Pourquoi je “ruine”auteurs et éditeurs…. et ce que vous y pouvez faire :-)

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Bonjour à tous,

Suite à mon dernier article sur les éditeurs j’ai été inondée de mails et de remarques fb, en majorité positives et/ou constructives mais aussi, hélas pas mal de remarques désagréables qui m’ont conduite à écrire ce nouveau billet d’humeur.

Pour résumer les messages négatifs, mon refus des ebooks est totalement illogique économiquement, écologiquement, arriéré technologiquement, sans compter que c’est un profit manifeste envers les pauvres éditeurs et auteurs désargentés.

Aujourd’hui parlons de moi et de mon “pas d’ebooks” qui semble irriter beaucoup de gens.

En effet, vous constaterez que sur ma page “partenariat” il est précisé que je ne prends pas d’ebooks. Il est donc temps que je m’explique.

Pour commencer sachez que je ne suis pas réfractaire à la technologie, loin de là, mais il semble encore que beaucoup d’auteurs et d’éditeurs ne comprennent pas que l’édition est un métier et que ce métier regroupe un grand nombre de domaines du commercial au graphisme en passant par l’étude de textes, les médias, la comptabilité et j’en passe certainement. On tape sur les éditeurs (moi la première sur certains) mais on oublie souvent que lorsque celui-ci édite un auteur il prend un risque financier qui, à chaque fois, a des répercussions importante sur l’avenir même de la boîte et sa réputation. De ce fait un bon éditeur est un éditeur difficile. C’est un fait. des fois trop pour certains certes. Encore une fois, je le dis, éditeur est un métier et franchement je ne le serai jamais un jour.

Du coup que s’est-il passé ? On a d’une part certaines petites maisons d’éditions qui, passionnées par le métier, se sont dit qu’en ne faisant que des ebooks elles minimiseraient les risques et donneraient plus de chance à certains auteurs de se faire publier et d’autre des petits malins qui ont cru qu’il suffisait de numériser quelques livres et de les diffuser pour devenir éditeur et quand je parle de petits malins je parle aussi des écrivains mais on y reviendra. On trouve maintenant des éditeurs près à publier tout et n’importe quoi tant que c’est “à la mode” sans trop se soucier de la qualité de l’écrit.

Malheureusement ce sont ceux de la seconde catégorie qui se développent le plus et pour cause, leur politique sur les ebooks est différente car ils jouent sur la quantité vs la qualité.

Passons aux auteurs à présent. Depuis que l’autoédition s’est développée je suis au regret de dire que là aussi la quantité est largement supérieure sur la qualité. Beaucoup croyant qu’il suffit de tenir un stylo pour être écrivain nous pondent tout simplement des horreurs impubliables et vont ensuite s’en prendre aux éditeurs (et aux bloggeurs qui les critiquent) de ne pas être publiés. Ils décident donc par facilité de s’autoéditer mais n’ayant déjà pas des compétences d’auteurs je vous laisse imaginer ce qu’il en est pour les autres… Ils noient donc dans la masse les auteurs autopubliés qui ont, eux, un plan marketing bien précis et une œuvre qui tient la route. Ils oublient que comme le métier d’éditeur, le métier d’auteur ne s’improvise pas. C’est pour cela que je ne pense pas être jamais un auteur un jour.

Lorsque j’ai créé mon blog j’ai été envahie d’ebooks dont, pour être généreuse, 90% étaient mauvais. Certes c’est avec plaisir que je lis mais pendant que je lis de la mauvaise littérature les bons auteurs, eux, attendent sur ma PAL. ce n’est pas juste.

De plus, beaucoup d’auteurs et de pseudo éditeurs pensent qu’il suffit d’un logiciel de conversion de pdf, d’une couverture bon marché et ca suffit pour faire un ebook. C’est loin d’être le cas. Les éditeurs réellement spécialisés  vous diront que fabriquer un premier ebook coûte déjà la bagatelle de 1 500 euros et quand je parle d’un vrai ebook je parle d’un ebook qui ne bloquera pas votre liseuse, qui sera agréable à lire, qui contiendra les dernières technologies pour apprécier l’écriture et une couverture digne de ce nom. De toute façon il est facile de reconnaître un bon éditeur d’ebook d’un mauvais : si à part la sensation du papier vous ne pouvez pas faire la différence entre un ebook et un livre papier alors vous avez à faire à un professionnel.

