Une jolie variation sur le thème de la fugue adolescente, aussi originale qu’improbable. Anouk, sans s’épanouir totalement dans sa disparition volontaire, y trouve l’occasion de réfléchir, de se poser les bonnes questions sur sa situation, son avenir. Mais elle découvre aussi que les décisions qui nous font du bien peuvent rendre les autres tristes. Elle a du mal à supporter ce qu’elle inflige à sa famille alors qu’elle pensait ne pas avoir à s’en soucier. Elle comprend ce que ses proches ressentent, l’impression qu’ils lui disent : « Tant que tu ne seras pas de retour, nous ne recommencerons pas à vivre ». Pour autant, elle refuse de céder et de revenir, pour son propre bien.
J’ai trouvé ce texte fin dans sa construction et intelligent dans sa réflexion. La mère qui n’assume pas son statut, la souffrance infinie du père, la maturité de la pétiré soeur. Une famille « biscornue et rafistolée comme tant d’autres ». Et cette jolie fin, positive sans mièvrerie, porteuse d’espoir et d’avenir mais ne reniant pas une réalité bien plus complexe que les apparences ne le laissent penser : « L’humanité tout entière passe son temps à s’enfuir. Je crois que c’est le cours normal des choses ». Pas faux ma chère Anouk.
Ma fugue chez moi de Coline Pierré. Rouergue, 2016. 115 pages. 10,20 euros. A partir de 12 ans.
Une lecture jeunesse commune que je partage une fois de plus avec Noukette.