Miss Peregrine et les enfants particuliers (BD)

Par Loulou Coco
Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ramson Riggs et Cassandra Jean, paru chez Bayard fin 2014

Après notre article sur le tome 1 du cycle, et avant la sortie du film, voici un article sur un entre-deux : l’adaptation en bande dessinée du premier tome de la saga de Ramson Riggs.

Comme c’est une adaptation très fidèle, pas besoin de refaire un résumé du récit. A zieuter par ici pour ceux qui le souhaitent.

L’auteur a lui-même scénarisé cette adaptation, du coup c’est une belle réussite au niveau de la retranscription parce qu’il y a mis ce qu’il fallait. L’histoire parait évidemment beaucoup plus courte et se passer dans un laps de temps plus restreint, mais il a su sélectionner les éléments et évènements adéquats pour relater le récit de façon concise, précise, sans que l’on ait l’impression de ne plus rien comprendre ou qu’il manque un gros passage.

Au début, j’ai eu beaucoup de mal avec le fait que les illustrations soient en noir et blanc (même si c’est le style de prédilection de l’illustratrice). Mais je me suis ensuite aperçue que le noir et blanc est réservé à notre présent, tandis que des couleurs sont intégrées à la période de 1940. Comme on passe plus de temps en 1940 (les trois quarts du livre), j’ai été moins dérangée par la suite. De plus, c’est une super idée pour distinguer les deux époques sans avoir besoin d’une phrase à chaque fois.

Il y a également les photos, qui sont gardées et ne sont pas transformées en dessin, ce qui est plaisant.

Pour les flemmards, qui ne voudraient pas lire le roman, c’est un bon compromis de passer par cette adaptation BD avant d’aller au cinéma par exemple. C’est tellement fidèle au roman que la comparaison pourra être quasi la même avec le film ensuite. Le bonus c’est même qu’on pourra comparer l’univers graphique de la BD avec les décors et personnages du film.

Le style de la dessinatrice oscille entre le roman graphique, le manga et le comics. Les deux derniers genres, je ne les apprécie pas plus que cela, ce qui m’a un peu gâché ma lecture. J’ai trouvé que le style de la dessinatrice ne collait pas avec l’univers du roman. Je n’aurai pas du tout fait ce choix pour illustrer cette histoire. J’aurai voulu plus de détails dans les paysages et scènes par exemple. Je n’aime pas cette façon qu’elle a de hachurer partout pour donner du volume, du relief ou bien accentuer un détail, montrer un mouvement, indiquer qu’il fait mauvais temps… Il y a trop de hachures au point que parfois on ne sait même pas forcément ce qu’elle a voulu appuyer dans son dessein et on ne sait pas ce que représentent tous ces traits. Par exemple, quand Jacob découvre l’orphelinat en ruine, les hachures peuvent aussi bien représenter le sale temps, le fait qu’il fasse sombre, que ce soit un endroit glauque, qu’il y ait plein d’herbe par terre, ou un gloubiboulga de tout ça… Non, je n’accroche définitivement pas à son style.

Malgré cela, les personnages, eux, sont bien dessinés. Mais le côté un peu abstrait de la dessinatrice permet de ne pas avoir une image trop marquée d’eux et de pouvoir donc s’en détacher par la suite pour le film, ou si on relit le roman. C’est donc un bon point.

Les monstres aussi sont très impressionnants. Moins humains encore que dans les représentations faites dans le roman. En parlant de ça, dans la bande annonce du film, les monstres sont encore moins humains que ça. Ce qui promet de faire peur (mais peut-être aussi de ne pas me plaire car de ne pas assez coller au livre…).

Un autre point me chiffonne : je ne suis pas fan du tout des onomatopées à gogo, que l’illustratrice a placé à tort et à travers. Il y en a pour tout et rien : les claquements de pieds sur le plancher, un « plouf » de plongeon mais écrit en énorme dans la case alors que ça n’a pas lieu d’être… On a aussi énormément de mots écrits en gros dans les cases décrivant des actions, tel que « pousse », « traîne », comme pour appuyer l’action qui est en cours, mais j’ai trouvé ça gênant. Premièrement parce que ça prend toute la place de la case, deuxièmement parce que ça donne un peu l’impression de prendre le lecteur pour un débile ne pouvant pas décrypter l’action de la case sans ça (ou que la dessinatrice ne savait pas trop comment faire comprendre tel mouvement par le dessin, donc elle a fini par écrire le mot en toutes lettres pour contourner l’obstacle).

Le récap’ :

Points positifs :

  • Une bonne reprise au niveau scénario, qui plaira aux fervents défenseurs de l’adaptation au mot près.
  • Un bon compromis si on veut se mettre au fait de l’histoire, sans lire le roman complet, avant de se plonger dans le film.
  • Ce qui faisait le charme du livre est gardé pour la BD : les photos des enfants particuliers.

Points négatifs :

  • Un style d’illustration qui ne m’a personnellement pas plu, car il ne le colle pas du tout au style du roman.
  • Des onomatopées à gogo qui troublent la lecture plus qu’autre chose.

Joyeuse découverte littéraire les loulous !