Journal d'un vampire en pyjama, Mathias Malzieu

Par Sara

Voilà un roman dont vous avez certainement entendu parler! Le fameux Journal d'un vampire en pyjama, dont le titre prédit le traitement décalé d'un sujet grave, a rencontré depuis sa parution en janvier, un franc succès. Comme il figurait dans la sélection d'octobre du Grand Prix des Lectrices de Elle, j'ai eu la belle opportunité de le découvrir à mon tour.


L'excellent accueil reçu par le roman de Mathias Malzieu doit beaucoup, je pense, au recul et à l'humour qui le portent.

C'est sans doute ce qui se remarque en premier : alors même que le narrateur se présente, parle de lui, puis relate l'annonce de sa maladie, le lecteur est frappé par le ton humoristique et léger qui est adopté, et qui donne à ce qui tient du drame personnel, une dimension surréaliste, drôle, alors que la situation est terrible.

L'auteur parvient en effet à véhiculer avec brio sa vision très optimiste de ce qui lui arrive, là on l'on imagine combien il serait normal de sombrer dans la morosité, dans la peur, dans la solitude. Mathias Malzieu, lui, joue avec les mots, se joue de lui et de sa condition, la compare à celle du vampire, et applique à tout ce qui l'entoure et lui advient un filtre qui rend cette réalité supportable, où la menace de la mort prend les traits de Dame Oclès, où les examens et les différentes étapes de la maladie sont relativisés sans être occultés.

Au-delà de ce qu'il y a de courageux dans la démarche (et qui est évident), Mathias Malzieu propose une expérience plutôt qu'une histoire, et offre un regard désopilant et toutefois intime sur la maladie, cet accident à la fois si banal et si redouté, soudain appréhendé avec ce qui s'apparenterait presque à une sorte d'apaisement.

Quant à l'écriture, elle brille, elle apprivoise, on trouve un sens exquis de la formule, des mots-valises à foison, l'auteur réinvente les mots en les utilisant dans un contexte inhabituel, il crée une langue très personnelle.

Une douce lecture!


"Je suis un drogué du panache. J'ai des cavernes d'Ali Baba plein le crâne, à s'en faire claquer les orbites. Je ne m'ennuie jamais, sauf quand on me ralentit. J'ai dans le cœur un feu d'artifice. Véritable homme-volcan, c'est de la lave qui coule dans mon sang. Je cherche le spasme électrique de la surprise. Je ne sais pas vivre autrement."

"Ma seule possibilité de résister, c'est d'écrire. L'urgence fait pousser des graines de livres en moi. Je les arrose toutes et m'applique à penser que je vais trouver mon haricot magique pour crever le plafond de l'hôpital."

"Mon petit monde ne s'est pas écroulé, moi non plus. Il semblerait que Dame Oclès ne m'ait pas suivi, elle doit m'attendre à l'hôpital.
[...]
On se réhabitue vite aux choses du tendre quand on revient d'un champ de bataille."