Chronique « Otto, l’homme réécrit »
Scénario et dessin de Marc-Antoine Mathieu,
Public conseillé : Adultes / adolescents,
Style : OVNI graphique,
Paru le 19 octobre chez Delcourt, 72 pages couleurs, 19.50 euros,
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L’Histoire
Dans le musée de Bilbao, Otto Spiegel, artiste performeur reconnu, est en tournée mondiale. Depuis 20 ans, il s’affiche dans des tableaux vivants, où il se met en scène, lui et son image… Ce jour-là, en brisant le miroir, Otto ressent un vertige immense…
Dans les jours qui suivent, Otto apprend la mort de ses parents. Leur testament se limite à une vieille maison délabrée et à une malle. La maison est vide, mais la malle au grenier contient des notes, des cahiers, des dessins, l’intégralité de septs premières années de sa vie que ces parents ont parents ont enregistrés et classifiées intégralement…
Ce que j’en pense
Comment ? Vous ne connaissez pas Marc-Antoine Mathieu et ses BD-concepts ? Vous avez dormis depuis 20 ans et ratés nos chroniques, ma parole !
Avec une régularité de pendule suisse, M.A.M. (pour les intimes) nous livre sa création annuelle. Après avoir exploré de nombreux sujets-concepts, comme Dieu, le temps, la narration, les 3 dimensions et j’en passe… il prend pour cible, dans sa nouvelle réflexion-philosophico-graphique, la notion d’identité.
A travers son personnage (OTTO), il raconte la fable parfaite de la recherche de soi. Imaginez qu’un artiste reconnu replonge à travers les enregistrements dans les septs premières années de sa vie enregistrées en vidéo et en documents par ses parents. Cette observation systématique, scientifique, purement factuelle, est une véritable mise en abyme de l’identité humaine.
Bien entendu, le choc est immense, car il découvre ainsi sa propre enfance, comme on observe un rat de laboratoire… Interrogations sur ce qui fait son être, hasard, déterminisme, Otto se pose mille et une questions et se noie dans cet être-mirroir…
Au dessin, Marc Antoine Mathieu est fidèle à lui-même. Son dessin en noir et blanc est toujours aussi sobre, pour ne pas dire minimaliste. Composé en strip de 2 grandes cases carrées, le dessin est d’une facture réaliste, presque clinique…
Une particularité de cet album : aucun phylactères (bulles) ne vient perturber l’espace graphique. Les textes sont des voix off, longs et châtiés, positionnés en-dessous.
Pour résumer, Vous voulez découvrir ce que la BD peut faire naître comme réflexion ? A la frontière entre expérience de lecture, philosophie et bande dessinée, MAM creuse son petit bonhomme de chemin. Solitaire, mais suivi par ses fans, voici sa nouvelle création à déguster comme un bon cru.