pour y parvenir ? Quel écot pour briser le sort terrible qui empoisonne la famille depuis tellement longtemps ? C'est tout l'enjeu de ce second tome, qui ne va ménager personne, pas même le lecteur.
Je ne suis pas toujours convaincu par les dénouements des romans de Jean-Christophe Grangé, même si j'aime ses thrillers et ses histoires dures, violentes, qui nous emmènent dans des domaines toujours originaux et soigneusement approfondis. Je l'attendais donc au tournant, puisque la fin de "Lontano" n'était qu'un point-virgule et pas un point final.
Convaincu, je le suis, pas à 100%, il y a certaines ficelles, c'est vrai, mais, dans l'ensemble, je suis resté captivé jusqu'aux dernières pages. Et puis, il y a ce final, ces ultimes lignes, celles qui nous amènent jusqu'au moment de quitter les Morvan... Lorsqu'on sait enfin si la malédiction a pris fin ou si elle est éternelle...
J'ai beaucoup utilisé le terme de clan pour évoquer Grégoire, Maggie, Erwan, Gaëlle et Loïc. Mais, une fois refermé le livre, je crois qu'on peut oublier ce terme et enfin employer le mot "famille", qui revêt une notion affective qui convenait mal aux relations qu'entretenaient ces personnages. Oui, enfin, les Morvan vont pouvoir tourner la page et constituer une famille !
Mais...
Il me tardait de retrouver les Morvan, cette famille au coeur de "Lontano", dernier thriller en date de Jean-Christophe Grangé. A la fin de ce livre, on restait dans l'expectative, pas mal de questions étaient encore en suspens et surtout, on sentait bien que l'histoire familiale de ce clan aux destins contrariés n'avait pas livré tous ses secrets. Au bord de l'implosion, la famille était placée en cocotte-minute, en attendant la sortie du deuxième volet. Sans doute suis-je encore plus vicieux, puisque j'ai attendu plusieurs mois après la sortie de cette deuxième partie pour ouvrir la soupape et libérer les démons des Morvan, rassemblés dans "Congo Requiem", paru chez Albin Michel. Et, comme d'habitude, on plonge dans la plus profonde noirceur, accompagnée d'une violence qui ne va pas tarder à se déchaîner. "Le clan des Morvan : unis pour le pire", disait le titre du billet consacré à "Lontano", et le pire, on y touche, dans "Congo Requiem"...
A peine l'affaire de l'Homme-Clou a-t-elle été résolue que Erwan Morvan s'est fixé un nouvel objectif : résoudre un crime vieux d'une quarantaine d'années et perpétré dans une des régions les plus hostiles de la planète, le Haut-Katanga, en République Démocratique du Congo. Et, pour corser le tout, ça s'est passé dans une ville devenue fantôme depuis cette époque, la sinistre Lontano...
Erwan n'en démord pas, il a décelé des incohérences et il est certain, parole de flic, que Catherine Fontana n'a pas été tué par l'Homme-Clou, le véritable Homme-Clou, au début des années 1970, mais qu'on a copié son mode opératoire pour faire passer ce meurtre pour une de ses "oeuvres". Alors, il a décidé de se mettre en disponibilité pour se rendre en Afrique et résoudre ces mystères.
Il faut dire que Erwan a en tête un suspect parfait : son propre père, Grégoire. L'Afrique, ça a été son terrain de jeu, au temps de la Françafrique triomphante et, vu ce qu'il a appris de l'histoire de l'Homme-Clou, il ne serait pas surpris plus que cela de découvrir dans ce qu'il reste de Lontano, les preuves de l'implication de son père...
Mais comment faire pour évoluer sans lui ? Pour Erwan, l'Afrique est un continent inconnu, pas seulement dans sa géographie, mais dans ses us et coutumes, au sens large. Il n'a aucune confiance en Grégoire et pourtant, c'est avec lui qu'il s'embarque pour le Congo, tout en espérant bien laisser son père à ses affaires et mener son enquête sans cette pression discrète mais réelle.
Le chef du clan Morvan, lui aussi, doit se rendre dans cette région. Lui seul sait, parmi les dirigeants de la société Coltano, que de nouveaux gisements de coltan, ce minerai que l'on s'arrache et qui sert à fabriquer tous nos objets connectés, ont été découverts. Il entend rapidement débuter l'exploitation, dans la plus grande discrétion, pour en tirer le plus grand profit, le plus rapidement, avant de passer la main.
