Marie Brazeau, cabaretière. — Un extrait qui devrait fasciner les passionnés d’histoire, surtout ceux qui privilégient celle de la Nouvelle-France. Serge Bouchard nous captive avec la vie mouvementée, peu commune de Marie Brazeau, tenancière de cabaret dans le Montréal des 17e et 18e siècles.
Voici ce qu’il en dit en p. 4 couverture :
« Licencieuse et déshonnête, disait-on. Une cabaretière, une femme de pendu, imaginez ! regardez les registres d’audience de la ville de Montréal ! voyez combien de fois elle a paru, comparu, voyez vous-mêmes ! Ah ! la belle, la très forte Marie Brazeau. Quel bagout, quelle allure ! voici une battante qui ne s’avoua jamais battue. Laissez dire. Elle traversera bien l’Histoire. » (Serge Bouchard, Marie Brazeau, la tournée de la patronne, in Elles ont fait l’Amérique, LUX.)
Le style vif de Bouchard nous la rend très présente et nous fait voir les mœurs du temps.
À lire !
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Les télégrammes. — Le téléphone tinte dans la nuit. La maisonnée se lève. On s’assemble autour de l’appareil. La tension est forte. Mon grand-père décroche et fait « O… Un télégramme. » Pendant que l’employé du Canadien National lit le texte haché, tronqué de stops, son visage se rembrunit. « C’est Amélie… », chuchote-t-il en raccrochant. « Elle est passée ! » gémit ma grand-mère.
Tous vont s’asseoir au salon. Les visages sont tristes. Des larmes coulent.
Les plus jeunes se demanderont de quoi je parle. Je parle d’un mode de communication oublié, dépassé : le télégramme. Il s’agissait de messages que l’on émettait et recevait par l’entremise du code Morse. On l’utilisait habituellement pour de mauvaises nouvelles. D’où l’angoisse qu’il provoquait, surtout de nuit. Les bonnes nouvelles (naissances, épousailles…), ça pouvait attendre. On s’écrivait. Quant au téléphone, ce n’est pas tout le monde qui y était branché.
Encore aujourd’hui, je ne peux entendre ou lire ce mot « télégramme » sans ressentir un pincement au plexus solaire.
Liberté de mouvement. — Souvent dans une journée, nous n’allons pas beaucoup plus loin qu’un prisonnier le ferait dans son établissement carcéral ; nous nous déplaçons peut-être moins que lui. Où est la différence entre lui et nous ?
Nous n’en sommes pas toujours conscients. Pourtant, elle est énorme. Si nous avons envie de changer de lieu, dans les mesures du raisonnable, nous pouvons le faire. Nous ressentirions profondément l’importance de cette liberté si nous étions privés. Un peu comme la faim. Repus, nous n’y songeons pas, ou peu.
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur . On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).