Chronique « La religion, tome 1 »
Scénario de Legrand, d’après Tim Willcocks, dessin de Jacamon,
Public conseillé : Adultes et adolescents,
Style : Thriller médiéval,
Paru le 19 octobre chez Casterman, 16.50 euros,
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L’Histoire
Quelque part dans un recoin des Alpines, le jeune Mattias, fils de forgeron profite de l’absence de son père pour finir son premier ouvrage, une dague qu’il doit encore tremper une dernière fois. Interrompu par l’arrivée de cavaliers, Mattias assiste impuissant au viol et à la mort de sa mère. Tuant un des guerriers, il ne doit sa vie sauve qu’à l’arrivée du capitaine des gardes des Sari Bayrak, les plus vieux gardes du Sultan…
Malte 1565, de nombreuses années plus tard. Les chevaliers de l’ordre des Hospitaliers, surnommés “La religion”, sont acculés dans le château Saint-Ange. La grande armée d’invasion Turque, commandée par Soliman le magnifique, s’apprête à déferler sur un des derniers bastions de résistance face à l’Islam triomphant. La Valette, grand maître de l’Ordre, compte ses forces. Avec 600 chevaliers, 400 hommes de la milice et 1200 mercenaires, ils ne sont qu’une goutte d’eau, face à un océan. Devant l‘urgence de la situation, le frère Pierre lui conseille de faire venir Tannhauser, un mercenaire, marchand d’arme et ex-Janissaire auprès de Soliman pendant plus de 15 ans… Mais pour le déloger de sa taverne, l’oracle, il faudra bien des ruses…
Le principe
Peut-être connaissez-vous le roman de Tim Willcocks, “La religion” ? Ce best-seller mondial est le bébé de l’auteur de Bad City Blues, Les rois écarlates et Les douze enfants de Paris, qui mettent en scène son héros Mattias Tannhauser.
Cet album éponyme est le premier tome sur quatre, par Benjamin Legrand (Requiem blanc, L’or et l’esprit et 2 volumes du Transperceneige) de l’adaptation fidèle du roman, surveillé de prêt par son auteur originel.
Ce que j’en pense
Pas facile d’adapter un roman aux grands passages épiques, nombreux personnages aux destins croisés, conflits multiples et au niveau de langage riche et visuel. C’est pourtant bien le pari de Benjamin Legrand (à l’adaptation) et de Jacamon (au dessin) qui s’approprient ici le roman éponyme de Tim Willcocks.
Première constatation évidente. Les auteurs ont gardé la complexité narrative et de langage du matériel original. Indéniablement, Legrand nous offrent une version très “littéraire”. Le résultat est vraiment à la hauteur. Dense, complexe mais pas embrouillée, Legrand et Jacamon composent une adaptation brillante et qualitative.
Le récit se concentre sur Tannhauser, un enfant enlevé et éduqué par les turcs, qui s’en va guerroyer contre ses anciens maîtres. Personnage haut en couleur, icône du preux chevalier qui agit pour les beaux yeux d’une femme, les auteurs mettent en scène une grande histoire d’amour romantique. Manipulé et observé par un inquisiteur retors, Tannhauser est au centre de conflits religieux entre orient et occident…
Au dessin, Jacamon, qui a trouvé le succès avec la série “Le tueur” (Matz au scénario) change de registre. Son trait se fait plus réaliste, plus fin et précis pour les besoins du récit. Pas de doute, on retrouve la mise-en-scène à laquelle il nous avait habitué, parfaitement lisible et maîtrisée.
Même si on reconnait son style graphique sans aucun doute, la seule constante tient dans ses couleurs (des bleus nuits, des rouges et des ocres), très présents, qui imprègnent l’album pour de belles ambiances.