Lointaines merveilles de Chantel Acevedo

Lointaines merveilles de Chantel Acevedo

Cuba, 1963. Le terrible ouragan Flora s'apprête à frapper l'île. Les habitants sont évacués en urgence. Dans l'ancienne demeure du gouverneur, sept femmes sont cloîtrées sous la surveillance d'une jeune soldate de Castro, Ofelia. Pour passer le temps, la vieille Maria Sirena, Shéhérazade des temps modernes, leur raconte des histoires.
Car Maria Sirena est une conteuse hors pair. Elle en avait d'ailleurs fait son gagne-pain à la grande époque des fabriques de cigares où elle était lettora, employée à égayer les journées des rouleurs de tabac par ses récits fantastiques. Dehors, la tempête fait rage. Maria Sirena débute son histoire : son enfance pendant la troisième guerre d'indépendance cubaine, son père, rebelle féroce, sa mère, passionnée et passionnante qui a aimé, rêvé et s'est battue comme personne.
À travers les récits de Maria Sirena se dessinent l'histoire de Cuba, île au passé troublé par les luttes pour l'indépendance, mais aussi une époustouflante saga familiale.

Lointaines merveilles fait écho à l'ouragan Matthew qui a ravagé ces derniers jours la côte Est des États-Unis.
Cinquante trois ans plus tôt, l'ouragan Flora est sur le point de ravager l'île de Cuba. Une partie des habitants de l'île est mise à l'abri dans l'ancienne demeure du gouverneur. Parmi eux se trouvent sept femmes pour la plupart avec une belle et longue vie derrière elles.
Maria Sirena est la conteuse du petit groupe. Son talent pour raconter les histoires est tel qu'elle en a fait son métier des années plus tôt. Pendant que les hommes roulaient le tabac dans les fabriques de cigares, Maria Sirena allégeait leur temps en leur narrant des récits imaginaires parfois ponctués de faits autobiographiques.
Enfermées dans une pièce à attendre que l'ouragan passe, Maria Sirena va raconter à ses colocataires de quelques jours les faits qui ont fait d'elle la femme qu'elle est aujourd'hui. La rencontre de ses parents, sa naissance sur un bateau puis son enfance et adolescence pendant les guerres d'indépendance de Cuba.
L'écriture de Chantel Acedevo est envoûtante comme j'imagine que doit l'être la voix de Maria Sirena. On alterne entre le moment présent où les sept femmes apprennent à se connaître et le passé où on découvre une histoire familiale captivante.
J'ai pris le temps de savourer ce merveilleux roman qui m'a évader le temps de quelques heures à Cuba. Je me suis attachée au personnage de Maria Sirena qui a su me toucher par sa force physique et d'esprit. Malgré les lourdes épreuves que la vie lui a infligée, elle n'a jamais baissée les bras et a su aimer et être aimée. J'aurais aimée rester encore avec elle pour entendre sa voix nous raconter ce qu'a été sa vie après la guerre. Mais l'auteure en a décidée autrement et a seulement effleurée cette partie de la vie de Maria Sirena et je le regrette.
Lointaines merveilles est un roman qui aurait pu être un coup de cœur si Chantel Acedevo avait fait le choix de laisser son personnage principale nous raconter la seconde partie de sa vie. C'est la seule raison qui fait que ma note ne sera pas la plus haute.
Je remercie Jade et les éditions Escales de m'avoir fait découvrir ce roman qui me marquera un bout de temps. J'espère qu'il en sera de même pour vous...

"Je me souviens d'une histoire que ma mère m'a racontée il y a bien longtemps, à propos d'une autre tempête.
Elle s'appelait Illuminada Alonso, mais ses amis à Santiago de Cuba la surnommaient avec affection Lulu. Lulu perdit les eaux un matin de juillet 1881 sur le Thalia qui avait quitté le port de Boston deux jours plus tôt, en partance pour Cuba. Elle n'avait parlé à personne de ses douleurs qui avaient duré toutes la nuit, en pensant que si elle les ignorait , elles finiraient par disparaître. Lulu ne voulait pas accoucher sur un navire, si loin de Cuba."

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