1917. Les frères Jewett ont passé leur vie à suivre leur métayer de père à travers l’Alabama et la Géorgie à la recherche de petits boulots harassants payés à coups de bâton. Une existence misérable dont ces crèves la faim vont s’extraire le jour où leur tyrannique paternel casse sa pipe. Inspirés par Bill Bucket, un cow-boy de papier dont ils lisent en boucle les exploits dans le seul livre qu’ils trimballent dans leurs maigres bagages, Cane, Cob et Chimney se lancent dans une improbable carrière de braqueurs de banque.
Pendant le premier tiers du roman, Pollock pose ses pions sur l’échiquier. Une foule de personnages qu’il prend le temps de présenter de façon indépendante avant de commencer à jouer, d’entrelacer leurs destins, de leur offrir un moment de gloire ou, le plus souvent, de complète déveine.
Pour être honnête, on n’est pas au niveau d’un diable tout le temps. Pas autant d’intensité, de profondeur, d’effet de souffle balayant tout sur son passage. Ici on part dans tous les sens, on s’éparpille, on est dans le saupoudrage. L’intrigue manque de liant. Trop de personnages, de petites histoires gravitant autour du fil rouge constitué par celle des frères Jewell. Pollock finit par boucler la boucle mais laisse de nombreuses portes ouvertes et donne à son roman un goût d'inachevée.
Après, il reste son écriture incisive, sa plume au vitriol, ses situations folles, ses antihéros hauts en couleur, ses dialogues cinglants, ce regard lucide et sarcastique porté sur la noirceur de l’âme humaine et cet humour ravageur qui est un peu sa marque de fabrique. Du Faulkner version Tarantino qui vous embarque et vous laisse admiratif car malgré quelques faiblesses, on ne peut que saluer un auteur capable de mettre en scène une fiction aussi pétaradante.
Une mort qui en vaut la peine de Donald Ray Pollock. Albin Michel, 2016. 565 pages. 22,90 euros.
Pendant le premier tiers du roman, Pollock pose ses pions sur l’échiquier. Une foule de personnages qu’il prend le temps de présenter de façon indépendante avant de commencer à jouer, d’entrelacer leurs destins, de leur offrir un moment de gloire ou, le plus souvent, de complète déveine.
Pour être honnête, on n’est pas au niveau d’un diable tout le temps. Pas autant d’intensité, de profondeur, d’effet de souffle balayant tout sur son passage. Ici on part dans tous les sens, on s’éparpille, on est dans le saupoudrage. L’intrigue manque de liant. Trop de personnages, de petites histoires gravitant autour du fil rouge constitué par celle des frères Jewell. Pollock finit par boucler la boucle mais laisse de nombreuses portes ouvertes et donne à son roman un goût d'inachevée.
Après, il reste son écriture incisive, sa plume au vitriol, ses situations folles, ses antihéros hauts en couleur, ses dialogues cinglants, ce regard lucide et sarcastique porté sur la noirceur de l’âme humaine et cet humour ravageur qui est un peu sa marque de fabrique. Du Faulkner version Tarantino qui vous embarque et vous laisse admiratif car malgré quelques faiblesses, on ne peut que saluer un auteur capable de mettre en scène une fiction aussi pétaradante.
Une mort qui en vaut la peine de Donald Ray Pollock. Albin Michel, 2016. 565 pages. 22,90 euros.