Harry Potter et l’enfant maudit // Harry Potter and the cursed child, de Jack Thorne, John Tiffany et J.K Rowling
N.B : Attention, fans oblige, cet article sera particulièrement long. Mais c’est du haut niveau, promis
On ne va pas se mentir, c’est l’évènement de l’année en littérature de jeunesse (voire en littérature tout court). La sortie de la suite des aventures d’Harry Potter, couplée avec la sortie un mois plus tard des Créatures Fantastiques au cinéma, promet un avenir radieux à Gallimard qui assure la publication française. Rappelons-le, la saga littéraire du sorcier le plus célèbre au monde a engendré pas moins de 420 millions de ventes dans le monde et convertit toute une génération à la lecture. D’aucuns diront que cette suite n’est donc qu’un pur coup commercial et marketing, d’autres défendront au contraire l’auteur qui a toujours su faire plaisir à ses fans.
Ces fans justement (dont on fait bien entendu partie, Loulou & moi) mourraient d’envie de retourner à Poudlard et, à défaut de recevoir cette foutue lettre d’acceptation qui n’arrivait jamais, tous relisaient sagement en boucle les 7 tomes de la saga. Alors forcément, au bazar comme ailleurs dans le monde, l’info de la parution du 8ème tome a fait l’effet d’une bombe.
Même si, au fil des mois, beaucoup d’informations ont filtré sur la pièce de théâtre et donc aussi sur le livre, nous avons pris le pari de ne pas nous spoiler pour garder intacte la magie du texte.
Ce fut dur et laborieux, et j’ai (Coco) même fini par échouer. Loulou, elle, a tenu bon malgré les mille et unes tentations qui ont jalonné son parcours. J’avoue que j’étais l’une de ces tentations (mea culpa). En même temps, je n’ai pas pu résister bien longtemps et j’ai lu le livre plus d’un mois avant Loulou, profitant d’une relative maîtrise de la langue anglaise pour le lire en VO. Alors vous en conviendrez, ce n’était pas de la tarte de tout garder pour moi.
Mais l’heure de la délivrance a enfin sonné ! 2 lectures, 2 critiques, 2 avis différents et une tonne de thé plus tard, on est donc prêtes à vous emmener avec nous à Poudlard. Préparez vos baguettes, n’oubliez pas votre balai et foncez tête baissée sur la voie 9 3/4 !
L’avis de Coco :
Avant de rentrer dans le vif du sujet (et histoire de vous faire mariner encore un peu), je voudrais rappeler quelques points primordiaux que tout le monde devrait avoir en tête avant d’acheter ou lire L’enfant maudit/The cursed child :
- C’est bel et bien le script de la pièce de théâtre qui se joue actuellement à Londres. Ne vous attendez donc pas à y trouver de longues descriptions ou des passages narratifs car ça n’existe pas dans une pièce de théâtre.
- C’est une suite aux aventures d’Harry Potter. On considère donc que vous connaissez déjà l’univers du sorcier. Ceci dit, pas de panique, si vous ne connaissez les aventures de Potter que via les films, vous ne serez pas perdus
- Ce n’est pas écrit par JK Rowling, à proprement parler! Le texte que vous avez/aurez sous les yeux est écrit par Jack Thorne et a été mis en scène pour le théâtre par John Tiffany. En revanche, c’est bien J.K Rowling qui a eu l’idée de l’histoire (l’honneur est sauf), et elle a bien sûr supervisé la pièce de théâtre. Maman Rowling n’est jamais très loin de son petit Potter. Bien sûr, ce n’est pas mis en avant sur la couverture (pas bête la chouette), mais ce n’est pas non plus caché, il faut juste savoir lire entre les lignes.
Ne jamais se fier aux grosses écritures, et toujours se méfier du mot « d’après »
Voilà, maintenant que vous savez tout ça, on va pouvoir causer magie ! Et attention car à partir d’ici, ça spoile à chaque ligne !
