Morwenna est un livre que j'ai découvert, pour la première fois, sur les étagères d'un libraire. J'en ai ensuite entendu parler sur les blogs. Les avis avaient l'air élogieux et j'ai eu envie de tenter l'expérience, malgré une quatrième de couverture qui ne me tentait pas. Le livre avait tout de même gagné plusieurs prix littéraires : le prix Higo, le prix Nebula et le British Fantasy Award. Même si je ne suis pas réellement attachée aux différents prix littéraires, peu de mauvais livres sont primés. J'ai donc laissé une chance à ce livre.
J'ai eu quelques difficultés à rentrer dans le livre au début car je ne m'attendais pas du tout à cela mais ce fut une belle expérience.
L'histoire
" Morwenna Phelps, qui préfère qu'on l'appelle Mori, est placée par son père dans l'école privée d'Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l'a laissée handicapée et l'a privée à jamais de sa soeur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silberberg peuplent ses journées, la passionnent. Un jour, elle reçoit une photo où sa silhouette a été brûlée... Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa propre mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre. "
Morwenna et Morganna sont des jumelles de 15 ans en lutte avec leur mère. Lors d'un accident de voiture, Morganna meurt et Morwenna est grièvement blessée à la jambe et au bassin. En sortant de l'hôpital, cette dernière s'enfuie de chez sa mère qu'elle juge responsable de l'accident. Alors qu'elle souhaitait vivre avec sa tante et son grand-père, elle est recueillie par son père, Daniel Markova, qu'elle n'a jamais connu. Ce dernier l'envoie dans un pensionnat anglais de jeunes filles, Arlinghurst, à la campagne. Cette jeune galloise va devoir s'habituer aux mœurs anglaises. Le sport est une des activités principales du pensionnat mais Mor ne peut le pratiquer à cause de sa jambe, à la place elle lit, beaucoup, de la science-fiction et de la fantasy. Elle va même découvrir un club de lecture au village auquel elle participera tous les mardis soir.
Mais Mor n'est pas une jeune fille comme les autres, elle fait de la magie et elle voit les fées. Sa mère est une sorcière dangereuse et néfaste qui veut prendre le pouvoir et qui l'attaque régulièrement. Mor trouve dans les livres et sa nouvelle vie la force de lutter contre cette menace.
Ce roman est une surprise, je ne m'attendais pas du tout à ça. Le résumé m'avait fait penser à une histoire plus épique alors que ce n'est pas du tout le cas.
Ce livre suit l'évolution de Mor entre septembre 1979 et février 1980 au travers de son journal intime. On la voit au travers des ses écrits se remettre de la mort de sa sœur jumelle et accepter son handicap. On retrouve de nombreux questionnements d'adolescent sur l'amour, le sexe, les rapports humaines et ce sentiment de différence. Mor se sent différente, à part et cela par rapport à deux choses : la magie et la lecture. Mor fait de la magie, elle a appris avec sa sœur et les fées mais elle veut utiliser la magie à bon escient. Elle a une véritable conscience des conséquences que pourraient avoir ses actes. Mor est aussi une grande lectrice, elle lit jusqu'à 8 livres par semaine (j'en suis incapable). Vu qu'elle ne fait pas de sport, elle passe ce temps libre à lire à la bibliothèque du pensionnat. Morwenna ne lit quasiment que des livres de SFFF et quelques classiques dont de la poésie. Elle veut devenir poétesse plus tard. Elle fait la découverte d'un club de lecture de science-fiction organisé par la bibliothèque chaque mardi soir. Cela nous permet de découvrir de nombreux romans de science-fiction et de fantasy publiés avant 1980. Après lecture de ce livre, on a une PAL énorme de SFFF à lire. Je connaissais un bon nombre des auteurs mais je n'ai jamais pris le temps de lire leurs œuvres, je pense m'y mettre.
Je reviens sur un point important du livre, la magie. J'ai apprécié la manière dont est envisagé la magie dans ce livre. La magie n'existe que pour ceux qui y croit, ou qui sont initiés. Par exemple pour les fées, seul quelqu'un qui y croit et qui veut les voir peut les voir. La magie est un peu pareil. Si on ne croit pas à la magie, on peut trouver une explication logique à chaque intervention de la magie mais si on n'y croit on sait comment elle est intervenue. On est loin de la magie grandiloquente, avec des grands tours et tout le reste. Cette magie et les fées sortent du folklore gallois. Je connais mal ce folklore mais j'ai envie d'aller y jeter un coup pour mieux comprendre certains points du livre. Si vous avez des références sérieuses sur le sujet, je suis preneuse.
J'ai aussi eu envie de me balader dans les paysages gallois qui sont bien mis en valeur. Il me manquait juste une carte car je ne maitrise pas du tout la géographie galloise et j'étais parfois un peu perdue.
Plus qu'un livre de fantasy, ce roman est une histoire de deuil. La fantasy n'y est qu'un prétexte, un motif dans ce roman même s'il en fait son charme. Morwenna apprend dans son pensionnat à faire le deuil de sa sœur et celui de son ancienne vie. Elle grandit et elle réapprend à vivre. Cela se ressent particulièrement dans le parallèle entre la scène de Halloween et celle de fin du roman. Les romans, ses nouveaux amis lui ont redonné goût à la vie et lui ont montré que cela valait le coup de continuer. C'est un joli message d'espoir.
Pour conclure
Ce roman est un joli conte emprunt de folklore. Le discours sur le deuil et l'adolescent est fin et juste. Une jolie ballade à découvrir !
En attendant de lire vos commentaires sur ce livre, je vais aller compléter ma PAL de SFFF avec tous les titres proposés dans ce roman. Bonne lecture et à demain pour notre rendez-vous hebdomadaire.
Références : WALTON, Jo. Morwenna. Paris : Folio, " Folio SF ", 2016. 418 pages.