Le vieux saltimbanque a tiré sa révérence le 26 mars dernier. Un mois plus tôt paraissait ce recueil en forme de testament littéraire. L’auteur de Légendes d’automne y relate ses souvenirs, fragments de vie remontant de façon aléatoire le cours d’une mémoire forcément sélective. Une autobiographie à la troisième personne pour « échapper à l’illusion de la réalité » dont chaque épisode est pourtant on ne peut plus véridique. En vrac, il parle de la perte de son œil gauche à l’âge de sept ans, de la mort de sa sœur à dix-neuf ans et de celle de son père dans un accident de la route. Autres thèmes abordés, le mariage, son infidélité et son alcoolisme chroniques, sa passion pour la cuisine, le sexe, les femmes, le vin et la France. Mais aussi son parcours professionnel depuis sa décision de devenir poète à l’adolescence, ses années de prof de fac, sa difficulté à vivre de sa plume et la manne assurée par l’écriture de scénarios pour Hollywood.
La nature reste au cœur de son existence, dans le Montana et en Arizona. L’épisode le plus cocasse et le plus touchant est celui où il raconte avoir acheté sur un coup de tête une truie enceinte et passé les mois suivants à voir grandir avec amour les porcelets. Une passion dévorante où le vieil homme, débordant de tendresse, semble parfaitement épanoui. Moins reluisantes ses frasques alcoolisées, son attirance pour les étudiantes ou son incapacité à gérer correctement l’argent gagné au fil des années.
J’ai adoré retrouver l’écriture fluide et bourrue, la légèreté de ton et l’humour d’Harrison. Aucune tristesse dans ces pages où ne cesse de planer l’ombre de la Grande Faucheuse. Beaucoup d’humilité et de lucidité, une bonne dose d’autodérision aussi, notamment lorsqu’il relate la disparition du désir et de sa virilité, sa crainte de finir sur le banc des vieux croulants installés face à l’hôtel de ville que tout le monde surnomme « le banc des bites mortes ».
Un recueil comme une dernière salve, sincère et malicieuse, sans le moindre filtre, à l’image de ce grand monsieur libre et indomptable qui n’aura cessé de brûler la chandelle par les deux bouts.
Le vieux saltimbanque de Jim Harrison. Flammarion, 2016. 150 pages. 15,00 euros.
La nature reste au cœur de son existence, dans le Montana et en Arizona. L’épisode le plus cocasse et le plus touchant est celui où il raconte avoir acheté sur un coup de tête une truie enceinte et passé les mois suivants à voir grandir avec amour les porcelets. Une passion dévorante où le vieil homme, débordant de tendresse, semble parfaitement épanoui. Moins reluisantes ses frasques alcoolisées, son attirance pour les étudiantes ou son incapacité à gérer correctement l’argent gagné au fil des années.
J’ai adoré retrouver l’écriture fluide et bourrue, la légèreté de ton et l’humour d’Harrison. Aucune tristesse dans ces pages où ne cesse de planer l’ombre de la Grande Faucheuse. Beaucoup d’humilité et de lucidité, une bonne dose d’autodérision aussi, notamment lorsqu’il relate la disparition du désir et de sa virilité, sa crainte de finir sur le banc des vieux croulants installés face à l’hôtel de ville que tout le monde surnomme « le banc des bites mortes ».
Un recueil comme une dernière salve, sincère et malicieuse, sans le moindre filtre, à l’image de ce grand monsieur libre et indomptable qui n’aura cessé de brûler la chandelle par les deux bouts.
Le vieux saltimbanque de Jim Harrison. Flammarion, 2016. 150 pages. 15,00 euros.