Dorés et brochets. — Ces deux poissons d’eau douce se nourrissent de façon
On retrouve les mêmes attitudes chez les humains. Entre autres, chez les joueurs d’échecs. Les dorés symbolisent ceux qui privilégient les combinaisons savantes, les tactiques ardemment élaborées, analysées. Ils suent. Quant aux brochets, ils jouent la position, la stratégie, se contentant de placer leurs pièces où elles auront le plus d’impact, ils attendent patiemment que l’adversaire fasse une erreur et offre une occasion de gain.
Et chez les écrivains : les écrivains-dorés choisissent leur sujet avec soin, se document, font un plan, polissent et repolissent le style… Alors que les écrivains-brochets attendent que la vie et l’inspiration déclenchent soudain en eux une pulsion irrésistible d’où jaillira un ouvrage de fiction.
Observez bien dans votre quotidien, autour et, sans mal, vous distinguerez, non pas des Pokémons, mais des dorés et des brochets dans tous les métiers, toutes les professions.
Lecture d’un essai sur Jakob Böhme.* — J’ai toujours admiré ce cordonnier
Pas facile de parler de Dieu, de se l’expliquer et d’être compris. Mes propres insuffisances ou celles de Bœhme ? Ou de l’essayiste ? Et si la réponse était plus simple. Si comme espèce nous ne possédions pas (ou peu) l’équipement mental nécessaire à la métaphysique ? Cela expliquerait la multitude des écoles aux cheminements orbiculaires, qui entretiennent un dialogue de sourds (parfois bruyant) depuis les présocratiques.
Il nous est impossible d’expliquer Dieu, de le circonscrire dans des concepts abstrus. Nous pouvons l’appréhender, admirer son œuvre à travers ses signatures que nous offre nature, tenter de collaborer à ce que nous croyons être les objectifs de l’Esprit en travail dans le temps et l’espace… Mais nous avançons dans un brouillard dense, qui se lèvera peut-être dans le prochain état d’être.
(* Émile Boutroux, Le philosophe allemand, Jakob Böhme.)
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon