Les règles d’usage – Joyce Maynard

Par Cpmonstre

Petite nouveauté de la rentrée littéraire et des éditions Philippe Rey (que je commence vraiment à aimer de tout coeur)(éditeur de Joyce Carol Oates, entre autres), Les règles d'usage fût ce qu'on appelle une très jolie lecture et bien belle surprise.

Juste avant de commencer, j'aimerais commenter cette photo. Bon déjà, je ne vous ai pas mis la photo du bouquin APRÈS lecture, il est dans un état épouvantable. Et oui c'est bien jolie les couvertures non plastifiées, mais quand tu voyages, elles prennent cher. Alors entre les gouttes de café, une tâche de vinaigrette et la saleté inhérente à mon sac à dos quand je suis partie à Londres, le livre n'est plus du tout présentable. Enfin, parlons de Rosie le rosier. Je vous l'avais présenté dans mon billet HHhH et je vous avais dit que je n'étais pas douée avec les plantes. Voilà, c'est la mort dans l'âme que je vous annonce que Rosie est... décédé. Il n'a pas survécu à mon absence. J'ai eu beau le soigner, lui enlever les feuilles et les fleurs mortes pour que les tiges restantes respirent, mais rien n'y fit. Ainsi, ayons tous ensemble une minute de silence pour Rosie le rosier, brave compagnon pimpant qui croquait la vie à pleine dent.

Merci Patrick.

BIEN. Sur ce, commençons notre retour sur le nouveau roman de Joyce Maynard.

Wendy, treize ans, vit à New-York avec sa mère et son beau-père. Entre les cours de clarinette, les virées avec sa meilleure amie Amelia et ses petits soucis de jeune fille sortant à peine de l'enfance, Wendy est une ado très normale. Malheureusement, l'histoire débute en septembre 2001, le 11 plus précisément, et la mère de Wendy, travaillant comme secrétaire dans une des tours jumelles, ne rentrera évidemment jamais à la maison. Le petit monde de Wendy éclate alors avec une telle violence qu'il devient inimaginable de pouvoir avancer et recommencer à vivre. Et pourtant...

C'est vraiment avec une plume très délicate, tendre et humaine que Joyce Maynard nous embarque dans cette histoire poignante. En nous livrant un roman sur le deuil - comment affronter la perte brutale d'un être aimé, comment surmonter le regard et la compassion parfois étouffante des autres -, mais également sur l'adolescence, l'auteur prouve un talent rare pour esquisser les relations humaines et familiales.

Déjà, je commencerai par féliciter Joyce Maynard pour avoir réussi à retranscrire ce que c'est que d'avoir 13 ans. J'ai souvent lu des romans avec des ados insupportables, tête à claques ou alors tellement parfaits et " cool " que ça en devenait agaçant. Ici, c'est très différent, puisque Maynard arrive à peindre le portrait de l'adolescence avec une telle justesse que j'ai eu parfois l'impression qu'elle parlait tout simplement de la jeune ado que j'ai été.

Le roman est d'ailleurs à l'image de son héroïne, Wendy, évoluant au fur et à mesure que les pages défilent, prenant de l'épaisseur et de la profondeur, grandissant et murissant sans qu'on s'en rende compte jusqu'à la toute dernière page. Le récit prend alors les allures d'un roman initiatique particulièrement saisissant.

D'autre part, ce que j'ai particulièrement aimé c'est la description des scènes de vie qui, à travers les souvenirs de Wendy, de sa vie " d'avant ", reconstitue le visage et la personnalité de la mère. Le " avant " quand Wendy vivait seule avec elle, quand son beau-père véritable boute-en-train est arrivé dans leur vie, les relations particulières avec son père biologique absent avec qui Wendy va tenter de recoller les morceaux, puis le " après ". Fuyant sa vie new yorkaise pour la Californie, Wendy va faire la rencontre d'autres personnages, des " gueules cassées " qui comme elle tentent de se faire un petit chemin à travers les joies et les peines de l'existence.

On s'attache à tous ses personnages, on a envie de boire une bière avec eux et de regarder le paysage désertique de Californie sans broncher. On ne veut pas les quitter.

Les règles d'usage est donc un de ces romans à retenir et à lire dans cette rentrée littéraire foisonnante. Une bien belle échappée émouvante.