« Marie-Antoinette: La jeunesse d’une reine » de Fuyumi Soryo (Spécial « histoire d’une reine » #1)

History or not history

Moi (Devant une gare, les bras croisés et la voix tendue): Cela n’a rien à voir ! Ils ont pris cette histoire et l’ont mis à leurs sauces.
Catherine (Levant les yeux au ciel): N’importe quoi ! Ils ont fait de nombreuses recherches pour qu’elle soit la plus vraisemblable. Tu ne peux pas nier ça ?
Moi (têtue et la regardant droit dans les yeux): Bien-sûr que si !
Chéri (s’arrêtant face à nous, perplexe): Vous savez que l’on va rater le train si vous continuez à vous disputer. Et puis de quoi vous parlez ?
Catherine et moi (en même temps): Mulan !

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AUTEUR: Fuyumi Soryo
TITRE: MARIE-ANTOINETTE: La jeunesse d’une reine
EDITEUR, ANNEE: Glénat, 20016
NOMBRE DE PAGES: 169 pages.

Adapter un personnage historique, en roman ou au cinéma, n’est pas chose facile. Certains vous reprochent d’être loin des faits réels, d’autres découvriront par ce biais, une époque historique qui leur était, jusqu’à maintenant, totalement inconnue. Le choix de Mulan dans mon introduction n’est pas anodin car il y’a eu une polémique concernant le premier choix d’actrice pour jouer son rôle. Et je partage tout à fait le mécontentement des fans de l’animé.

Mais voyons le cas de Marie-Antoinette. Elle est une figure historique qui a inspiré de nombreux artistes et auteurs. A travers de nombreuses œuvres, différentes facettes de cette reine nous sont dévoilés: Parfois cynique, parfois complaisante.
Sur ce point se pose la fameuse question: Sont-ils proches des faits historiques ?
Certains sont fort bien rédigés et bien documentés tels que la biographie de Stefan Zweig. D’autres y apportent quelques modifications avec, par exemple, de nouveaux personnages, mais reste, dans le fond et par certains instants, assez proche historiquement comme « Lady Oscar: La rose de Versailles » de Riyoko Ikeda.
Et il arrive, avec certains, que l’on reste surpris dès la première page. Puis on se demande où tout cela va nous emmener. Ce fut le cas avec « Marie-Antoinette: la jeunesse d’une reine » de Fuyumi Soryo.

Résumé:
Vienne, 1770. La jeune Antonia, fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, entreprend un voyage pour vivre auprès de son mari, le dauphin de France Louis-Auguste.
Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais vus, et pourtant ils se sont juré amour et fidélité afin de réconcilier leurs nations respectives.
Rapidement présentée à celui dont elle devra partager la vie, « Antoinette » se retrouve propulsée dans un nouveau monde : la cour de Versailles.
C’est là, dans cet environnement aux codes si déroutants, qu’elle va apprendre à découvrir la personnalité de son époux si mystérieux : Louis XVI, futur roi de France… L’amour pourra-t-il naître d’un mariage arrangé ?

Connaissant la mangaka Fuyumi Soryo par sa série « Mars » (chronique à venir. Cette série est juste… Whaouh !) et à l’annonce de la sortie de ce volume sur Marie-Antoinette, j’avais hâte de voir ce qu’allait nous offrir ce one shot. Et je l’ai enfin lu… Pour commencer, voyons la forme: les dessins sont superbes ! Le coup de crayon de Fuyumi Soryo est très agréable et riche en détails.  Marie-Antoinette, autant l’adolescente que l’adulte, est vraiment mise en valeur au sein de ce manga.

« Marie-Antoinette: La jeunesse d’une reine » de Fuyumi Soryo (Spécial « histoire d’une reine » #1) « Marie-Antoinette: La jeunesse d’une reine » de Fuyumi Soryo (Spécial « histoire d’une reine » #1)

On reste admiratif devant tout le travail fourni par la mangaka pour reproduire le château de Versailles, ses salles et ses jardins. Il est de même pour les coiffures, les tenues de cette époque et les personnages qui entourent Marie-Antoinette, dont le futur roi, Louis XVI.

Cliquer pour visualiser le diaporama.

En ce qui concerne le graphique, ce manga remporte haut la main le pari de nous mettre pleins les yeux. D’ailleurs, pour notre plus grand plaisir, nous avons à la fin quelques pages en couleurs sur les différentes œuvres vues et pièces du château de Versailles visitées par Fuyumi Soryo.

Je suis toujours aussi fan de son style et nullement déçue sur ce point-là. Maintenant, pour le fond, je vous avoue être dubitative. Dès la première page, je suis restée figé sur l’apparence de Louis XVI: élancé, blond, les traits fins… Toutes les caractéristiques typiques du personnage principal masculin de Shojo et bien éloignées de sa véritable image (homme timide, un peu rondouillard, peu sûr de soi…). Marie-Antoinette nous est présentée comme une jeune fille innocente choisie pour « le sacrifice »… En tout cas, c’est la sensation qu’elle donne. Sur ce point encore, nous avons un auteur très complaisant pour l’image de la dernière Reine de France.
Le manga est vraiment dirigé vers la romance tout en étant peu pointilleux sur les événements historiques qui sont survolés (peu d’image sur les complots de la cour, on ne voit pas Paris, ni sa population etc…)

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Conclusion:

Après avoir fini ma lecture, j’ai eu la sensation d’avoir simplement lu un habituel Shojo qui a été transporté dans l’histoire de Marie-Antoinette: L’amour de deux adolescents pleins d’innocence dont on n’attend qu’ils prennent très vite leurs responsabilités que leurs statuts imposent.

Étais-je déçue ? Oui et non. Fuyumi Sory est une mangaka que j’apprécie beaucoup depuis sa série Mars et je suis contente d’avoir acheté une de ses nouvelles œuvres. Les graphismes sont toujours aussi beaux et nos regards se promènent avec délice au fil des pages. Les sentiments de la jeune Marie-Antoinette déracinée et arrivant dans une nouvelle société où tous lui est inconnu est très bien décrits. On s’ y attache très vite, il faut l’avouer.

Du point de vue historique, là j’ai eu un peu de mal. Certes, lorsque l’on prend comme thème la vie de Marie-Antoinette, on s’attends évidemment que les auteurs ou réalisateurs se permettent quelques libertés. Mais tant que les intrigues principales et la montée de la Révolution jusqu’à son éclatement sont présentes, cela ne me dérange pas plus. Mais dans ce manga, la version historique a été très édulcorée pour nous donner une jolie petite romance et  un couple attendrissant. Le récit s’arrête d’ailleurs sur un final abrupt, laissant un goût d’inachever. Où est le peuple parisien, la colère montante, la Révolution, Fersen, les complots de cour ?

Bref, si vous arrivez à passer outre ce manque historique, la beauté des images et la romance sauront vous charmer. Pour les plus pointilleux, passez votre chemin pour éviter les grincements de dents.

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N’hésitez pas à jeter un coup d’oeil sur le second article pour ce spéciale « Histoire d’une reine » qui arrive bientôt !