Bim ! En exclusivité sur le Brocoli de Merlin, de la nouveauté extra-nouvelle garantie extra-vierge. Ou pas. Vraiment pas en fait. Le Fléau, l'un des chefs d'oeuvre de mon auteur favori, arrive maintenant à l'âge vénérable de 35 ans (ne me tapez pas dessus les trentenaires, c'est pour le style, le terme vénérable) et il me semble l'avoir déjà lu trois fois. Quatre donc, si on ajoute la relecture de cet été qui m'a donné envie de vous en parler. Alors oui, c'est un pavé, oui c'est du Stephen King, c'est pas toujours la Petite Maison dans la Prairie comme lecture mais à l'époque où The Walking Dead est à la mode, il me semble que l'un des précurseurs du post-apo a tout à fait sa place sur un blog littéraire.
L'histoire que tout le monde ou presque connaîtIl a suffi que l'ordinateur d'un laboratoire ultra-secret de l'armée américaine fasse une erreur d'une nanoseconde pour que la chaîne de la mort se mette en marche. Le Fléau, inexorablement, se répand sur l'Amérique et, de New York à Los Angeles, transforme un bel été en cauchemar. Avec un taux de contamination de 99,4 %. Dans ce monde d'apocalypse émerge alors une poignée de survivants hallucinés. Ils ne se connaissent pas, pourtant chacun veut rejoindre celle que, dans leurs rêves, ils appellent Mère Abigaël : une vieille Noire de cent huit ans dont dépend leur salut commun. Mais ils savent aussi que sur cette terre dévastée rôde l'Homme sans visage, l'Homme Noir aux étranges pouvoirs, Randall Flagg. L'incarnation des fantasmes les plus diaboliques, destinée à régner sur ce monde nouveau. C'est la fin des Temps, et le dernier combat entre le Bien et le Mal peut commencer.
Et elle en pense quoi Titine ?Je pense l'avoir déjà dit une paire de fois, mais Titine, elle n'est pas très objective lorsqu'il s'agit de Stephen King. Elle aime tout ou presque (et elle a failli faire une crise cardiaque en vacances en voyant que son prochain était déjà traduit en italien alors qu'en français, on traîne...). Mais en poussant très fort, Titine arrive à dire que s'il fallait établir un top 10, elle le placerait dedans. Avec Ça, Différentes Saisons et La Ligne Verte.
Le Fléau regroupe tout ce qui fait que j'aime l'auteur, son traitement des personnages, bons ou mauvais, est impeccable et on peut franchement faire difficilement plus crédible. La psychologie de tous est creusée, ce qui rend plutôt difficile de deviner qui va être le prochain à mourir (cf. Game Of Thrones, The Walking Dead, quand je vous dis "précurseur" !), les familles sont déchirées une à une par une maladie terrible et décrite ici dans ses moindres détails (attention aux âmes sensibles mais elles sont généralement prévenues en voyant le nom de l'auteur sur la couverture). Tous deviennent donc très attachants et indispensables à l'histoire, vous finissez par même prendre à cœur le destin des "méchants" (et ils sont nombreux ici), sauf que vous êtes moins tristes lorsqu'ils meurent, on ne va pas se mentir. Ses héros sont tous humains, "normaux", réalistes et ont bien souvent des tas de défauts, difficile alors de ne pas se prendre au jeu, de ne pas s'identifier et penser que l'on réagirait sans doute pareil dans la même situation.
Certains lui reprocheront ses longueurs, personnellement, ça ne me gêne pas, au contraire, elles me permettent de totalement m'isoler dans l'histoire, de rendre vivant chaque recoin du monde qu'il déroule sous nos yeux et je ne m'ennuie jamais. De plus, Stephen King a cette capacité de nous asséner une vérité bien sentie, un élément très abrupt en plein milieu d'un long passage plus descriptif, ce qui garde l'esprit complètement dans le feu de l'action. Je pense notamment à ces passages, dans le tome 1, où King nous présente les morts collatérales de l'épidémie, c'est-à-dire ceux qui, bien qu'ayant survécu à la maladie, meurent bêtement suite à l'isolement qu'elle a provoqué, comme ce petit garçon, encore presque un bébé, qui tombe dans un puis sans personne pour le secourir ou cette jeune femme qui trouve le moyen de s'enfermer dans une chambre froide fonctionnant encore sur générateur. Stephen King, c'est tout ça à la fois, un style lapidaire qui fiche des coups à l'arrière de la tête quand on ne prête pas attention et des mises en contexte-fleuve qui vous plongent de plus en plus profondément dans son histoire.
Le côté fantastique prend, lui, la forme assez classique d'une lutte entre le bien, à travers Mère Abigail, et le mal, avec Randall Flagg. Métaphoriquement, vous retrouvez clairement Dieu d'un côté, la pureté, la sagesse, et le Diable de l'autre, mauvais, séduisant, presque plus fort puisque plus présent. La deuxième partie prend donc un tour beaucoup plus mystique (il a toujours tendance à s'emballer, le monsieur King) mais reste passionnante et étrangement crédible : sans les pouvoirs des uns et des autres, il ne reste plus que deux chefs de guerre très charismatiques qui veulent se vouer une lutte sans merci. Si comme moi, vous regardez The Walking Dead, vous savez que toute apocalypse donne lieu à des batailles continues entre les survivants (histoire qu'il y ait encore moins de survivants, ça s'appelle la sélection naturelle)(pardon mais la nature humaine quand même...).
Je me rends compte que cette chronique va peut-être être la plus longue de l'histoire de ce blog et je n'ai pourtant pas l'impression de n'avoir ne serait-ce qu'approché la richesse de cette oeuvre. Petite chose qui m'a chiffonné à la lecture : très ancré dans les années 1980-1990, le roman commence à prendre de l'âge et j'ai dû chercher certaines références pour pouvoir les situer. Néanmoins, l'ambiance particulière de cette époque, à la mode aujourd'hui (il suffit de voir Stranger Things), donne une valeur ajoutée au roman (bon, j'avoue, je suis incapable de faire une critique...).
5/5
Always
En BrefComme vous l'avez vu, j'adore ce bouquin, je le relirais sans doute d'ici quelques années et je ne m'en lasse pas. Pour ceux que l'horreur effraye vraiment, sachez que ce n'est pas non plus si terrible que ça, le sujet tourne surtout autour de la survie de l'homme en milieu hostile (qu'il a créé lui-même), personne ne se fait couper en morceau et manger par exemple (ou alors, j'ai loupé un chapitre). Toutefois, si vous voulez découvrir Stephen King, ce n'est peut-être pas le meilleur moyen pour commencer, préférez La Ligne Verte par exemple, ou Différentes Saisons si les nouvelles ne vous dégoûtent pas (vu le nombre de pages, les nouvelles de King tiennent plus du petit roman).
Et pour le fun, je vous remets cette illustration, faite à l'occasion d'un tag sur Stephen King, parce qu'elle est quand même super chouette !