Si le roman débute comme un simple portrait social un brin caricatural, il s’oriente doucement vers le drame et affine ses personnages alors qu’on réalise peu à peu que leur principale complexité réside dans leur extrême et basique simplicité. Ils n’ont ni morale ni éducation, un langage cru et une sexualité débridée, une appréciation toute personnelle de la foi, pratiquent un racisme ordinaire et atavique et, finalement, sont d’autant plus attachants qu’ils n’ont que des défauts.
Au final, sa description d’une région sclérosée est faite avec beauté. De fait, alors qu’on s’approche d’une chute tragique et inéluctable, on se prend d’empathie pour des personnages qu’on pourrait facilement détester ou mépriser. Car, et c’est probablement là tout le talent d’Erskine Caldwell, il arrive à glisser de la poésie dans le portrait qu’il brosse d’une population qui en manque cruellement.