Tome 03 : Tintin en Amérique – Hergé

Par Alltimereadings

Résumé :

« L’histoire se passe aux États-Unis à l’époque de la Prohibition. Tintin arrivé à Chicago juste après son voyage au Congo où il avait démantelé un trafic de diamants organisé par Al Capone. Tintin est enlevé par ce dernier dès son arrivée. »

Mon avis :

Comme je vous l’avais dit dans mon article sur Tintin au Congo, je me suis lancée dans la relecture des aventures du jeune reporter. J’avais été un peu déçue lors de ma relecture du deuxième tome, car je ne retrouvais pas ce « petit quelque chose » qui m’avait tant fait rêvé quand j’étais enfant. Il semblerait que j’ai un regard plus adulte sur ces bandes-dessinées et donc forcément plus critique. Le schéma s’est répété pour Tintin en Amérique : si ce tome m’a fait passé un moment de lecture plutôt agréable, plusieurs éléments m’ont malheureusement dérangés.

Dans ce nouvel épisode des aventures de Tintin, le jeune reporter belge se retrouve à Chicago, ville dans laquelle sévit de puissantes organisations criminelles. Souvenez vous, lors de son escapade au Congo, Tintin avait permis le démantèlement d’un trafic de diamant. Or, ce trafic était orchestré par nul autre que le terrible Al Capone, génie de la mafia. Ce bandit, n’étant pas réputé pour sa clémence, ordonne l’enlèvement de Tintin dès son arrivée sur le sol américain. Si le reporter se laisse prendre au piège, il trouve rapidement un moyen de s’échapper. Il décide alors de traquer son ravisseur. S’en suit de nombreuses aventures qui vont l’amener à rencontrer de dangereux criminels, des Peaux-Rouges ou encore de vrais cow-boys. Avec toutes les menaces qui pèsent sur sa vie, Tintin sortira-t-il indemne de ce périple au pays de l’Oncle Sam ?

Le voilà, ce fameux reporter ! Et c’est ce petit freluquet-là qui voulait s’attaquer à moi, le roi des bandits de Chicago ?

J’avais lu cette bande-dessinée il y a quelques années mais visiblement, je ne m’en souvenais plus très bien ! Je savais que Tintin faisait face à la mafia et qu’il allait rencontrer des indiens, mais je ne me rappelais pas des petits détails comme par exemple… la présence d’Al Capone. Certes quand j’étais petite je ne m’intéressais pas encore à l’histoire de la mafia aux Etats-Unis, donc cela ne m’a pas forcément marqué! Le problème est que, autant je trouve que l’histoire de Lucky Luciano ou de Sam Giancana est captivante, autant Al Capone ne m’intéresse absolument pas. Je ne saurais pas trop comment l’expliquer, c’est comme ça, je ne l’aime pas! Donc quand j’ai lu les premières pages de Tintin en Amérique et que j’ai vu que le gangster avait une grosse balafre sur la joue… j’étais déçue. Je trouve ça dommage qu’Hergé ait utilisé un personnage qui a réellement existé. C’est bien qu’il s’inspire du contexte historique, comme dans Tintin au pays des Soviets. Et même, s’il n’avait fait que citer le nom de ce cher Alphonse, j’aurais dit pourquoi pas! Mais que Tintin le rencontre en personne… ce n’est pas terrible. Quand on connaît la réalité historique, quand on sait qui était Al Capone, on sait que Tintin n’aurait jamais pu sortir vivant de cette situation. Alors oui, c’est une fiction. Oui, Tintin est très malin. Mais il y a déjà tellement de situations aberrantes qu’il serait souhaitable que les personnages secondaires soient un minimum cohérents.

En relisant Tintin au Congo, j’avais été choqué par certains propos ou par certaines scènes. Entre les allusions racistes et le braconnage, j’avoue que j’aurai préféré retrouvé la naïveté de mon enfance car Tintin devenait un personnage détestable à mes yeux. Malheureusement, Tintin en Amérique m’a fait revivre cette désagréable sensation. Je crois que ce qui m’a le plus dérangé, c’est la scène où Tintin et Milou s’apprêtent à rencontrer des Peaux-Rouges.