Harry Potter and the cursed child commence là où tout s’est arrêté soit sur le quai de la gare de King Cross. Harry et Ginny accompagnent leurs enfants pour leur rentrée et retrouvent Hermione et Ron, accompagnés de leur fille Rose. Albus est terrorisé à l’idée d’être envoyé à Serpentard. Il ne voudrait pas devenir la risée de la famille. Harry tente de le rassurer comme il peut.
Mais je ne vous apprends rien ici, puisque c’est sur cette même scène que se concluait le 7ème tome et/ou 8ème film de la saga. Et ce fut très rassurant de repartir dans un monde que l’on adore via une scène familière. Mais dès la scène 4, tout s’accélère.
Car Albus est envoyé à Serpentard, à la surprise générale. Dévasté par cette nouvelle, il peine à trouver ses marques dans cette école qui pourtant est le rêve de tout enfant. Cours après cours, jour après jour, il doit faire face à la déception de ne pas être à la hauteur de la réputation familiale. Il n’a aucun don en aucune matière, pire, il est incapable de voler correctement et donc de jouer au Quidditch. Petit à petit, le garçon va s’éloigner de ses parents, de sa famille et se renferme sur lui-même.
Même niveau ami, il ne semble pas à la hauteur de la réputation du trio inséparable que formaient son père, son oncle et Hermione. Rose l’évite comme la peste, tandis que son seul et unique ami se révèle être le fils de Drago, Scorpius Malefoy. Cela n’est pas vraiment au goût des deux familles rivales, d’autant plus qu’une sombre rumeur court sur Scorpius : il se dit qu’il serait le fils de Voldemort. Sa mère aurait été envoyée dans le passé à l’aide d’un retourneur de temps pour coucher avec Voldemort et transmettre son héritage dans notre présent. La rumeur semble énorme, mais beaucoup de monde y croit. Albus, lui, y est insensible.
Quatre ans passent à la vitesse d’un éclair et emportent toute joie de vivre chez Albus qui en devient assez irritable, surtout vis-à-vis de son père et de son héritage familial. Un soir, il surprend une conversation entre son père et un mystérieux homme. Ce dernier n’est autre qu’un visage connu, Amos Diggory, le père de Cédric, mort lors de la Coupe des trois sorciers dans le tome/film 4. C’est désormais un vieillard, en fauteuil roulant, qui reproche à Harry de ne pas avoir pu sauver son fils. Harry essaie de le convaincre qu’il ne pouvait rien faire, Amos le traite de menteur. En effet, il a eu vent de la rumeur selon laquelle le Gouvernement a mis la main sur un retourneur de temps. Il veut qu’Harry l’utilise pour sauver son fils de la mort. Bien entendu, Harry refuse.
Albus assiste à la scène en cachette et, dans son envie de rébellion, prend partie pour Amos Diggory. Il est persuadé que son père n’a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour aider le pauvre Cédric. Aussi, lorsque Rose lui confirme que son père a trouvé un retourneur de temps, il décide de s’éclipser du Poudlard Express pour rejoindre Amos Diggory et l’aider à sauver son fils. Il embarque, bien malgré lui, le jeune Scorpius dans son aventure et élabore un plan avec la nièce de Diggory, Delphi, pour mettre la main sur ce fameux retourneur. Plan qui implique du polynectar et une visite improvisée au Ministère de la Magie (ça doit être de famille).
Le retourneur de temps en main, Albus et Scorpius décide de voyager le jour de la première tache du tournoi des sorciers pour empêcher Cédric de participer au reste de la compétition. Persuadés d’avoir sauvé la vie de Cédric, Albus et Scorpius déchantent vite. Leurs pères respectifs leur interdisent de se revoir et le monde autour d’eux a aussi changé. Pire que tout, Cédric Diggory est toujours mort. Perdre la première tâche l’a rendu encore plus déterminé à gagner les suivantes, et donc à perdre la vie.
Albus ne se laisse pas démonter pour autant et décide, sur les conseils de Delphi, d’utiliser à nouveau le retourneur de temps pour saboter la seconde tâche de Cédric, le lac.
