Editions Métailié - 2007 - Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Nous sommes dans les années 80. Pjota, un enfant Albanais amoureux de la mer et des livres, nous raconte sa vie. Un enfant narrateur, à la fois observateur et victime de la barbarie humaine.
Il côtoie la violence depuis sa plus tendre enfance et les choses ne s'arrangent pas lorsqu'il se retrouve malgré lui au service d'un chef de la mafia Albanaise " Le grand Razy ".
Il découvre alors avec toute la naïveté d'un jeune garçon, les trafics de drogue et de femmes, les sévices, l'obéissance absolue, la souveraineté de ses bourreaux.
Sa vie lui est dictée, son avenir est tracé par d'autres, plus vieux, plus forts, plus méchants.
Il devient alors un naufrageur .
Réfléchissant avec intelligence et anticipation, il comprend rapidement que sa survie ne tient qu'à une chose, échapper coûte que coûte à ce milieu, se sauver sans se retourner.
La fatalité n'existe pas.
Son rêve est de rejoindre l'Italie mère de tous ses espoirs. C'est chose faite lorsqu'il parvient à fuir son pays et " papa Razy le lion " au péril de sa vie.
Mais l'Italie ne lui ouvre pas son cœur comme il l'espérait. Il y survit dans le monde de la prostitution et devenir un autre ne lui est pas permis.
Les épreuves, la violence , l'amitié et l'amour le font devenir ce qu'il est, un enfant balancé dans un milieu hostile, par une vie qu'il n'a pas choisie . Un enfant cherchant par tous les moyens à se raccrocher à ses rêves.
Une histoire forte et juste qui laisse peu de place à l'imaginaire. La réalité est sous nos yeux, violente et insupportable. On la prend en pleine face et recevons presque avec grâce les quelques moments de bonheur dont nous fait part le narrateur.
Une immersion au cœur des tragédies modernes, écrasantes ces dernières années dont Pjota pourrait être le porte-parole. Le porte-parole de ces enfants devenus ados avec des rêves plein la tête mais qui ne survivent pas tous à la cruauté du monde.
Gros coup de cœur pour ce roman écrit avec beaucoup de pudeur et de délicatesse.
" Quand elle parle, c'est le reste du monde qui n'a pas d'oreilles. " (p 209)
Une phrase qui prend tout son sens à la lecture de ce roman.