Je te hais, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...
Une tragédie familiale comme on espère ne jamais en vivre (ou en entendre parler)...
Pourquoi maman et papa ne s'aiment-ils plus ? Pourquoi faut-il qu'on vive avec papa ? Il est super-gentil, mais vraiment on ne peut pas sentir Netta.
Et qu'est-ce qu'on s'ennuie à la campagne ! Papa nous y a emmenés parce qu'il voudrait qu'on aime notre nouvelle maman, cette horreur de Netta.
Aujourd'hui papa est parti voir grand-mère et, dans la maison, il n'y a plus que Netta et nous quatre les enfants.
Netta va être tellement surprise quand on va lui parler du jeu qu'on a imaginé. Qu'est-ce qu'ils sont mignons, va-t-elle penser. Mais c'est pas du tout un jeu, c'est sérieux...
J'ai choisi de lire ce livre dans le cadre du n°50 : Défi lecture 2016 pour la catégorie Un livre choisi juste pour le titre sans regarder ni le résumé ni l'auteur .
Ce n'est qu'une fois ma lecture entamée, que le nom de l'auteur a fait "tilt" ! Bernard Taylor et son livre, très poignant, mais qui avait été un coup de cœur pour moi : Celle par qui le malheur arrive.
J'ai retrouvée l'écriture agréable et détaillée de l'auteur ainsi qu'un point qui me tient particulièrement à cœur : une magnifique corrélation entre l'âge des enfants et leur comportement, ce qui fut un soulagement après plusieurs déceptions à ce niveau (chez d'autres auteurs).
Concernant Le jeu du jugement, le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est " dérangeant".
C'est l'histoire, au départ, plutôt commune d'une famille comprenant le père, la mère et quatre enfants (13, 12, 10 et 8 ans). Les parents ont divorcé 2 ans plus tôt et c'est le père, Robert, qui a obtenu la garde des enfants.
La mère, Judith, est instable, lunatique, bizarre et voit ses enfants une fois par mois environ. Elle montre une nette préférence pour ses deux aînés, et surtout pour Kester...
Kester et Michaël sont inséparables et passent tout leur temps ensemble, ignorant leurs deux cadets. De ce duo, c'est l'aîné, Kester, qui est le leader incontesté. Ces deux garçons aiment passionnément leur maman.
Daisy, la benjamine, est plus proche de son père. C'est une douce et gentille petite fille.
Ben, lui, est tiraillé entre son amour pour sa petite sœur et l'envie dévorante qu'il a de plaire et d'être enfin accepté par ses grands frères qui ne cessent de le rejeter.
Jusque là, tout paraît normal. Mais on s'aperçoit très vite que Judith espère recoller les morceaux pour reformer la famille et tout recommencer comme avant, imprimant cette idée que tout est encore possible dans la tête de ses deux aînés. Seulement, depuis quelques mois, le père fréquente une femme à qui il semble réellement tenir. Une femme que les deux aînés n'acceptent pas, surtout devant le chagrin de leur maman qui comprend qu'avec la présence de cette femme, aucun retour en arrière ne va être possible.
On s'aperçoit très vite que Kester est très influencé par sa mère et plutôt instable, sujet à des accès de colère et de cruauté. Pour lui, Netta (l'amoureuse de son père) est une usurpatrice qui tente de prendre la place de sa mère. Dans son esprit d'adolescent, elle est là uniquement pour meurtrir sa maman adorée et empêcher la famille de se réunir et d'être "heureuse" comme avant. Tout est de sa faute à elle. C'est à cause d'elle qu'ils ne peuvent pas être tous ensemble !
Alors, un jour où son père doit partir en urgence voir sa propre mère, Kester imagine un petit "jeu"...
L'histoire commence lentement, malgré un chapitre de départ avec une scène de cruauté animale (qui ne sera pas la seule). L'auteur prend le temps de poser le décor et de nous présenter les différents personnages ainsi que leur personnalité. Le côté dérangeant commence alors avec le côté froid, violent et manipulateur de Kester ainsi que le comportement, inapproprié pour une mère, de Judith.
A peu près à la moitié du livre, le père doit donc s'absenter et c'est là que le syndrome du page turner commence, en même temps que le calvaire de Netta. Je n'ai plus pu lâcher le livre jusqu'à être arrivée à la fin et, pourtant, je devais juste finir mon chapitre... ;-)
La fin m'a vraiment tenue en haleine et je me suis plusieurs fois demandé ce qui allait se passer et comment ça allait se passer. Ce n'était pas tout à fait ce que j'avais imaginé, mais je n'étais pas très loin de la vérité non plus. Et la toute fin pourrait laisser à penser que ce n'est pas complètement terminé...
En résumé, un livre dérangeant à cause du personnage de Judith et surtout à cause de celui de Kester, un enfant comme on espère que les nôtres n'en croiseront jamais. Au fond de nous, on se prend à vouloir que ce genre de personne n'existe que dans les livres, ce qui n'est malheureusement pas le cas. L'auteur nous entraîne dans les brumes du cerveau d'un adolescent qui ferait n'importe quoi pour rendre sa mère heureuse et nous montre que, par quelques phrases ici et là, il est facile de manipuler quelqu'un qui nous aime...
Un livre que je vous conseille si vous aimez les histoires de famille un peu glauques où tout ne se finit pas comme dans un conte de fées.