Cette fois-ci, il s’agit d’humilier Cédric pour lui faire perdre toute envie de gagner la coupe. Mais lorsque le retourneur de temps ramène tout le monde dans le présent, Scorpius se rend compte qu’il est seul… ou presque. Car Dolorès Ombrage l’attend de pied ferme à la sortie du lac. Le présent dans lequel évolue désormais Scorpius est très sombre, et régit par Voldemort. Ce dernier a réussi à tuer Harry Potter lors de l’affrontement de Poudlard, mettant fin également à la vie d’Albus. Trouvant refuge auprès de faces familières, Scorpius arrive à retourner dans son présent et prétend avoir perdu le retourneur de temps, trop effrayé par les conséquences des voyages dans le temps. Seul Albus est dans la confidence, et ensemble, ils décident de détruire cet objet de malheur.
Mais Delphi veille et tente de les en empêcher. Scorpius essaie de la raisonner en lui parlant du monde terrible gouverné par Voldemort mais cette dernière semble y être insensible ou pire, attisée par cette vision cauchemardesque. En effet, Delphi révèle sa vraie nature aux enfants : elle est la fille de Voldemort et cherche par tous les moyens à faire renaître son père de ses cendres.
Elle oblige donc les deux garçons à l’accompagner lors de la dernière épreuve de la coupe de feu, là où Cédric a perdu la vie. Elle veut y rencontrer son père et l’avertir de son funeste futur. Mais prise au piège par le retourneur capricieux, elle est obligée de s’enfuir plus loin dans le passé, soit en 1981, à Godric’s Hollow, la nuit de la mort de James et Lily Potter. Par sécurité, Delphi casse le retourneur, empêchant quiconque de repartir dans le présent.
Albus et Scorpius sont dévastés, loin de leurs familles, impuissants face aux tragédies qui vont se dérouler sous leurs yeux. Heureusement, ils ont plus d’un tour dans leur sac, et arrivent tout de même à envoyer un message à leurs parents. Problème, sans retourneur de temps, ces derniers ne peuvent rien faire pour les aider. C’est sans compter Drago Malefoy qui avoue à tout le monde que sa famille en possède un depuis des années. Il en avait caché l’existence pour protéger son fils des affreuses rumeurs qui courent sur lui. Grâce à lui, Harry, Ginny, Hermione et Ron embarquent dans un voyage dans le passé, juste à temps pour intercepter Delphi avant qu’elle ne parle avec son père.
De cette aventure, beaucoup vont en sortir changé. Albus va s’ouvrir un peu plus à Harry. Ce dernier va apprendre à être un meilleur père. Quant à Delphi, elle est envoyée à Azkaban pour toujours. Scorpius, lui, prend de plus en plus confiance en lui, au grand plaisir de son père. Et c’est ainsi que se termine le dernier chapitre des Potter : sur une note positive et une grande révélation : Harry Potter n’a peur que de deux choses : le noir et … les pigeons !
Que retenir de tout ça ?
Malgré un format qui ne prête pas du tout aux envolées lyriques, je peux vous dire que Harry Potter and the cursed child arrive à nous faire ressentir tout un tas de choses. La lecture se fait rapide (même si vous n’êtes pas un grand fan) de par ce même format. Et je dois dire que c’était très rafraîchissant de lire une pièce de théâtre. C’est un genre qu’on lit très peu pour le plaisir en dehors de notre scolarité, il faut bien l’avouer, mais Jack Thorne et J.K Rowling ont redonné un coup de jeune au genre. Le but de Mme Rowling était bien entendu d’amener de plus en plus de jeunes à sortir de leur zone de confort littéraire, et lire plus de pièces de théâtre en général, et le pari est pour moi réussi !
Photo personnelle de mon voyage à Londres à un jour de la première de la pièce !
Retourner à Poudlard après tant d’années, était aussi un pari risqué. Surtout que ce retour mettait sur le devant de la scène (ouh le beau jeu de mot) des personnages qui étaient très chers aux yeux des fans. Pari risqué, oui, et à demi-gagnant pour moi.
