Anna ♦ Niccolò Ammaniti

Anna ♦ Niccolò AmmanitiEn 2016, un virus mortel, nommé «la Rouge», éclot en Belgique et se répand dans tout le reste de l'Europe. Les symptômes? Une forte fièvre, une toux creuse et des taches cutanées. Tout le monde y passe, sauf les enfants. Ils sont insensibles au virus jusqu'à l'âge de la puberté. Mais passé quatorze ans, les chances de survie sont pour ainsi dire nulles.En 2020, Anna se retrouve seule avec son petit frère Astor. Leur mère est morte, emportée par le virus. Les deux gamins vivent dans une ferme isolée, dans la campagne sicilienne.Grâce au «cahier des Choses Importantes» légué par sa mère, Anna a une longueur d'avance sur tout le monde, des connaissances précieuses sur ce qu'il faut faire et comment agir dans certaines situations.Rapidement, Anna doit se frotter au monde extérieur. Un monde peuplé de chiens errants, de cadavres desséchés et de gangs de jeunes ensauvagés.Pendant qu'Astor reste dans l'enceinte de la ferme, Anna fouille les environs.La recherche de nourriture, de médicaments et de piles guide ses pas.Lorsqu'Astor disparaît, la jeune fille n'hésite pas un seul instant à partir à sa recherche, prête à affronter tous les obstacles et menaces qui parsèment son chemin. La rencontre de Peter marquera pour Anna les balbutiements d'un premier amour. Astor retrouvé, le trio, accompagné d'un chien, courent vers leur salut: traverser le détroit pour rejoindre le continent, où peut-être un adulte a survécu et créé un vaccin qui les sauvera. Reste l'espoir, car Anna se doit d'espérer. Les années passent et elle vieillit…Anna ♦ Niccolò AmmanitiLa peste écarlate de Jack London, Le dernier des hommes de Margaret Atwood, L'aveuglement de Jose Saramago, Le fléau de Stephen King… Tous ces romans présentent un monde foudroyé par une épidémie ou un virus. Le pendant ou l'après. L'originalité du roman de Niccolò Ammaniti est de mettre en scène un monde post-apocalyptique uniquement peuplé d'enfants. Le défi était risqué… Mais l'auteur italien l'a réussi haut la main! Lorsqu'il s'agit de mettre en scène des enfants et des adolescents, il n'a pas son pareil. Tout comme dans Je n'ai pas peur et Moi et toi, il parvient à se placer à la hauteur de ses personnages, donnant une juste idée de leur pensées et émotions.Anna est un roman glaçant. Les descriptions sont vibrantes de réalisme, les retours en arrière bien dosés. L'équilibre entre l'horreur et l'attendrissement est maintenu tout du long. Le suspense va crescendo, jusqu'au final bouleversant. Certaines scènes m'ont fortement impressionnée. Je pense entre autres à celle où un groupe de gamins dirige un troupeau de vaches dans l'enceinte d'un centre commercial désaffecté. Les vaches se retrouvent prises au piège, poussées à coups de bâton vers un étage inférieur, où elles s'empilent les unes sur les autres, mortes ou agonisantes. N'est-ce pas ce que faisaient les hommes préhistoriques lorsqu'ils chassaient les mammouths vers les précipices?!J'ai été agacé par le chien! Oui, il y a un chien dans cette histoire, un gros berger de Maremme. Féroce, j'vous dis pas à quel point. Un chien élevé pour tuer. Mais voilà qu'après s'être battu avec Anna et laissé pour mort, il réapparaît plus tard, recroise la route de la jeune fille et devient tout doux. Anna et son frère le baptisent Câlinou! Qu'un chien à ce point agressif devienne un gentil toutou dans le temps d'le dire, ça me dépasse un peu...Outre ce petit bémol, Anna demeure un roman fort et bouleversant. Un hymne au dépassement de soi et au courage, mais surtout à l'espoir et à la volonté de vivre, coûte que coûte.À la fin, ce qui compte c'est pas combien de temps dure la vie, mais comment tu la vis. Si tu la vis bien, à fond, une vie courte vaut autant qu'une vie longue. Tu ne crois pas?Anna, Niccolò Ammaniti, Grasset, 320 pages, 2016.