Ukraine à fragmentation | Frédérick Lavoie

Par Julielitaulit

Aujourd'hui, je vous propose une lecture difficile, mais nécessaire... et bien vulgarisée. Frédérick Lavoie est journaliste indépendant. Dans ce récit, il s'adresse à Artyom, une jeune victime de 4 ans, 4 mois et 14 jours, qui a été atteint par une roquette Grad.

Le brouillon de ce texte a été commencé en avril 2016. J'ai lu et relu ce récit quelques fois, en espérant trouver les mots pour lui rendre honneur. Comme vous pourrez le constater en poursuivant votre lecture, les mots de Frédérick rendent honneur au récit, beaucoup plus que je pourrais le faire!

Je suis sensible à ce qui se passe sur la planète (on va faire abstraction de ma passion pour l'espace pour le moment). J'essaie de m'informer du mieux que je peux, avec les connaissances que j'ai. En grande sensible que je suis, je suis parfois à l'envers par ce qui se passe. Je me sens impuissante. Et surtout, je ne comprends pas la guerre. Je ne comprends pas comment il est possible de faire du mal aux autres. Puis je me dis que ce sont des problèmes de communication et des nuances de gris. J'essaie de comprendre l'incompréhensible.

" Personne n'a cherché à bâtir de pont. Ce sont moins les divergences en soi qui ont provoqué la crise que le manque de communication. Les vainqueurs ont été arrogants. Un simple dialogue, ou même un monologue de leur part, aurait montré que les positions des majorités d'un côté et de l'autre n'étaient pas si éloignées que certains - les propagandistes russes en premier lieu - voulaient le laisser croire. " (p. 222)

Dans ce récit, l'auteur ne prend pas position. Il vulgarise les erreurs de toutes les parties. À mon avis, il représente exactement ce que je m'attends d'un journaliste : il est neutre, sans être insensible.

" Car aucun parce que, aucun argument historique, politique ou militaire, aucun sentiment vertueux de supériorité morale de la part des protagonistes de cette guerre, de toute guerre, ne peut justifier, ne serait-ce que partiellement, l'usurpation de ton droit à la vie. Tu étais innocent et tu l'es toujours. Ils étaient tous coupables et ils le sont encore. " (pp. 15-16)

Il manifeste son dégoût pour les journalistes vautours, qui sont à la recherche de croustillant. La mort d'un enfant de 4 ans ne peut être une nouvelle réjouissante pour lui, même si ça peut faire de bons reportages. Il ne cherche pas le sensationnalisme. Il a pris une photo qui a été largement partagée. Malheureusement, certains l'ont instrumentalisée afin que ça corresponde à leur vision du conflit en Ukraine.

" Ils auront beau dire ce qu'ils voudront, retourner ton cadavre dans tous les sens, la guerre ne sera jamais belle sur le visage de personne. Leur héroïsme n'est pas surhumain, il est antihumain. Chacune de leur victoire est une défaite de plus pour notre espèce. " (p. 191)

J'ai été surprise d'apprendre que Frédérick Lavoie ne se considère pas comme un journaliste de guerre. Au contraire, il souhaite se tenir loin de la haine. Il ne veut pas mettre sa vie en danger. Je vous invite à écouter une entrevue qu'il a effectué à l'émission C'est fou... pour en savoir plus sur sa vision du journalisme international.

Coup de cœur pour la carte au début du livre pour nous permettre de bien situer les régions dont il est question.

Ce livre est disponible en version audio sur Première PLUS, lu par Frédérick Lavoie lui-même.

Ukraine à fragmentation
Frédérick Lavoie
Éditions La Peuplade
ISBN-13 :978-2-92451-906-6

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