J’ai adoré retourner à Poudlard et retrouver mes personnages préférés. Mais certains me semblaient un peu déplacés. Je pense par exemple à Ron, qui, en plus de ne pas être très présent dans la pièce, est très différent de la version du livre/film. Il n’est clairement là que pour le ressort comique et ça me gêne un peu, sachant que c’est un personnage qui avait du mal avec le fait d’être toujours dans l’ombre d’Harry Potter. Or ici, il est complètement éclipsé par l’intégralité des autres personnages. C’est dommage. Mais c’est aussi compréhensible, l’auteur ayant voulu mettre en avant les nouveaux personnages.
Et quels personnages ! Albus est bien le fils de son père : courageux, buté, et parfois égoïste, ne réfléchissant qu’après aux conséquences de ses actes (oui, je n’ai jamais vraiment aimé Harry). Mais malgré ça, je n’ai pas pu m’empêcher de m’identifier à sa quête d’identité et son envie de bien faire. Il est vrai que cela ne doit pas être évident d’être le fils d’une telle légende et d’être à la hauteur de la réputation des Potter et aussi des Weasley. Rappelons-le, Ginny a eu aussi son petit grand succès mondial en embrassant une carrière en tant que joueuse de Quidditch professionnelle.
Albus en chair et en os
Deuxième nouveau personnage : Scorpius. Autant vous le dire d’emblée, c’est mon chouchou. Je dirais même que c’est le nouveau Ron de cette génération de sorciers. A la fois sensible, maladroit, intelligent, fidèle et drôle, Scorpius a toutes les qualités pour se faire aimer de tous les lecteurs. Plusieurs scènes, dans la réalité dirigée par Voldemort, lui sont d’ailleurs entièrement consacrées. Ça aussi c’était très sympa. Car la saga originale ne se concentre que sur un seul personnage. Il n’y avait aucun chapitre où l’on suivait les autres personnages. Ici, on montre clairement qu’Albus et Scorpius font la paire et se valent. Scorpius est aussi un personnage qui a un passé familial chargé et sa manière de le gérer est émouvante.
Scorpius Malefoy pour vous servir
En fait, le passé familial et l’héritage qui en découle est le thème principal de la pièce. Car en plus du duo de jeunes sorciers, on assiste à la quête insensée de la fille de Voldemort, qui ne souhaite qu’une seule chose : rencontrer son père. C’était la seule chose à laquelle elle pouvait s’accrocher pendant son enfance. En fait, je trouve son parcours assez similaire à Harry, mais du côté maléfique de la magie.
Concernant l’histoire à proprement parler, je dois bien avouer qu’elle souffre de petites incohérences (grosses diront les fans hard-core), et qu’elle semble avoir eu recours au deus ex-machina pour la fin. Mais si on garde à l’esprit que c’est une pièce de théâtre et que donc les actions doivent se dérouler vite, je dirais que c’est plutôt bien amené. Surtout que certains passages concernant les voyages dans le temps sont super bien amenés et expliqués. Je lève mon chapeau surtout pour l’acte 3 qui explique très bien en quoi avoir humilié Cédric lors de la deuxième épreuve à amené Voldermort à triompher lors de la bataille de Poudlard. C’était très bien réfléchi.
Effectivement, on peut reprocher un petit côté redondant avec le retour (ou presque) de Voldemort et l’omniprésence de Harry tout au long du texte, mais c’est aussi pour ça qu’on aime Harry Potter non ? Pour retrouver tome après tome nos personnages préférés aux prises avec le Mal. Surtout qu’ici l’histoire tient autant debout que celles des 7 autres tomes. Et à ceux qui reprochent à Harry Potter and the cursed child de ne pas assez laisser de place aux autres personnages, je dirais qu’il n’y a rien de neuf sous les tropiques et qu’il faudrait penser également à relire le titre de ce huitième tome.
Pour ce qui est de l’écriture de Jack Thorne, n’ayant pas lu beaucoup de pièces modernes dans ma vie, je ne saurais me prononcer. Elle m’a l’air fluide et passe très bien à l’oral. Certains passages m’ont fait rire, d’autres m’ont presque fait pleurer, donc je dirais que l’écriture laisse aussi transparaître les émotions que les mots veulent dégager.
