Jules B n’est pas dans une bonne passe. Sa femme l’a quitté pour un baron et depuis l’arrivée des allemands la pénurie de cuir l’empêche d’exercer son métier de cordonnier. Viré du troquet après avoir trop levé le coude, il assiste en rentrant chez lui à un dramatique accident de voiture. Jules sort trois enfants de l’habitacle en feu et constate qu’il n’y a plus rien à faire pour les deux parents. Un voisin le met en garde, les gamins ont l’air juifs, ils vont lui attirer des ennuis. Mais incapable de les abandonner, Jules les ramène chez lui…
Jules est ce que l’on appelle un Juste parmi les nations. Le thème a déjà été abordé dans L’enfant cachée ou Max et les poissons mais dans ces deux ouvrages la situation était vécue à hauteur d’enfant. Ici le point de vue est celui d’un adulte, un « sauveur malgré lui » qui agit plus par instinct que par réflexion. Un sauveur qui constate la lâcheté de ses congénères, un sauveur loin d’être lui-même un héros. Jules ne s’était jamais posé de questions sur le sens de la guerre, sur l’occupation, sur le traitement réservé aux juifs. Comme tant d’autres il regardait les choses par le petit bout de la lorgnette, s’inquiétant uniquement de sa propre situation.
J’ai aimé ce parti pris, le fait que Jules soit un homme (enfin, un cochon !) comme les autres, plein de défauts et de faiblesses, simplement plus humain (!), plus empathique, plus outré par une situation que sa conscience le pousse à considérer comme inacceptable. La représentation animalière offre une distance qui renforce la portée du message (comme dans Maus) et évite de tomber dans un réalisme pouvant être traumatisant pour certains jeunes lecteurs.
Un album important, surtout par les temps qui courent. Accueillir et prendre en charge ceux qui n’ont plus rien, être prêt à sacrifier sa propre liberté pour qu’ils conservent la leur, aller à contre courant des peurs et des préjugés ambiants, faire don de soi pour autrui, voila des valeurs de plus en plus rares aujourd’hui qu'il ne sera jamais inutile de rappeler, non ?
Jules B : l’histoire d’un Juste d’Armelle Modéré. Des ronds dans l’eau, 2016. 68 pages. 17,00 euros.
Les avis de Livresse des mots et Noukette
Jules est ce que l’on appelle un Juste parmi les nations. Le thème a déjà été abordé dans L’enfant cachée ou Max et les poissons mais dans ces deux ouvrages la situation était vécue à hauteur d’enfant. Ici le point de vue est celui d’un adulte, un « sauveur malgré lui » qui agit plus par instinct que par réflexion. Un sauveur qui constate la lâcheté de ses congénères, un sauveur loin d’être lui-même un héros. Jules ne s’était jamais posé de questions sur le sens de la guerre, sur l’occupation, sur le traitement réservé aux juifs. Comme tant d’autres il regardait les choses par le petit bout de la lorgnette, s’inquiétant uniquement de sa propre situation.
J’ai aimé ce parti pris, le fait que Jules soit un homme (enfin, un cochon !) comme les autres, plein de défauts et de faiblesses, simplement plus humain (!), plus empathique, plus outré par une situation que sa conscience le pousse à considérer comme inacceptable. La représentation animalière offre une distance qui renforce la portée du message (comme dans Maus) et évite de tomber dans un réalisme pouvant être traumatisant pour certains jeunes lecteurs.
Un album important, surtout par les temps qui courent. Accueillir et prendre en charge ceux qui n’ont plus rien, être prêt à sacrifier sa propre liberté pour qu’ils conservent la leur, aller à contre courant des peurs et des préjugés ambiants, faire don de soi pour autrui, voila des valeurs de plus en plus rares aujourd’hui qu'il ne sera jamais inutile de rappeler, non ?
Jules B : l’histoire d’un Juste d’Armelle Modéré. Des ronds dans l’eau, 2016. 68 pages. 17,00 euros.
Les avis de Livresse des mots et Noukette