Les personnages de Cable et Deadpool sont intimement liés depuis leur création, et la période -bénie par certains, honnie par d'autres- des années 90. Rappelons que lors de sa première apparition, le mercenaire avait été engagé pour éliminer Nathan Summers. Cela n'avait pas fonctionné comme prévu, et avait été le point de départ d'une relation suivie dans le temps, au point que les deux héros ont longtemps eu une série conjointe. A priori pourtant beaucoup de choses les éloignent : le premier passe son temps à raconter des blagues foireuses et c'est un modèle d'instabilité mentale, le second est un soldat ultra sérieux qui privilégie la tactique, l'ordre et l'efficacité. Mais c'est justement cela qui fait le sel de la rencontre, des différences qui complètent comme dans tout bon couple qui fonctionne durablement. Aujourd'hui nous avons entre les mains une série tout d'abord publiée sur internet, les fameux turbomedias, qui sont à la mode en ce moment. Split Second a ensuite eu droit à une version papier, que Panini edite dans un numéro hors-série. Autrement dit à un prix fort accessible, qui permet de tenter l'achat sans se ruiner pour autant. J'avais au départ pas mal d'idées préconçues sur ce produit, mais j'admets que la lecture s'est révélée fort agréable, et qu'il s'agit là d'un Deadpool en forme plus qu'acceptable. Je veux dire par là que l'humour fait assez souvent mouche, et qu'il est plus intelligent que prévu. Certaines remarques sur la vie de famille par exemple, sont bien senties et peuvent-être lues et interprétées à double niveau. Deadpool est chargé par le SHIELD de mettre fin à un raid de l'Hydra au sein d'un laboratoire scientifique en Virginie. Les terroristes souhaitent mettre la main sur un certain docteur Carl Weathers, dont la ressemblance physique avec le boxeur Apollo Creed -de la saga des Rocky- se traduit par toute une litanie de boutades. Wade Wilson parvient à concrétiser sa mission, non sans laisser derrière lui un joli carnage sanguinolent, mais c'est alors que Cable, habitué à passer d'une ère temporelle à l'autre, décide de débarquer dans notre présent, pour stopper deadpool avant qu'il assassine le savant en question. Que va-t-il donc se passer pour que l'on en arrive là? Et y a-t-il véritablement un moyen d'empêcher l'inévitable, sachant que le mercenaire est peu à l'écoute des conseils avisés des autres, et qu'il n'en fait qu'à sa tête?
C'est tout l'intérêt de cette mini série et de ce numéro scenarisé par Fabian Nicieza -on se croirait vraiment revenus dans les années 90- et dessiné par Reilly Brown. Ce dernier ne s'embarrasse pas d'ultra réalisme ou de planches très léchées, mais son style et sa narration conviennent bien pour ce type de produit turbomedia, rendant l'ensemble vivant et agréable. En fin de compte, voilà le type de sortie pour laquelle j'avais très peu d'attentes, mais qui permet de passer un moment sympathique avec un personnage toujours aussi délicat à écrire. Il est facile avec Deadpool de franchir la mince frontière entre le bon goût et l'absurde grivois, sans même s'en rendre compte. Avec Split Second, on est en face d'une aventure qui possède un vrai petit capital sympathie et se laise lire avec le sourire.
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