Bien sûr la fébrilité du retour à Poudlard s’estompe au fil des pages, mais pour moi, il y a plein de moments « fan-service » dans le livre qui redonnent un coup de fouet à notre côté fan. Je pense notamment à toutes les fois où d’autres personnages de la saga, qui n’apparaissent pas en chair et en os dans la pièce, sont mentionnés (big up à Neville). Ou alors lorsqu’on revoit des lieux familiers, comme Godric’s Hollow.
J’ai donc beaucoup aimé ce livre. Peut-être pas au même niveau que la saga originelle, car rien ne pourra jamais la remplacer, mais c’était du haut niveau quand même. Retrouver ses personnages préférés a été un véritable coup de nostalgie, et m’a vraiment donné envie de relire les 7 autres tomes. Maintenant je peux comprendre que beaucoup de fans vont être déçus. La forme bride en quelque sorte le développement de l’histoire et je sais déjà que beaucoup de gens vont s’en trouver gêné. De même, je sais que ce je vois comme étant de petites incohérences vont pour certains être des montagnes insurmontables. Mais cela reste l’histoire d’Harry Potter et je l’ai appréciée.
Maintenant il ne me reste plus qu’à attendre sagement Les Créatures fantastiques qui sort au cinéma la semaine de mon anniversaire (quel cadeau ! ) pour replonger encore une fois dans le monde magique de JK Rowling.
Bonne lecture les cocos, et attention aux pigeons, ils sont encore plus vicieux qu’un mec sans nez qui parle aux serpents !
L’avis de Loulou :
Ça y est, ça y est, ça y est ! Après de longs mois de tortures et d’attente, je l’ai enfin lu ! Et après un long mois de torture pour Coco, nous avons pu partager notre ressenti.
Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec ce tome, non écrit par l’auteure originale, tourné en forme de pièce de théâtre. Je ne savais pas du tout de quoi cela parlerait, quels personnages allaient être centraux, à quelle époque on se retrouverait. Je voulais la surprise totale pour ne pas être trop enthousiaste et que cela retombe comme un soufflet ensuite, ou au contraire être déçue dès le début et partir avec des à priori. Du coup, je ne savais pas du tout si j’allais accrocher et ça me faisait peur. J’ai vécu, étant jeune (genre je suis déjà une mémé…), l’engouement à chaque parution de livre, je suis allée dans des librairies à minuit le jour de la sortie, toute fébrile, pour ensuite passer une nuit blanche à lire les nouveaux Harry Potter. Ce huitième tome, déjà annoncé comme différent des autres, me faisait donc en même temps terriblement envie et en même temps j’avais terriblement peur d’être déçue. Et j’en ressors un peu mitigée. Mon ressenti ayant changé au fil des actes, c’est comme ça que je vais vous le présenter, après un petit aperçu d’éléments plus généraux.
J’ai d’abord été toute émoustillée de retrouver nos héros à l’instant T où nous les avions quitté il y a 9 ans. On revit même des bouts de dialogues ce qui est très exaltant. Ensuite tout s’enchaîne très vite dans l’acte 1. Quatre années s’écoulent en un rien de temps et cela peut être perturbant. Mais moi c’est un point qui m’a plu. Cela permet de se plonger rapidement dans l’univers parce qu’on est obligé de suivre le rythme entraînant que cela implique et nous replonge donc vite dans l’histoire.
