Rick Remender lance une nouvelle série chez Image Comics avec son partenaire sur Fear Agent et Uncanny X-Force, Jerome Opeña. Une équipe créative de rêve qui force presque à l'adhésion de Seven To Eternity avant la lecture du moindre épisode. Heureusement, l'aventure commence très bien.
Lors des coups de cœur, je saluais le travail de Remender qui change de forme ses débuts de série. Faut être franc, depuis Strange Girl, le scénariste nous offre des débuts de série identiques les uns des autres. Le plus souvent, cette formule prenant forme avec la voix intérieure du principal protagoniste racontant des bribes de son passé tout en expliquant le contexte pendant une fuite en avant très rythmée. C'était la recette du premier épisode de Fear Agent, celle de Uncanny X-Force, celle de Venom, celle de Black Science, de Deadly Class et de Tokyo Ghost. Certes, c'est efficace et ça nous balance dans le bain immédiatement mais, à force de lire la même approche, on finit par avoir l'impression que le scénariste tire sur les mêmes ficelles et qu'il n'arrive plus à surprendre. Si Black Science et Deadly Class arrivent à autant surprendre, c'est parce que ces histoires ont su se démarquer rapidement et que la machine est partie il y a fort longtemps nous offrant des perpétuels renouvellements. Tokyo Ghost, qui vient de se terminer, n'a pas eu cette chance.
Seven To Eternity commence différemment donc. Pourtant, nous retrouvons la patte de l'auteur, surtout face au cliffhanger. Mais, la forme de l'épisode diffère. La voix intérieure est bien présente, elle est cette fois sur la page de garde dans un texte expliquant ce que le père d'Adam Osiris (le principal protagoniste) a dû affronter des années auparavant. Nous retrouvons sa voix dans l'épisode de manière sporadique. Il n'y a pas de fuite en avant. L'action du début d'épisode est silencieuse mettant l'accent sur le drame. Enfin, le héros de la série n'est pas un aventurier - il est d'ailleurs traité de lâche dans l'épisode - et cela change grandement la dynamique. La seconde partie a ainsi un côté plus posée avec un homme sur son destrier traversant le dessert et ne cherchant pas les ennuis ; un véritable western dans un monde fantastique.
L'avantage aussi de connaître bien l'auteur est de percevoir à chaque instant, à chaque page des éléments qui pourraient être utilisés afin de changer le paradigme de la série. Ainsi, ce premier épisode de Seven To Eternity donne de nombreuses pistes possibles sans nous promettre quelque chose de précis. Tout est alors possible et ça en est excitant.
Dans ce sens, l'histoire n'a pas encore dévoilé ses enjeux. Nous découvrons donc la famille Osiris qui vit dans une ferme d'un monde fantastique - assez proche esthétiquement de John Carter of Mars - sans technologie avancée. Adam, gravement malade, vit avec sa femme, ses enfants et son père La tranquillité de la famille est perturbée par la venue d'un envoyé du Mud King car le grand-père Osiris a refusé son offre du dit roi par le passé. Afin que le Mud King laisse sa famille tranquille, Adam décide de partir seul à travers le royaume de Zhal rencontrer ce roi.
En tout cas, ce premier épisode laisse une grande part de liberté à Opeña qui offre des planches magnifiques. La double-page nous montrant la cité et des centaines de créatures grouillant autour et dedans est incroyable. Les couleurs de Matt Howlingsworth collent parfaitement à l'ambiance. Pour sa colorimétrie, il a trouvé le juste milieu entre ambiance sci-fi et western, deux thèmes qu'on retrouve dans le script de Remender.
Seven To Eternity #1
Image Comics * Par Rick Remender & Jerome Opeña * $3.99
Si Remender change (légèrement) sa formule pour un premier épisode, il ne surprend pas avec son histoire. Pourtant, le tout fonctionne plutôt bien et il est certain que je reviendrai au prochain épisode avec l'envie de découvrir ce que le Mud King a à dire. Par contre, côté dessins, nous sommes servis et régalés. Opeña offre des planches remarquables tout le long.