Tek, l’Accro-Magnon des tablettes, de Patrick McDonnell
Nous sommes cernés ! Par quoi ? me répondez-vous, très pragmatiques. Par les écrans ! vous hurlais-je dessus avec 0 self-contrôle.
Hum, c’est sur cette belle discussion imaginaire que j’ouvre le dernier article sur les Services de Presse (SP) des éditions Milan. Rappelez-vous : il y a quelques semaines, nous avions eu l’honneur de recevoir quatre livres de ce charmant éditeur, choisis par nos soins dans leurs nouveautés de la rentrée. Loulou vous a déjà chroniqué les autres livres (ici, ici et ici), c’est donc à moi que revient l’honneur de conclure avec Tek. Et ça tombe super bien, parce que c’est moi qui l’avait repéré dans le catalogue de l’éditeur, et il se trouve que j’ai eu très, mais alors, très très bon goût (j’ai toujours adoré le lancé de fleurs
Tek est un enfant comme les autres. Il a une barbe et des cheveux hirsutes, et vit au fond d’une grotte. Bref, Tek est un garçon troglodyte comme les autres… ou presque. Parce qu’au lieu d’aller jouer avec ses amis dinosaures ou d’aller découvrir le monde, le petit garçon passe ses journées enfermé dans sa caverne, rivé devant ses écrans. Tablette, téléphone, console, il passe de l’un à l’autre au grand dam de son entourage qui a déjà tout essayé pour tenter de le déconnecter. Hélas, Tek est bel et bien accro.
Jusqu’au jour où Grand Boum, le volcan, a une idée lumineuse. Il explose et propulse Tek et ses gadgets hors de la caverne. Le petit garçon s’éveille alors aux merveilles du monde qui l’entourent, et délaisse ses « vieux amis numériques » pour aller jouer avec ses amis du monde réel.
Désolée pour la qualité un peu brouillon de la photo mais le papier étant glacé, ce n’est pas facile de faire de belles photos
Placer une histoire d’hyper-connectivité en plein cœur de la préhistoire était un pari assez risqué, tant le décalage est grand. Mais à en voir le résultat, on se dit que le jeu en valait la chandelle. Car c’est ce décalage qui donne tout son charme et son originalité à cette histoire. Il permet également à l’auteur de développer un humour anachronique qui rythme le récit. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé cet humour qui est, ma foi, peu habituel des albums jeunesses et donc très rafraîchissant.
Concernant le récit en lui-même, je dois dire qu’il est court. Ce qui est plutôt une bonne chose pour tous les parents en quête d’histoire du soir rapide. L’enfant n’a pas le temps de s’ennuyer et les pages se tournent d’elles-même très vite.
Mais ce qui m’a le plus plu dans cet album, c’est son format. C’était déjà ce qui m’avait tapé dans l’œil lorsque je feuilletais le catalogue des éditions Milan, et c’était également cela qui m’avait poussée à demander ce livre en particulier. Tek avait déjà su titiller ma curiosité.
Car, voyez-vous, Tek n’est pas un « livre-objet » habituel : il a la forme d’une tablette. Bordure en relief, bouton central de retour au menu, bords arrondis, ou encore niveau de batterie et puissance réseau qui diminuent au fil des pages, le diable est dans les détails et dans cet album. Et franchement, ce format dessert parfaitement la trame narrative du livre. Quoi de mieux que de parler hyper-connectivité qu’en vous mettant une tablette entre les mains ?
Milan a d’ailleurs tout misé sur cette forme originale, puisque aucun résumé n’est présent sur la couverture. C’est un choix audacieux certes, mais je suis persuadée qu’il sera gagnant. La curiosité étant un vilain défaut, les gens ne pourront s’empêcher d’ouvrir le livre pour voir de quoi parle ce « livre-tablette », et ce quel que soit leur âge.
Mais Tek n’est pas là que pour faire joli. Il est aussi là pour sensibiliser dès le plus jeune âge (4 ans) aux dangers de l’hyper-connectivité (oui, j’adore employer ce mot). C’est un sujet à la fois moderne et inquiétant, mais l’humour de Patrick McDonnell, ainsi que ses dessins aux couleurs chatoyantes, dédramatisent très vite la situation.
En bref, je n’ai trouvé qu’un seul problème avec ce livre, et ce n’est pas tant en rapport avec lui, son contenu ou son écriture – au contraire, tout y est parfait – mais plutôt avec son existence pure et simple. Qu’on doive écrire des livres pour empêcher les jeunes de 4 ans et plus de tomber accro à leurs (!) tablettes me dépasse légèrement. Non, mais c’est vrai, quand j’avais 4 ans, le plus gros problème de mes parents était de ne pas me rendre accro aux Barbie®. Mais ça, ça doit être mon côté petite mémé qui ressort
Alors que vous soyez accros aux tablettes ou pas, Tek est un album à ne surtout pas manquer en cette fin d’année !
Bonne lecture les cocos !