Dans cet acte 1, j’ai tout de suite adoré le personnage de Scorpius. Si différent de son père, plus doux, studieux, proche d’Hermione par certains côtés et également drôle. La mort de sa mère, qui ne le rend pas haineux, mais encore plus sensible. De ce fait, j’ai aussi aimé qu’Albus soit également le contraire de ce qu’on aurait pu penser logiquement. Il est chez les Serpentards, est nul à l’école et traîne une rancœur au fond de lui. En même temps ce comportement m’a déboussolée, j’ai trouvé ça étrange qu’il n’arrive pas plus à maîtriser ses émotions, qu’il soit si plein de rage envers son père, mais comme il change par la suite, je ne l’en blâme pas totalement. Que Scorpius et Albus deviennent amis m’a aussi beaucoup plu. C’est en même temps tellement décalé par rapport à l’histoire que l’on connaît et tellement dans la logique des choses. En somme, j’aime ces deux personnages (même si je le dis clairement : Scorpius est mon chouchou). Qu’ils soient tous deux si différents des attentes que l’on pourrait avoir, si éloignés de leur famille d’origine et qu’ils s’entendent si bien.
Ce qui m’a plu également, ce sont les métiers exercés par nos quatre héros favoris, Hermione (ministre de la magie), Ron (travaille dans le magasin de farces et attrapes de son frère), Ginny (rédactrice en chef de la rubrique des sports à La Gazette du sorcier) et Harry (directeur du département de la justice magique). On retrouve dans ces exercices, leurs caractères respectifs. Malheureusement, c’est la seule chose que l’on retrouve d’eux. Je ne retrouve pas le caractère d’Hermione, Ginny et Ron, comme dans la saga originale. Certes, ils ont pris de l’âge et ont du vécu derrière eux, ils ont donc forcément changé. Mais je trouve le rôle de Ginny très plat, alors qu’elle avait du caractère à revendre normalement, Ron est présenté un peu comme un imbécile heureux et Hermione ne paraît plus aussi sûre d’elle (alors qu’elle est censée diriger le monde de la magie). Je n’ai pas aimé ces changements. Quant à Harry, je trouve aussi son rôle un peu sans saveur. Je ne le voyais pas si mauvais père. Après une discussion avec Coco, c’est vrai qu’on doit prendre en compte que lui-même n’a pas connu de figure paternelle pour se construire. On peut donc considérer qu’il ne sait pas comment s’y prendre. Mais Ginny dans tout ça ? Avec le caractère qu’on lui connaît, elle aurait dû l’épauler dans ce nouveau rôle, or ce n’est pas du tout le cas. Ses conseils sont creux et apparemment jusque-là elle ne s’immisçait pas trop dans la relation de Harry avec son fils. Très dommage car très éloigné de l’image que je me faisais de Harry et de son couple avec Ginny étant adultes. Et cette impression ne dure pas que pour l’acte 1, cela court tout au long de la pièce de théâtre.
Les nouveaux Hermione – Harry – Ron
Autre chose m’a gênée au niveau des personnages. On n’a aucune nouvelle de certains d’entre eux. Bien sûr on ne pouvait pas en donner de tous, mais pourquoi pas glisser quelques mots quand la situation s’y prêtait ? Quand on sait que Ron travaille pour le magasin de farces et attrapes Weasley, pourquoi ne pas donner des nouvelles de Georges ? On ne sait même pas s’ils travaillent ensemble du coup, si Georges y est toujours. Ça aurait donné de la profondeur aux différents personnages et à la trame sans demander le rajout d’une scène complète mais juste d’une phrase.
On voit également trop peu Lily et James Potter (les enfants de Harry, pas les parents) à mon goût, dans ce volet. Tiens, en parlant d’eux. Autre détail, anodin cette fois, mais que je tenais à souligner. Déjà à la fin du tome 7, quelque chose me chiffonnait : je n’aime pas les prénoms qu’a choisi Harry pour ses enfants. Je trouve ça lugubre et macabre d’avoir appelé ses enfants par les prénoms de ses parents morts, et très lourd à porter pour le petit Albus Severus d’avoir les deux noms d’anciens directeurs de Poudlard avec une histoire si chargée (en plus c’est embêtant à la lecture quand on imagine la tête de Dumbledore ou des parents de Harry alors que l’on ne parle évidemment pas d’eux). Et puis, c’est complètement bête, mais ça donne l’impression que Ginny n’a pas eu son mot à dire. Pourquoi pas appeler un enfant Fred, en l’honneur de son frère disparu ? Sur trois gosses, c’était possible non, puisqu’ils donnent dans le macabre ?