Il ne semble guère prendre au sérieux les soupçons à peine voilés de son fils aîné, comme s'il s'attendait à ce que ce voyage ne serve à rien... Et pour cause : Erwan débarque dans un pays qui n'en finit plus de se déchirer. Une effroyable guerre civile, une guerre ethnique, aussi, dont on ne compte plus les victimes. Plusieurs millions, un véritable génocide, ignoré du reste du monde...
Erwan Morvan est déterminé à rassembler des preuves contre ce père, qu'il admire autant qu'il le hait. Et peut-être en saura-t-il aussi plus sur les secrets que détiennent encore le patriarche, et son épouse, Maggie, qui en sait certainement plus qu'elle ne veut bien le dire... Mais, comment mener à bien une enquête aussi difficile sur un territoire à feu et à sang ?
Et, pendant que Grégoire et Erwan sont en Afrique, en Europe aussi, les choses évoluent... Loïc, le frère d'Erwan, est en plein sevrage. Il a décidé d'en finir avec cette compagne qui a détruit sa vie et l'a privé de ses enfants : la drogue. Il a peu d'espoir de reconquérir son épouse, mais il veut redevenir clean pour sa fille et son garçon.
Il morfle, et salement... Une accoutumance aussi ancienne, on ne s'en débarrasse pas en un claquement de doigts... Mais, c'est nécessaire. Et, alors qu'il souffre de terribles crises de manque, il apprend la mort de son beau-père. Le père de Sofia, associé plus qu'ami de Grégoire Morvan a été assassiné. Et pas de la plus belle des façons...
Un vrai massacre qui rappelle la mort d'un des associés africains de Morvan et de Montefiori, nous renvoyant au tout début de "Lontano"... Plus qu'une coïncidence, un avertissement. Car, le prochain sur la liste pourrait bien être Grégoire Morvan. Ce père tyrannique dont la poigne a fait de Loïc cet homme faible que tout le monde méprise, à commencer par lui-même.
Et si cet assassinat sordide était l'occasion de Loïc de montrer enfin qu'il est bien un Morvan ? Le père et l'aîné exemplaire étant occupés à des milliers de kilomètres, le voilà décidé à mener sa propre enquête. Le golden-boy déchu veut se faire flic, comme les autres hommes du clan. Et peu importe le danger et les ennemis qu'il entend traquer...
Enfin, il y a Gaëlle, la soeur. Elle aussi a connu ses heures chaotiques. Cible de l'Homme-Clou, elle lui a échappé de justesse et se remet encore de ce choc... Elle a décidé de voir un psy, Eric Katz, pour chasser les fantômes et les démons. Mais, lors d'une séance, la relation avec Katz prend un tour bizarre. Trop, en tout cas, pour ne pas éveiller la méfiance d'une Gaëlle encore échaudée...
Que lui veut cet homme, exactement ? Décidément, dans le clan Morvan, les gènes de flic sont présents même chez ceux qui n'ont pas embrassé la profession... Elle aussi se dit qu'on lui cache des choses et que ce psy est un peu trop prévenant pour être honnête. De quoi réveiller la colère qui brûle en elle depuis si longtemps, et qu'elle a canalisée à travers son mode de vie borderline...
Voilà l'état des lieux à la reprise de ce diptyque. Un second volet marqué par cette plongée aux allures d' "Apocalypse Now" dans la guerre civile congolaise. Attention aux âmes sensibles (mais lisent-elles encore les livres de Jean-Christophe Grangé ?), c'est abominable, intolérable et l'indifférence qui entourent ces massacres à répétition depuis près de 20 ans n'en est que plus insupportable.
Erwan n'a pas froid aux yeux, c'est un flic qui a connu son lot de crimes atroces dans sa carrière, un chef de groupe de la PJ parisienne... Mais là, ce qu'il va traverser est tout juste insoutenable et il ne va devoir qu'à la bonne étoile des Morvan, où à cette malédiction qui les contraint de boire le calice jusqu'à la lie, de se sortir de là...
Je dois dire que j'ai été impressionné par cette partie dans laquelle Erwan essaye de rester imperturbable et de retrouver des témoins encore vivants ayant connu la splendeur de Lontano. On retrouve le côté grand reporter de Grangé, qui nous emmène sous les bombardements, au milieu des échanges nourris entre camps adverses, dans la boue rouge d'une latérite gorgée de sang...
