Le synopsis
Marco Politi revient sur le parcours de Bergoglio, premier Pape issu du Nouveau Monde, et analyse les grands défis de son pontificat.
Mon avis
Je me souviens fort bien de la nomination du Pape actuel, une très bonne amie ayant profité des circonstances pour exploiter à loisir l'expression : "en ces temps de démission papale", dont je me délecte encore du seul souvenir. Il faut dire que ça a du chien, d'appeler son client et d'introduire par : "comment vous portez-vous, en ces temps de démission papale?".
Néanmoins, force est de reconnaître que ma connaissance du pontificat se résumait à la prise de fonction (et encore...). La lecture de l'essai de Marco Politi a donc naturellement été fort instructive.
En effet, Politi analyse en quoi ce pontificat constitue pour le Vatican une véritable révolution, qui se traduit par de nombreux aspects.
Le choix de son nom de Pape, tout d'abord, du fait des connotations associées au prénom de François, annonciatrices des valeurs sous lesquelles l'Argentin Begoglio entendait placer son "règne".
Très rapidement, ses autres choix ont divisé, depuis son refus de s'installer dans les appartements dédiés au Pape, à ses postures relatives à la place des femmes dans l'Eglise, ou à l'homosexualité.
Face à un héritage qui positionne l'Eglise en juge, François entend donner une inflexion nouvelle, que l'on pourrait considérer moderne, ne s'aveuglant pas sur le rayonnement de l'Eglise, et cherchant à offrir un abri, une épaule, une oreille pour les hommes et les femmes perdus, car il ne considère pas qu'il y aurait 99 moutons et une brebis égarée, mais bien plutôt un mouton et 99 brebis égarées (cette métaphore figure réellement dans le livre, je n'invente rien, bien entendu).
Je pourrais partager avec vous les pages de notes que j'ai prises en lisant, mais vous en viendriez à douter de l'authenticité de mon enthousiasme.
Sachez donc simplement que je ne suis pas du tout déçue de m'être plongée dans le livre de Politi, extrêmement intéressant, y compris pour la béotienne que je suis!
Pour vous si...
- Vous êtes d'une nature curieuse, quel que soit l'objet sur lequel se porte votre regard
Morceaux choisis
"Jorge connaît les voies poussiéreuses des faubourgs, les arbres grisâtres, le regard des habitants, tantôt affectueux et enthousiaste, tantôt méfiant et fermé. Il connaît les rues pleines de nids-de-poule où stationnent des voitures hors d'âge, mille fois rafistolées. Il reconnaît les enfants qui jouent au bord des rigoles, une mère qui épouille sa fille et les chiens errants qui vaguent paresseusement d'un croisement à l'autre."
"Il y eut un frisson dès que Bergoglio annonça le nom qu'il avait choisi, ajoute un autre témoin. "Une sorte de choc électrique a parcouru les rangs des cardinaux. Nous comprenions que nous assistions à un tournant spirituel. François signifie la croix, la joie, la pauvreté." "
"Dans l'histoire de l'Eglise, cinquante ou cent ans sont un battement de cils. Le langage change, mais la conception pyramidale de la hiérarchie continue d'imprégner l'organisation ecclésiastique. La révolution de François prévoit de redonner sa vitalité au synode des évêques, l'organe représentatif institué par Paul VI à titre consultatif afin de prolonger l'expérience conciliaire."
"S'attaquer au fond du problème du rôle des femmes dans l'Eglise constitue une étape fondamentale pour le pontificat de Bergoglio. La structure ecclésiastique centrée sur la prévalence du clergé masculin s'effrite lentement. A l'aube du troisième millénaire, la question qui se pose à l'Eglise catholique est de savoir quelle sera la physionomie des communautés de croyants du futur. Seront-elles encore fortement institutionnalisées ? Deviendront-elles plus fluides ? Ou bien trouvera-t-on une forme d'organisation qui conjugue les liens nécessaires à l'unité et une flexibilité des expériences ? "
Note finale3/5(cool)