Tous les points ci-dessus sont des impressions générales, qui ont durées tout au long de ma lecture. Mais revenons à un détail plus précis, acte par acte.
L’acte 1 m’a laissée un arrière-goût de bâclé. J’ai eu du mal à accrocher, à part au rôle de Scorpius. Albus m’a, au début, insupportée. Je n’ai pas du tout compris sa réaction, voulant aider Amos Diggory, cet homme qu’il ne connaît pas. Albus a l’air de détester son père, alors pourquoi veut-il réparer ses erreurs à sa place ? Ce n’est pas dit clairement. Pour faire le héros et enfin ne plus souffrir du regard des autres ? Prouver à son père qu’il vaut quelque chose ? Suivre les traces de son père dans les actes héroïques à l’école ? J’étais donc un peu déçue au début de toutes ces incompréhensions. Pas mal de détails m’ont laissée pantoise d’ailleurs. Le comportement d’Amos Diggory par exemple, qui paraît un peu insensé. Mais tout s’arrange évidemment par la suite. Albus change grâce à ce qu’il a vécu et on s’aperçoit qu’Amos était manipulé. Mais avant de savoir tout ça, à la fin de l’acte 1, j’étais un peu perdue.
Le nom de Voldemort qui ressort très vite m’a également fait tiquer. Je sais qu’il y a un risque qu’il soit toujours vivant, ou une petite part de lui. Mais je ne voulais pas le voir ressurgir dans ce tome et plutôt avoir à faire à un autre mal. Bon, par la suite, les évènements tournent autrement que je les imaginais et c’est plutôt bien pensé. Là encore, les choses sont rattrapées.
Par contre, d’autres éléments me laissent encore maintenant un goût d’inachevé (au niveau de l’écriture je veux dire). Par exemple, d’où Delphi sort le polynectar ? Il n’est pas dit qu’elle en avait une réserve, pourtant elle le sort de suite et Albus et Scorpius n’ont pas l’air de s’étonner qu’elle en possédait (bon, Albus on comprend, il a l’air nul en cours, mais Scorpius devrait avoir détecté une erreur), alors que ça prend plusieurs mois à préparer, et encore, quand on tombe au bon moment des phases de la lune, si mon souvenir est bon.
Il y a également la recherche du retourneur de temps dans le bureau d’Hermione qui me chiffonne. Albus, Scorpius et Delphi résolvent trop facilement l’énigme de la bibliothèque d’Hermione, elle qui est une sorcière hors pair. Déjà dans les Harry Potter originaux, je dois avouer que parfois je trouvais ça un peu gros que Ron, Hermione et Harry s’en sortent toujours sans trop de difficultés même face à des sorts ultra complexes, mais là je pensais que ce serait un peu différent. D’autant que Delphi n’a pas l’air hyper vive (au départ, puisque la donne change ensuite), on sait qu’Albus est nul, et Scorpius, même si doué, on ne sait pas à quel point. Et la cachette d’Hermione pour le retourneur de temps est trop simple à mon goût. Et rien que pour arriver à cette bibliothèque, les choses se déroulent trop facilement. Les trois ados ne rencontrent aucune difficulté à s’infiltrer dans le ministère de la magie et dans le bureau de la ministre elle-même.
D’ailleurs, toujours sur le même passage, je n’ai pas aimé ce que fait Albus. Il est donc transformé en Ron et, pour faire diversion auprès d’Hermione, l’embrasse fougueusement. Sans hésiter une seule seconde. Et pas un petit bisou, mais quelque chose de langoureux. Sans que ça le rebute d’un pouce. C’est un enfant, elle une adulte, c’est ça tante, c’est trop étrange.
L’acte 1 m’a donc laissé un peu déboussolée et j’avais peur de me lancer dans la suite.
Heureusement, à l’acte 2, tout change Autant pour l’histoire que pour l’opinion que je m’en faisais. Cette histoire de retourneur de temps qui me chiffonnait, devient une idée géniale. Scorpius et Albus vont retourner deux fois 20 ans en arrière, ce qui aura de très lourdes conséquences. Voir ce qui a changé dans leur monde quand ils reviennent dans le présent est délectable.
