Editeur : SeuilNombre de pages : 480Résumé : Lorsque Tara découvre que sa mère est toujours vivante et prisonnière de Magister, le Maître des Sangraves, elle part sur AutreMonde. En compagnie de Manitou, son arrière-grand-père transformé en labrador par un sort raté, elle y rencontrera le fantasque Maître Chem, le malicieux Palais Vivant, et s'y fera toute une pléiade d'amis parfois inattendus. Mais son trop puissant pouvoir fait bien des envieux et, bientôt Tara, devient le centre de complots qu'elle devra absolument déjouer afin de retrouver l'endroit secret où Magister a emprisonné sa mère.
- Un petit extrait -
« - Le mage a raison quand il dit que quelque chose nous échappe. Je ne comprends pas moi non plus.- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? interrogea Moineau.Tara les regarda tous les trois gravement et déclara :- Celui qui essayait de m'enlever a changé d'avis. Maintenant il veut me tuer. »
- Mon avis sur le livre –
J’ai du mal à réaliser que cela fait déjà huit ans que j’ai découvert l’extravagant univers de Tara Duncan … le temps passe décidemment bien trop vite ! J’étais alors en cinquième et je me souviens avoir avalé les sept premiers volumes alors publiés en un peu moins de deux semaines. Je lisais même pendant les cours ! Les années ont passées, mais mon amour pour cette merveilleuse saga ne s’est pas émoussé : je reste Taraddicte dans l’âme et, chaque année, je trépigne d’impatience lorsque la sortie du nouveau tome approche. C’est sans aucun doute la saga que je relis le plus régulièrement, avec chaque fois le même enthousiasme et le même frisson de joie : avec Tara entre les mains, pas besoin d’antidépresseurs ! Quand le moral est au plus bas, je sais que l’humour et l’excentricité qui peuplent cette saga parviendront toujours à me donner un petit coup de peps ! Rien que pour cela, merci à toi Sophie.
Tara a douze ans lorsque son monde éclate en morceaux : en quelques heures à peine, elle apprend qu’elle est une sortcelière, que sa mère n’est pas morte mais enlevée par un mage masqué aux ambitions mégalomanes, que la Terre n’est pas la seule planète habitée dans l’univers et que les dragons, Vampyrs et autres monstres aux grandes dents n’existent pas que dans les contes pour enfants. Fraichement débarquée sur AutreMonde, cette planète aussi fantasque que dangereuse, l’adolescente va rapidement se faire une pléiade d’amis … mais aussi une ribambelle d’ennemis. Entre les limbes démoniaques et la forteresse du terrifiant Magister, Tara va devoir faire appel à tout son courage pour se sortir de situations potentiellement mortelles. Heureusement, son arrière-grand père Manitou, transformé en labrador par un sort d’immortalité raté, le dragon Chemnashaovirodaintrachivu et ses nouveaux amis sont toujours là pour la soutenir. Entre amitiés et complots, magie et action, sa nouvelle existence n’est pas de tout repos !
Comment résister à cet univers fantasque et grandiose qu’est AutreMonde, comment lutter contre cet émerveillement teinté d’excitation face à la découverte de cette planète si extravagante et si intrigante ? Personnellement, cela me semble impossible : à chaque relecture, c’est la même histoire. Je pousse des petits cris de ravissement lorsque Tara découvre le Château Vivant et ses illusions malicieuses, je retiens ma respiration d’effroi lorsqu’elle se retrouve face aux venimeuses Harpies, j’éclate de rire lorsque Caliban dédramatise la situation à coup de blagues stupides … Sophie a réussi à créer un monde d’une richesse incroyable, un univers aussi fabuleux que dangereux, ou l’émerveillement côtoie l’inquiétude : cette magnifique petite bestiole rose est-elle aussi adorable qu’elle ne le laisse penser ou risque-t-elle de me manger tout cru avant que j’ai le temps de dire « ouf » ? Je suis tombée amoureuse d’AutreMonde, pour son originalité, sa richesse et sa complexité, pour sa capacité à me faire rêver et voyager.
