Bienvenue chez les indigents, les marginaux. Jeff Lemire ne vend pas du rêve, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans le fin fond de son Canada, le ciel est bas et triste, la neige boueuse, l’humidité suinte de chaque mur, le froid glacial mord les os sous les vêtements, le mauvais alcool échauffe les corps et les esprits. Pauvreté et désœuvrement poussent chacun vers le repli sur soi et la solitude. Les échanges sont rares, les rapports humains tournent en permanence au rapport de force. Chez ces laissés pour compte, on se bat et on se débat. Pour éviter la noyade, éviter la chute finale et définitive.
Une histoire qui gratte et bouscule, avec une petite touche de lumière finale qui laisse envisager un futur où l’apaisement pourrait enfin être de mise. Une petite lueur d’espoir dans les ténèbres, minime mais bien présente.
Winter Road de Jeff Lemire. Futuropolis, 2016. 280 pages. 28 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo, en ce jour particulier où elle accueille pour la première fois les participants à la BD de la semaine.