Il était temps ! Il était grand temps que nous nous intéressions à Hellboy, la créature venue des Enfers créée par Mike Mignola. Depuis près de vingt-cinq ans, ce héros combat des forces occultes et sa propre nature. Et, voici, enfin notre critique du tome 1 de la série, Les Germes de la Destruction, publié par Delcourt.
Mike Mignola a créé en 93 le personnage de Hellboy, un colosse rouge aux cornes limées et avec un bras plus large que l'autre. Muni de son imper et de ses flingues, il enquête sur des affaires occultes le faisant affronter des gorilles scientifiques ou des chiens géants. Les Germes de la Destruction est la première mini-série consacrée au héros.
Je n'avais jusque-là jamais lu d'histoire complète de Hellboy, faute de temps. Faut dire que les planches que j'avais vue de diverses BD et l'ambiance générale qui s'en dégage m'avait conforté dans l'idée que j'allais immédiatement aimer la série de Mignola. Alors, plutôt que d'y consacrer du temps à la découvrir complètement, j'ai préféré repousser ce moment. Maintenant que j'ai terminé ce premier tome, autant vous dire que mon impression avant lecture était plutôt bonne même si j'émets quelques réserves.
Co-écrite par John Byrne ( Uncanny X-Men, Superman, Fantastic Four...), l'histoire de ce premier volume nous révèle les origines terrestres de Hellboy. Le volume s'ouvre justement sur comment les Nazis ont fait appel à Raspoutin pour invoquer la créature sur Terre afin de changer l'issue de la Seconde Guerre Mondiale. Mais, suite à une mauvaise manipulation, elle est arrivée chez le Professeur Trevor Bruttenholm, un universitaire britannique, qui le surnomma Hellboy et l'éleva comme son propre fils.
L'histoire se déroule cinquante ans après ces événements. Dans le QG du Bureau for Paranormal Research and Defense - ou B.R.P.D., Hellboy est en compagnie du Professeur Bruttenholm qui ne semble plus avoir toute sa tête. Il s'avère qu'il a disparu deux ans après une excursion au cercle polaire et Hellboy essaie de savoir ce qui s'est passé. C'est alors qu'une nuit de grenouilles s'abat sur les deux hommes et qu'un batracien humanoïde tue le professeur. Après avoir vengé la mort de son père adoptif, Hellboy enquête sur la mort de Bruttenholm ce qui l'emmène dans le manoir des Cavendish accompagné par deux autres membres du B.R.P.D., Liz Sherman et Abe Sapien.
Comme nous pouvions nous y attendre, son séjour dans ce manoir ne sera pas de tout repos. Ses amis disparaîtront. La menace batracienne se révélera et forcera Hellboy a joué des points et d'astuce.
Mignola a de nombreuses influences dans ce récit. Il est assez évident qu'il veut imposer une atmosphère proche des récits de H.P. Lovecraft tout en livrant une histoire respectant les codes de celles des super-héros. Sur l'ensemble, l'influence de Lovecraft est plus que palpable. Il y a des hommages disséminés un peu partout dans les quatre chapitres qui forment Les Germes de la Destruction. Toute cette atmosphère est propulsée par le style unique de Mignola.
Les dessins sont merveilleux de bout en bout. Le trait est anguleux et précis. Le dessinateur s'amuse avec les ombres et les perspectives donnant à l'architecture une véritable envergure. Les créatures sont quant à elles très vivantes grâce aux effets de matière qu'il leur donne. Ainsi, chaque case est fort agréable à regarder. La narration n'est pas moins réussie. Le dessinateur donne volontairement un aspect figé à certaines scènes accentuant leur importance alors que les scènes d'action sont très efficaces et dynamiques.
Malheureusement, l'histoire n'est pas aussi réussie que le dessin. Certes, elle ne semble être qu'un morceau d'un puzzle plus vaste. D'ailleurs, cet aspect est plus que réussi. Mais, le début est plutôt bavard et amène lentement la situation. Il y a aussi le syndrome Harry Potter dans le sens où Hellboy est central dans l'histoire - avec une grande destinée, tout ça... - mais, finalement, ce sont ses amis qui réalisent l'exploit et sauvent la situation (ou presque). A voir, si Mignola a engendré un mauvais gimmick, ou bien, si le tome suivant rattrape cette (petite) erreur.
Hellboy Tome 1 : Les Germes de la destruction
Delcourt * Par Mike Mignola & John Byrne * 14€95
Il n'y a pas l'ombre d'un doute : Hellboy est à découvrir ne serait-ce que pour les dessins somptueux de Mignola. L'histoire, co-écrite par Byrne, est très sympathique et semble surtout être les germes d'un grand univers plutôt que d'une destruction. Je vais m'empresser de lire la suite.