Et au cœur de cet univers évoluent des personnages tout aussi intéressants. Certains sont tout simplement attachants, je pense bien évidemment à Tara et à son petit groupe d’amis (avec Caliban sur le haut du podium, bien sûr), que leurs différences rendent complémentaires : sans ses compagnons, Tara ne ferait rien. D’autres sont plutôt inquiétants, en particulier Maitre Dragosh et Magister, ainsi que Salatar la Chimère qui m’effraye à chaque fois, allez savoir pourquoi. Mais nous avons aussi des personnages plus nuancés, plus profonds, comme Deria ou Isabella, qu’on apprécie autant qu’on déteste. Et il y a les têtes à claques, comme cette petite peste d’Angelica qui, malgré tout, parvient à me faire rire. Certains considèrent qu’il y a trop de personnages, qu’ils ne sont pas assez travaillés, mais personnellement je trouve qu’ils sont tous indispensables et qu’ils sont suffisamment réfléchis pour attirer ma sympathie ou mon antipathie.
Quant à l’histoire, elle est à l’image de l’univers et des personnages : tantôt légère et amusante, tantôt plus sombre et angoissante. D’un côté, nous avons la découverte de ce nouveau monde, plein de surprises et de beauté, ainsi que la naissance d’une amitié fondée sur la confiance et la loyauté. Et de l’autre, nous avons des complots et des dangers, des malédictions démoniaques et des trahisons cruelles, ainsi que des révélations qui promettent beaucoup de complications. Alors bien évidemment, ce premier tome étant à destination des 11-12 ans, nous sommes en présence d’un schéma « les gentils contre les méchants » (même si les méchants ne sont pas encore parfaitement identifiés), mais à mes yeux, cela n’a rien de rébarbatif : si on ne désire pas se retrouver avec ce genre d’antagonisme « simpliste », on ne lit pas de littérature jeunesse, tout simplement ! Ce livre est une véritable bouffée d’air frais, même quand on entre dans l’âge adulte, et peut être particulièrement captivant et addictif si on accepte d’être confrontée à une intrigue prévue pour être lue par des plus jeunes. Même remarque pour la narration : l’humour que Sophie distille un peu partout dans ce roman peut parfois apparaitre comme enfantin, mais c’est normal. Et, personnellement, il me fait toujours autant rire, surement parce que j’y suis réceptive. Donc voilà, tout cela pour dire que vous pouvez passer un excellent moment de lecture en compagnie de Tara et ses amis, si vous prenez en compte que cette série reste de la littérature jeunesse, avec tout ce que cela implique.
A vrai dire, je ne vois pas trop quoi ajouter de plus, puisque je pourrais résumer tout ceci en un seul petit mot : sensationnel ! Ce premier tome plonge le lecteur dans un univers grandiose et fabuleux, qui fera briller d’émerveillement les yeux des enfants comme des plus grands. Avec Les sortceliers, l’auteur pose les bases d’une histoire pleine de rebondissements et de péripéties, où l’action côtoie allégrement la magie et où l’amitié est la solution à tous les problèmes. Une narration pleine d’humour et de bonne humeur qui remonte le moral plus efficacement qu’une séance chez le psychologue et des personnages haut en couleur, mélangez et vous aurez un premier volume captivant et rafraichissant. Je termine cette chronique avec un petit message à Sophie, une auteure adorable et toujours prête à discuter avec ses lecteurs : merci pour cette saga, pour ta bonne humeur, pour ton imagination débordante, pour la communauté que tu as constituée autour de ton œuvre. Merci pour tout. J’attends avec impatience le jour où tu repasseras en Alsace, et promis, cette fois-ci, je n’arriverais pas cinq minutes avant ton départ comme ce fut le cas il y a quelques années lors de ton passage à Strasbourg !