Mais… mais… On ne va tout de même pas aller chez les Peaux-Rouges, dis, Tintin ?…

Ou plus loin :

S’ils se figurent que je vais adresser la parole à des chiens de peaux rouges !…

Lorsqu’on les voit, ces indiens d’Amérique, ils nous apparaissent comme des sauvages et comme des êtres naïfs prêts à croire tout ce qu’un « visage pâle » leur dit. Avouez que c’est une représentation bien peu flatteuse. Si Milou se montre particulièrement insultant avec eux, personne n’en est pour le moins épargné. En plein milieu de la bande-dessinée, alors que Tintin fait un somme, un bandit arrive après avoir braqué une banque. Ce bandit n’est pas important dans l’histoire. Il va avoir une petite incidence mais bon, ce n’est pas un personnage fondamental. Son nom ? On s’en fiche pas mal. Sa façon de s’habiller ? Egalement. Je me demande donc pourquoi Hergé a pris la peine de lui donner un nom à consonance hispanique et de lui dessiner un accoutrement digne d’un mariachis. Certains se disent sûrement que je vais trop loin. C’est peut-être vrai, mais voilà, c’est un détail qui m’a dérangé.

Dans mes deux articles précédents sur les Aventures de Tintin j’avais déploré les situations plus abracadabrantesques les unes que les autres. Ici, Tintin trouve encore des solutions très étonnantes pour se sortir de la panade comme lorsqu’il scie la porte de la voiture pour s’échapper après son enlèvement (personnellement, je connais peu de gens qui se promènent avec une scie dans leur sac). Cependant, j’ai trouvé que ce tome mettait en scène des situations plus « rationnelles ». Tout est relatif bien sûr, mais j’ai trouvé que Tintin ne passait plus pour un sur-homme mais bien pour un jeune reporter qui a plus d’un tour dans son sac. C’est déjà plus sympathique!

De plus, j’ai encore une fois apprécié la relation qui unie Tintin et Milou. Maître et chien sont tous les deux prêts à sacrifier leur vie pour sauver celle de l’autre et, je le répète, c’est là le point fort de cette série de bande-dessinée! Pas d’histoire sans Tintin, pas d’histoire sans Milou. Lorsqu’un des deux est enlevé ou se perd, on sait que l’autre va tout faire pour le retrouver. C’est quelque chose auquel on peut se raccrocher lorsque le contexte ou l’histoire en elle-même nous déçoit un peu.

Enfin, bien que je n’ai retrouvé pas toute l’excitation de mon enfance quand j’ai relu ce tome, j’ai apprécié les dessins, les couleurs (surtout quand on se retrouve au milieu des indiens) et le style d’écriture. Les dialogues ne sont pas trop lourds, ils se lisent facilement. De plus cette BD est tout de même assez courte donc c’est une lecture très rapide.

Pour résumer, je dirais que j’aimerais beaucoup retrouver mes yeux d’enfants quand je lis une bande-dessinée de Tintin. Je ne sais pas si c’est parce que je fais des études de langue et que, par conséquent, j’analyse plus facilement ce que je lis ou si c’est simplement parce que j’ai grandi, mais je me sens parfois mal à l’aise devant certaines phrases. Si au premier abord elles semblent anodines, on se rend compte que dans le contexte, elles peuvent être insultantes… Même si cela casse un peu le mythe de mon enfance, je vais continuer les relectures des Aventures de Tintin. Qui sait ? Peut-être que l’auteur se rattrape sur les tomes suivants ?

Oh et j’ai une petite question pour vous : quel est votre tome préféré des Aventures de Tintin ?

Note : 13/20

Dites donc, vous ne savez sans doute pas que les travestis sont interdits dans la ville ? Et puis, faites attention aux autos ! Vous vous croyez sans doute au Far West !


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