Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle

La vie brisée de Pauline Dubuisson

Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle

Je remercie les éditions J’ai lu et Babelio pour ce Masse critique

L’histoire :  

Pauline Dubuisson est une femme qui a été condamnée pour le meurtre de son ex-fiancée. Libérée elle fuit la France pour redevenir anonyme. L’auteur nous emmène dans le secret de ses carnets de mémoires.

1961. Après avoir vu La Vérité de Clouzot, inspiré de sa vie et dans lequel Brigitte Bardot incarne son rôle de meurtrière, Pauline Dubuisson fuit la France et s’exile au Maroc sous un faux nom. Lorsque Jean la demande en mariage, il ne sait rien de son passé. Il ne sait pas non plus que le destin oblige Pauline à revivre la même situation qui, dix ans plus tôt, l’avait conduite au crime. Choisira-t-elle de se taire ou de dire la vérité ? Jean-Luc Seigle signe un roman à la première personne où résonnent les silences, les rêves et les souffrances d’une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps.

Editeur :Editions J’ai Lu – 255 pages | Sortie : 06/01/2016

L’auteur : 

Jean-Luc Seigle, né dans le Puy de Dôme, près de Clermont-Ferrand est un auteur et scénariste français pour la télévision, le théâtre et le cinéma et dramaturge (auteur de sept pièces de théâtre, dont Excusez-moi pour la poussière). Il a publié cinq romans: « La nuit dépeuplée » en 2001, « Le sacre de l’enfant mort » en 2003, « Laura ou Le secret des 22 lames » en 2006, « En vieillissant les hommes pleurent » en 2012 (GrandPrix RTL-Lire) et « Je vous écris dans le noir » en 2014 (Grand Prix des Lectrices ELLE 2016, catégorie roman).
Sources: Babelio.com

Mon avis : 

Il y a un moment de cela j’ai découvert ce roman et son auteur lors de l’émission La Grande Librairie. J’ai tout de suite été séduit par l’histoire et convaincu par les mots de Jean-Luc Seigle. Je n’ai pas été déçu de le lire. Au contraire, ce roman est très émouvant et intense. On apprend à découvrir Pauline Dubuisson et ce qu’il lui a été reproché. D’elle je ne connaissais que vaguement son histoire, un crime pour lequel elle avait échappée à la peine de mort.

Ce roman écrit à la première personne nous entraîne donc dans la vie et les pensées de Pauline. Pauline qui fuit la France après avoir quitté la prison se retrouve à Essaouira sous un autre nom. Elle finit par tomber amoureuse de Jean. Ce dernier la demande en mariage et c’est là qu’elle décide de lui dire, ou plutôt lui écrire la vérité sur qui elle est. Petit à petit elle dévoile son passé, ce qui la passionnait, son amour indéfectible pour son père, sa vie de famille et ses souffrances issues des hommes.

Un destin fracturé

Pauline relate donc son enfance, sa vie de jeune fille avec une famille marquée par les guerres.  Elle parle de son envie de devenir médecin, son expérience en tant qu’infirmière dans un hôpital géré par les allemands, de la fin de la guerre et son flot de jugement expéditif. Elle parle de sa première reconstruction et de sa rencontre avec Félix. Puis de la façon dont elle finit par le tuer. En parallèle de ses éléments de sa vie, elle nous retrace son procès, les mots des juges et des témoins, de la VOX POPULI qui demande – encore une fois – sa mise à mort.

Ce qui gênait mes accusateurs, c’est que je n’avais pas l’allure de mon crime

On est affecté par sa solitude, sa détresse, sa perte de foi en la vie. Lorsque l’on lit les passages sur son adolescence on est peiné de la façon dont elle va être jugée au moment de la libération. On est affecté par ses souffrances qui l’incitent à s’extraire du monde des vivants.

Si Pauline a commis des erreurs ce sont les hommes qui l’ont brisé, ils ont soufflé petit à petit sa flamme de vie. Un roman qui touche et qui met mal à l’aise.

Le style

Écris à la première personne, le roman captive rapidement le lecteur. On oublie l’auteur pour ne plus voir que Pauline Dubuisson coucher sur des feuilles son histoire. Les chapitres s’enchaînent rapidement et beaucoup d’intensité, de violence parfois et d’espoirs gâchés.

Mon petit point positif :

La façon dont l’auteur parvient à se substituer à Pauline pour la faire vivre à travers les pages, avec tendresse et compassion.