Je suis d’ailleurs

Par Eléonore

Auteur : H.P Lovecraft

Editeur :  Folio

Collection : SF

Genre : Épouvante, fantastique

Parution : 1926

Pages : 237

«C’était le reflet vampirique de la pourriture, des temps disparus et de la désolation ; le phantasme, putride et gras d’égouttures, d’une révélation pernicieuse dont la terre pitoyable aurait dû pour toujours masquer l’apparence nue. Dieu sait que cette chose n’était plus de ce monde – et pourtant au sein de mon effroi, je pus reconnaître dans sa matière rongée, rognée, où transparaissaient des os, comme un grotesque et ricanant travesti de la forme humaine. Il y avait, dans cet appareil pourrissant et décomposé, une sorte de qualité innommable qui me glaça encore plus.»

Fan d’horreur et d’épouvante, il était temps que je lise un des auteurs classiques du genre : le fameux H.P Lovecraft ! Je suis d’ailleurs est un recueil de nouvelles macabres ayant toute en commun le surnaturel et l’horreur. Si je me suis penchée sur ce livre en particulier, c’est après avoir joué à un survival horror : Amnesia qui est inspiré directement de la nouvelle nommée « Je suis d’ailleurs ». Effectivement, les développeurs du jeu vidéo ont utilisé avec brio les descriptions du château lugubre faite par le narrateur qui est effrayé par les longs corridors plongés dans le noir de sa demeure.

Difficile de ne pas imaginer les longs corridors comme dans Amnesia

Pour en revenir au roman, Lovecraft nous livre 11 nouvelles qui ont toute une ambiance vraiment très particulière plongeant le lecteur dans un univers ou le fantastique côtoie le réel à l’insu des protagonistes.  Effectivement, chaque nouvelle commence par un narrateur qui explique avoir vécu une expérience atroce et qui tente de nous convaincre que ce qu’il a vécu est vrai. Les nouvelles sont donc écrites sous la forme d’un récit au passé. Il y a donc une coupure entre l’action et le présent et c’est ce que je reproche à l’auteur : il est difficile d’avoir peur pour le héro vu qu’on sait qu’il s’en sort puisqu’il nous raconte l’histoire !

Hormis ce défaut, j’ai énormément aimé la sensation de terreur que nous transmet Lovecraft par le biais de ces personnages. On sent la folie qui guette les héros ainsi que l’angoisse qu’ils ressentent face à certains évènements. Je retiens tout particulièrement la nouvelle Le modèle Pickman où le narrateur se retrouve à visiter l’atelier morbide d’un artiste complètement possédé par la folie. L’écriture nerveuse et torturée de Lovecraft correspond parfaitement à cette ambiance horrifique et arrache quelques frissons à la lecture.

Les descriptions sont donc le point fort de ces nouvelles qui nous permettent de bien imaginer les décors souvent composés de manoirs maudits, de maisons aux fenêtres condamnées et de tombeaux mystérieux. Néanmoins toutes les nouvelles ne sont pas de qualité égale et certaines m’ont plus ennuyée qu’autre chose. Les histoires se ressemblent pratiquement toutes et certaines peuvent être lassantes à cause des descriptions et des portraits de familles beaucoup trop nombreux.

J’ai tout de même beaucoup apprécié ma première lecture d’un Lovecraft, et peut être que je retenterais l’expérience avec d’autres de ces romans !

7/10