Mais, ce n'est que le début de ce roman... La suite, ah, bien sûr, je ne avais rien vous en dire. J'ai exposé les différents fils narratifs, mais je n'en dirai pas plus sur les événements qui vont faire vaciller le clan Morvan durant ces 725 pages. On n'a pas le temps de reprendre son souffle que déjà, de nouveaux événements viennent nous remettre sous tension.
Cependant, au-delà de ces événements, de la mort et de la violence qui sont partout, tout le temps, c'est encore une fois l'histoire des Morvan et les secrets que détient Grégoire qui sont au centre de ce thriller musclé. Erwan est sans doute le plus solide de la fratrie, depuis le début, mais c'est lui qui va encaisser en priorité toutes les informations et tous les drames qui vont frapper sa famille.
Il y a le père, qui suscite chez lui, je l'ai déjà dit, autant d'attrait que de répulsion. Devenir flic était pour lui autant un défi qu'une manière de prouver qu'il était de la même trempe que Grégoire. Mais, il serait un flic intègre, pas une barbouze grenouillant dans tous les cercles du pouvoir et se salissant les mains pour éviter à d'autres d'avoir du sang sur les leurs...
En se lançant aux trousses de cette chimère, le meurtre de Catherine Fontana, à Lontano, il entend régler les comptes, remporter le bras de fer, triompher de son hydre, que Gaëlle et Loïc, en choisissant l'autodestruction, ont renoncé à affronter. Une détermination sans faille qui explique aussi pourquoi il ne s'attend pas du tout à ce qu'il va révéler...
Mais n'entrons pas plus dans les détails... Ce deuxième volet est aussi intéressant par l'évolution des personnages, et particulièrement des trois enfants du clan Morvan. Alors que Erwan, celui qu'on croyait être le plus détaché de l'attraction paternelle, s'enlise dans sa quête, se perd, aussi, Gaëlle et Loïc entrevoient la rédemption.
Oh, bien sûr, chez les Morvan, on ne se rédime pas avec quelques paters et quelques avés, mais en se frottant aux dangers. En assumant son statut de Morvan envers et contre tout. Contre tous. Cette notion de clan est toujours centrale dans "Congo Requiem", mais les événements vont permettre aux lecteurs de l'envisager différemment, sous un autre angle, tout du moins.
Avec ce paradoxe : être un Morvan, en tout cas pour les enfants de Grégoire, est une malédiction, dont on reçoit le sceau à la naissance et il n'est pas question de s'en défaire. On naît Morvan, on meurt Morvan. Mais, si l'on veut briser ce sort funeste, ce n'est justement pas en fuyant cette identité, mais en la prenant à bras le corps.
Gaëlle et Loïc vont peu à peu s'imposer sur le devant de la scène, renvoyant Erwan à l'ombre qui l'engloutit et l'étouffe petit à petit. Leur rôle, plutôt secondaire dans "Lontano", remonte à hauteur de celui de leur aîné dans "Congo Requiem". Uni pour le pire, peut-être, mais uni, le clan lutte ensemble, ou presque, contre une adversité qu'il est difficile de cerner.
Et c'est cela, en fait, "Congo Requiem" : la fin de la malédiction des Morvan. Dit ainsi, cela semble extrêmement positif, mais quel prix faudra-t-il verser pour y parvenir ? Quel écot pour briser le sort terrible qui empoisonne la famille depuis tellement longtemps ? C'est tout l'enjeu de ce second tome, qui ne va ménager personne, pas même le lecteur.
Je ne suis pas toujours convaincu par les dénouements des romans de Jean-Christophe Grangé, même si j'aime ses thrillers et ses histoires dures, violentes, qui nous emmènent dans des domaines toujours originaux et soigneusement approfondis. Je l'attendais donc au tournant, puisque la fin de "Lontano" n'était qu'un point-virgule et pas un point final.
Convaincu, je le suis, pas à 100%, il y a certaines ficelles, c'est vrai, mais, dans l'ensemble, je suis resté captivé jusqu'aux dernières pages. Et puis, il y a ce final, ces ultimes lignes, celles qui nous amènent jusqu'au moment de quitter les Morvan... Lorsqu'on sait enfin si la malédiction a pris fin ou si elle est éternelle...
J'ai beaucoup utilisé le terme de clan pour évoquer Grégoire, Maggie, Erwan, Gaëlle et Loïc. Mais, une fois refermé le livre, je crois qu'on peut oublier ce terme et enfin employer le mot "famille", qui revêt une notion affective qui convenait mal aux relations qu'entretenaient ces personnages. Oui, enfin, les Morvan vont pouvoir tourner la page et constituer une famille !
Mais...