Nous sommes en Allemagne dans les années 40. Schroeder, naturaliste et taxidermiste, se découvre une passion pour le grand-bi, ce vélo à la roue avant de grand diamètre, une plus petite roue à l’arrière. Les habitants de Cobourg, son village, assistent à sa pratique et, rapidement, celle-ci suscite des réactions qui dépassent largement le domaine cycliste.
A la lecture des premières pages, j’ai pensé n’avoir affaire qu’à un livre modeste, dont la bonne histoire, un brin naïve, ne dépasserait pas le caractère plaisant et factuel. Mais ce roman se révèle être plus que ça et a finalement une profondeur que je ne soupçonnais pas de prime abord. En effet, assez vite, Uwe Timm aborde des sujets de société ainsi que des notions abstraites et le fait avec beaucoup d’aisance. Ainsi, il est question du rapport hommes femmes et de ses (in)égalités, de l’opposition entre le progressisme et le conservatisme et surtout de la manière dont on peut bouleverser mœurs ou mentalités en combattant le scepticisme par la démonstration sportive. Le livre contient donc certaines scènes aux multiples niveaux de lecture, je pense notamment au long et délectable discours du Docteur Orloff, fameux conférencier, adversaire acharné du bicycle.
Cela dit, lecteurs, attention, ne vous attendez pas à un ouvrage philosophique ou sociologique, L’homme au grand-bi reste l’histoire d’un candide en Bavière et est avant tout un roman. Un bon roman.