On voit déjà le comportement d’Albus changer et on découvre plus en profondeur Scorpius. La seconde fois, quand Albus disparaît, parce qu’il n’existe tout simplement pas, et que Scorpius se retrouve seul dans le monde gouverné par Voldemort, ça prend aux tripes.
Le début de l’acte 3 est sombre et on est tenu en haleine quant à la façon dont Scorpius va se sortir de cette mauvaise passe, comment il va réussir à sortir de cet espace-temps où Voldemort règne. Le secours qu’il trouve auprès de Rogue est en même temps inattendu (là encore je ne retrouve pas le personnage que l’on connaissait, il fait trop facilement confiance à Scorpius) et tellement logique.
Par la suite, quand on retourne dans le temps présent, j’ai aimé les moments intimes entre père et fils, Harry et Albus. On sent que cela provoque quelque chose en eux et que le changement va commencer.
La fin de l’acte 3, avec la découverte de qui est Delphi, m’a un peu surprise. Bon, j’avais prévu cette éventualité, mais en même temps je me disais « mais non, c’est une énormité, c’est n’importe quoi, ça n’aurait pas été dans la nature de Voldemort d’aller forniquer ». Eh ben si, ils ont osé écrire ça. Bon, ben on fait avec alors. Au final, le personnage de Delphi est assez bien construit, même si je n’aime pas l’idée que Voldemort ait une fille.
Enfin, on finit avec l’acte 4. L’idée de voir Scorpius et Albus coincés dans un espace-temps sans avoir de solution pour en revenir est assez effrayante. Puis tout tombe à l’eau avec la solution de facilité : finalement il restait un retourneur de temps. Bon, il fallait bien les sauver, mais c’est un peu trop simple à mon goût.
Par contre, ce qui m’a plu dans cet acte, c’est de retrouver l’esprit de cohésion des anciens amis, qui intègrent également Drago et leurs enfants. Là on retrouve enfin leur caractère d’antan. En revanche, même si on sait à quel point Harry a un bon cœur et ne veut pas tuer, ne faire qu’enfermer Delphi et ne pas vouloir l’exécuter est pour moi incompréhensible. C’est en quelque sorte une répétition des erreurs du passé et prendre le risque qu’elle revienne plus tard.
D’ailleurs, s’agissant de Delphi, j’aurai préféré ne pas savoir qui était sa possible mère. Que le mystère demeure. Car Béatrix Lestrange, c’est, encore une fois, la solution de facilité.
La fin de la pièce finit pourtant sur une bonne note pour moi. J’aime la relation que l’on voit se construire entre Harry et Albus, qui nous laisse avec une imagination qui peut grandir. La dernière scène est assez mélancolique, mais digne du caractère d’Harry.
En bref, je suis évidemment heureuse d’avoir lu ce nouveau tome. Mais je suis aussi heureuse qu’il n’ait pas été écrit par J.K. Rowling et que ce soit une pièce de théâtre. Cela m’a permis de me détacher assez de la saga originale pour ne pas être trop déçue par tous les points négatifs que j’ai trouvés à cette œuvre. Comme ça, même si j’ai plusieurs fois eu le poil hérissé, j’ai tout de même apprécié de retrouver l’univers de Harry Potter.
En revanche, ça devait être impressionnant au théâtre si c’est bien réalisé, parce que les changements de décors sont très fréquents et certains effets (notamment avec des détraqueurs) devaient donner les chocottes.
Je me rends compte qu’en fait je n’ai pas forcément envie qu’on touche au Saint Graal que sont les personnages de Harry Potter. Je préfère pouvoir continuer à faire travailler mon imaginaire et leur donner un avenir par moi-même. En revanche, l’univers de la magie selon J.K. Rowling me plait tellement que le voir adapter au cinéma me rend complètement dingue. J’attends avec une impatience folle le film qui sortira dans quelques semaines à peine !
Bonne lecture les loulous !