Résumé:
En 2015, Fergal Keane, journaliste à la BBC, repère dans la foule des migrants une adolescente en fauteuil roulant. Emu et admiratif devant tant de cran, il recueille son témoignage. Aussitôt, les medias et les réseaux sociaux s’enflamment… Avec la collaboration de Christian Lamb, Nujeen raconte comment elle a trouvé le courage de s’engager dans ce dangereux périple de 6 000 kilomètres, depuis la Syrie jusqu’à l’Allemagne en passant par la Grèce et la Hongrie… Un récit porté par l’incroyable détermination de Nujeen et le principe auquel elle n’a pas dérogé : ne jamais être une victime.Mon avis:Au vue de l'exode considérable des réfugiés que connaît le monde ces dernières années, je pense qu'il est important de s'informer sur ce qui se passe au Moyen-Orient, et par conséquent du sort de ses habitants, qui n'ont pas d'autres choix que de fuir la guerre qui fait rage dans leurs pays.Tel est le cas de Nujeen, une jeune kurde de 16 ans qui malgré son handicap a réussi au prix de nombreux efforts à quitter sa terre natale la Syrie pour l'Union Européenne. Comment ne pas s'attacher à cette jeune fille extrêmement intelligente et instruite, qui rêve de devenir astronaute, qui ne cesse de s'interroger sur le monde et sur ce qui l'entoure? Elle qui a appris l'anglais uniquement en regardant une série américaine Des jours et des vies chez elle à Alep, qui a assimilé énormément de connaissances que se soit en Histoire, en Sciences, en Economie, en regardant des documentaires, et qui aime s'évader pour échapper à l'enfer des bombes en lisant des livres comme Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. Son quotidien se résume à rester confiner dans le petit appartement qu'elle occupe avec sa famille en plein cœur d'une ville syrienne bombardée à longueur de journée, à subir le bruit incessant des avions, des kalachnikovs, des bombes, les pannes d'électricité, les coupures d'eau, le manque de vivres, et la vision des dépouilles, de voisins, d'amis, d'oncles et de tantes. Comment vivre avec la peur constante de voir son immeuble pulvérisé d'un l'instant à l'autre comme tous ceux aux alentours? Jusqu'au jour de ce 22 août 2015 où sa sœur et elle décident à contrecœur de quitter leur famille et de fuir, afin de tenter de rallier l'Allemagne pour un avenir meilleur, pour pouvoir vivre libre et aller à l'école. C'est un périple long, difficile et dangereux, dans des conditions parfois inhumaines que vont entamer les deux jeunes syriennes. Parmi ces dangers, ceux que l'on voit tous les jours à la télévision, la traversée en mer dans des canots gonflables surchargés, parfois même dans certains cas dans des camions de marchandises fermés à clé ou dans des wagons, dans lesquels beaucoup malheureusement privés d'air, d'eau et de nourriture ne survivent pas. J'ai été scandalisée de voir que l'on traitait presque ces personnes comme des animaux, à l'image du transport des juifs par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. C'est tout simplement impensable que de tels actes se produisent encore aujourd'hui et qu'on laisse faire, que l'on ferme les yeux. J'ai été sidérée de constater parfois la malhonnêteté des gens que rencontrent pendant leur voyage Nujeen et sa soeur, les passeurs qui les escroquent, qui profitent de leur détresse pour leur soutirer de l’argent ou leur voler tout ce qui leur reste, contre une place dans un bateau, dans un train ou dans un taxi, contre des papiers d'identités, ou des visas. Certaines réactions de journalistes, d’hommes politiques, de citoyens se disant civilisés, qui ne veulent pas d'eux et qui souvent font l'amalgame avec les terroristes de Daesh m'ont choqué. Comme le dit Nujeen, elle et sa sœur ont eu beaucoup de chance et s'en sont sorties, mais c'est sans conteste ensuite les difficultés à s’acclimater dans un pays étranger, apprendre une autre langue, découvrir une autre culture, sans pour autant abandonner ses racines et oublier tous ceux qui sont restés. "Certains appellent cette traversée <<rihlat al moot >> : la route de la mort. Elle allait soit nous mener en Europe, soit nous engloutir. Pour la première fois j'avais peur."C'est un témoignage qui nous prend aux tripes, brutal, fort, sans langue de bois, ahurissant, presque incroyable, qui nous fait réfléchir sur beaucoup de choses, sur la chance que l'on a finalement de vivre dans un pays libre, sur le sort de toutes ces personnes qui n'ont finalement rien demandé et qui souhaitent tout simplement vivre en paix. Nujeen ne cherche pas à ce qu'on la prenne en pitié comme elle le dit si bien elle même, elle raconte simplement son histoire en toute sincérité, et pourquoi pas faire prendre conscience, faire ouvrir les yeux à ceux qui le liront. J'ai énormément aimé ce récit, on apprend énormément, que se soit sur l'Histoire de la Syrie, sur les conflits qui ont entraîné cette guerre entre L'état islamiste et les forces kurdes, sur la naissance de Daesh et des terroristes, sur des faits marquants de l'Histoires, sur des statistiques économiques, des anecdotes sur plein de sujets différents, grâce à la culture intarissable de Nujeen. Elle m'a ému par son courage, sa largesse d’esprit, sa générosité, son humour et son cynisme parfois, elle qui n'hésite pas à montrer du doigt avec une grande maturité les absurdités de notre monde.
" Mon adage préféré est << Riez tant que vous respirez et aimez tant que vous vivez >> et je ne comprends pas qu'on puisse s'apitoyer sur son sort alors que le vaste monde est si beau. "
"Souvent, on se fait refouler ou facturer plus cher parce qu'on n'a pas de papiers. Comme s'ils pensaient qu'on était sales, ou criminels- alors qu'on est comme tout le monde, sauf qu'on a perdu notre maison."
Pour conclure:Un témoignage saisissant sur la plus grande crise du XXI siècle qui est la crise migratoire, raconté par une jeune syrienne pleine de courage, de détermination, mais aussi de rêves et d'espoir, L'espoir de trouver une vie meilleure, de vivre en paix. A lire absolument.
Ma note: 20 /20. Un coup de coeur!
Je remercie donc beaucoup Babelio et les Editions Harper Collins pour ce partenariat.