Hart, le héros du roman recherché par la police pour le meurtre, erre dans les rues de Philadelphie en plein hiver, sans un sou et peu vêtu. Pris par hasard dans un règlement de comptes et pour échapper à une mort certaine, il tente de se faire passer pour un truand – qu’il n’est pas - afin d’être accepté par la bande et échapper aux flics par la même occasion.
Si l’on excepte deux courtes séquences, l’une en introduction et l’autre vers la fin du roman, il s’agit d’un huis-clos pour un polar qui s’apparente au roman psychologique. Sept personnages, planqués dans une maison en attendant de préparer un cambriolage. Il y a Hart, au début prisonnier de cette bande de gangsters ; Charley en est le chef, un type à qui on le la fait pas, ses acolytes, Paul un jeune gars blessé à mort, Mattone la brute qui ne peut pas piffrer Hart, Rizzio l’homme à tout faire, et deux femmes, Frieda la poule à Charley et Myrna la sœur de Paul.
David Goodis s’intéresse aux relations entre les uns et les autres qui vont évoluer au cours du récit. Charley va-t-il faire confiance à Hart ? Comment va réagir Mattone ? Mais bien sûr, le plus subtil est à venir avec les deux femmes : Frieda va en pincer grave pour Hart et Myrna en vouloir à Hart car il sera responsable de la mort de Paul… Sauf que Hart ne veut pas d’embrouilles avec Charley et n’a aucun sentiment pour Frieda, laquelle connait partiellement le secret lié au meurtre commis par Hart ce qui pourrait lui valoir l’inimitié de Charley ; et de son côté Myrna balance, « elle ne veut pas m’assassiner. Et, en même temps, elle le veut. » Complications à tous les étages pour Hart – qui n’est pas un méchant homme comme on le découvrira – et va devoir la jouer fine pour se sortir (s’il s’en sort ?) du pétrin dans lequel il s’est fourré. Et comme nous sommes dans un polar, des cadavres viendront prendre place dans le décor.
L’écriture est assez moderne et ne nécessite pas d’efforts pour la replacer dans son contexte historique. On s’amusera en remarquant l’utilisation fréquente de pyjamas (surtout dans un polar !) à moins qu’on ne ricane devant ce que j’imagine être de l’humour aux dépens de la brute Mattone, « Ses yeux s’emplirent de larmes. – C’est toujours moi qui prends, gémit-il. Pourquoi toujours moi ? »
Un très bon roman, un classique du polar.