Pour les mauvais auteurs les ebooks sont tout bénef. Ils écrivent, convertissent, contactent fiverr ou un autre service de couverture pas cher et hop… on publie avec la complicité d’Amazon qui se fout bien de la qualité tant que ça se vend (ou sinon ils le virent des rayons) et autres plateformes aussi peu regardantes car ce n’est pas leur métier.

Là aussi il est facile de faire la différence entre un mauvais auteur et un auteur qui publie sur ebook car désargenté : le premier publie et oublie, le second va, souvent, pendant la création de son livre réfléchir, prendre des fois des années avant de publier, prendre l’avis de nombreux béta lecteurs puis publier en ebook mais toujours dans l’optique que, si ca marche un peu, il publiera en papier soit en autoédition soit avec un éditeur. Pour un bon auteur d’ebook, le livre papier est un rêve qui sera accessible un jour quand son ebook, dont il est déjà très fier, se vendra suffisamment pour couvrir les frais d’édition.

Au début donc de ce blog j’acceptais tout. Vous étiez un nouvel auteur je prenais. Et j’ai commencé à recevoir des fichiers qui bloquaient ma tablette, des fichiers dont l’écriture était tellement petite qu’il fallait une loupe mais qui n’était pas technologiquement adapté pour l’agrandissement de caractères etc… j’ai acheté une liseuse puis deux car bien sûr même si on pouvait convertir les formats, quand un ebook est mal conçu à la base vous pouvez toujours le bidouiller comme vous voulez ca ne change rien. Quand j’ai reçu des messages d’éditeurs qui me disaient que je n’avais qu’à demander un pdf numérique (preuve déjà que l’éditeur en question ne s’y connais absolument pas en la matière), d’auteurs qui me disaient “c’est ca ou c’est rien” et qu’il me fallait des fois passer 10 minutes à configurer ma liseuse pour lire j’ai dit STOP. Trop c’est trop. Ce n’est pas à moi à m’adapter à un produit illisible mais à l’auteur et à l’éditeur à s’adapter à sa clientèle.

Voilà pour les remarques sur mon manque de souplesse technologique. Passons maintenant à la partie économique.

Comme je vous le disais ci-dessus il existe un nombre (peu important hélas) d’éditeurs qui ont fait leur métier du numérique et le font bien. Il existe aussi un nombre d’éditeurs qui ne sont pas dans le numérique à la base, qui proposent leur livre en numérique et en papier. Ces deux types d’éditeurs sont un bon choix quand il s’agit d’ebooks car ils connaissent leur métier même si à la base leur politique est différente.

En ce qui concerne ces éditeurs je n’ai JAMAIS refusé un ebook quand ils ne pouvaient pas faire autrement parce que je savais que ce n’était pas un manque de respect envers moi et qu’ils mettaient souvent autant de travail dans la création de leur ebook que d’un livre papier. Pareil pour ces auteurs qui ont vraiment crée un bon travail mais, faute de moyen publient uniquement en ebook.

J’ai aussi le plus grand respect pour les éditeurs qui me disent ouvertement qu’ils m’envoient un ebook parce qu’ils ne me connaissent pas et souhaitent d’abord pouvoir me faire confiance avant de me fournir des livres papiers. Ca s’entend bien que la majorité me font confiance d’office, je ne prends pas çà pour une insulte.

J’ai cependant du mal avec les éditeurs qui forcent l’envoi d’un ebook alors qu’ils ont une version papier disant que c’est pour raison économique pour la raison suivante : la plupart pensent que mon blog n’a pas d’impact économique or en ce qui me concerne il me prend plusieurs heures par jour car outre les lectures que mes plumettes et moi chroniquent, je dois gérer plus d’une dizaine de réseaux sociaux, faire de la veille informative (donc lire beaucoup de journaux), aller dans des salons, contacter des gens et bien sûr fournir les plumettes et moi-même de livres à lire. Ceci bien sûr en sus de mon travail.

C’est mon choix car je souhaite que mon blog soit une véritable passerelle entre le lecteur et les nouveaux auteurs mais aussi un encouragement pour les bons auteurs (et quelque fois aussi un coup de pieds où je pense pour les autres). Le business d’un auteur et d’un éditeur est de vendre des livres, mon business est de savoir que quelqu’un qui a lu une de mes critiques a acheté un livre et n’a pas dépensé son argent pour rien, qu’un éditeurs a pu avoir x ventes grâce à celle-ci ou qu’un auteur a pu avoir plus de visibilité compte tenu de la quantité astronomique de bouquins plus ou moins bons qui envahissent le marché. Mais pour cela donc, il me faut beaucoup de temps, d’énergie et d’argent. Comme l’auteur et comme l’éditeur.

Approximativement à ce jour mon blog me coûte entre l’hébergement, les logiciels de gestion de réseaux sociaux et les livres achetés près de 50 euros par mois au minimum.

Car oui j’achète des livres et pas n’importe lesquels justement.

J’achète les livres de ces auteurs qui sont bons, très bons, mais ne peuvent vraiment se permettre d’envoyer des SP ou qui ont fait l’effort de faire publier leur livre en papier mais sont à l’euro près. Non, je ne leur fait pas l’aumône. Souvent ce sont d’excellents auteurs et c’est justement parce que je veux être parmi les premières à les avoir découvert que je le fais. D’ailleurs vous constaterez que sur mes critiques JAMAIS je n’indique si le livre est un SP ou pas (ce qui fait qu’on m’a envoyé un joli email d’insulte en me disant que je profitais des auteurs, la personne étant persuadée que tous les livres chroniqués était des SP…).

En matière d’ebooks j’en ai acheté une petite centaine depuis le mois d’août.

Néanmoins j’aimerais quand même savoir pourquoi est-ce que la plupart du temps ce sont les petites maisons d’édition (et donc celles qui ont le plus petit budget communication) et/ou celles qui sont certaines de la qualité de leurs auteurs qui se font une joie de m’envoyer des livres papiers (hors bien sûr les éditeurs dont à la base c’est leur politique commerciale comme les maisons d’éditions numériques).

Voilà pour la raison économique, passons au fait que je “profite” des auteurs et des éditeurs en demandant des livres papiers.

Mon blog est pour moi une forme de sacerdoce, c’est vrai. Un sacerdoce qui coûte cher mais je considère que c’est mon droit le plus absolu de préférer les livres papiers.

Je n’abuse pas de ce privilège puisque les SP comptent pour à peu près 10% de mes livres critiqués. Je ne considère pas non plus les éditeurs ou les auteurs comme des fournisseurs de livres gratuits et ce n’est certainement pas moi dont on pourra dire que j’ai vendu un jour un SP.

Je ne vole personne bien au contraire puisque je fournis (mais ca c’est à vous de me le dire) des chroniques sérieuses et pas des “j’ai kiffé”. A vous de voir si mon blog mérite ce “caprice” ou pas. Ou pour parler plus économiquement si avec mon blog votre R.O.I est assez intéressant. Encore une fois ce n’est pas à moi de décider et je n’en prendrai certainement pas ombrage.

Par contre je voulais vous informer d’une chose à laquelle vous n’avez pas pensé (en fait très peu d’auteurs ont eu l’idée de me le demander), je n’ai absolument aucun problème à accepter les livres qui ne sont pas “la dernière version commercialisée”. Si votre livre comprend encore quelques coquilles (seulement quelques on est d’accord), si un petit défaut de celui-ci vous oblige, vous éditeur, de le mettre au pilon SURTOUT n’hésitez pas à me le proposer ! Ca ne change rien à la qualité de l’œuvre pour moi et, comme je le disais, je ne revends jamais de SP, c’est un point d’honneur.

Cependant dans ce cas je vous demanderai juste une faveur : une petite dédicace de l’auteur (ou même de l’éditeur !) car du coup je pourrais m’imaginer que ce livre que vous avez pensé jeter à la poubelle ou la broyeuse deviendra ainsi pour moi un livre rare (car non commercialisé) juste dédicacé pour moi et que je serai la seule à l’avoir. Comme disent les américains “la poubelle des uns devient le trésor des autres”. Est-ce être une profiteuse ? Je vous laisse juge.